PROTECTION DES OCÉANS : Un enjeu mondial joué sous la surface
COMPÉTITIVITÉ DU SECTEUR AGRICOLE:« Pour aller sur un marché compétitif, il faut se mettre en groupe » dixit Marius AÏNA
Le gouvernement béninois investit énormément de ressources pour l’émergence de l’agriculture mais beaucoup de difficultés pèsent encore sur le développement du secteur. Certaines sont liées à la non compétitivité des produits agricoles sur les marchés. Marius AÏNA nous a entretenu à ce sujet dans cet entretien. Il partage avec nous les problèmes, les solutions et les perspectives pour relever le défi.
Quels sont les indicateurs qui prouvent aujourd’hui que l’Etat investit plus dans le secteur agricole
Depuis cinq ans, nous avons constaté qu’il y a eu un investissement de croissance de l’économie nationale dans le secteur agricole. Une croissance économique évaluée à plus de 2, 5{e43727ebdf1c82cdaf05db1b2e953f1c6b388407dfc0230603c9b856384b4112}. Quand au PIB du secteur agricole, il s’est accru au-delà de 6{e43727ebdf1c82cdaf05db1b2e953f1c6b388407dfc0230603c9b856384b4112}, ce qui est souhaité par les chefs d’État de l’Union Africaine lors du sommet de Maputo. Au début des années 2016, le fonctionnement du ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche avoisinait les 26{e43727ebdf1c82cdaf05db1b2e953f1c6b388407dfc0230603c9b856384b4112} mais en 2021, la tendance s’est inversée, près de 70{e43727ebdf1c82cdaf05db1b2e953f1c6b388407dfc0230603c9b856384b4112} du budget affecté au MAEP est allé vers les investissements. Il faut dire qu’à travers le deuxième plan d’action du gouvernement (PAG) 2021-2026, plus de 1016 milliards sont prévus pour le MAEP pour le développement du secteur agricole. De 141 millions en 2016, nous sommes passés à plus de 350 milliards de franc CFA en terme de prévisions, et en terme de dépenses, environ 189 milliards.
Qu’est ce qui entravent alors l’émergence de ce secteur malgré ces investissements ?
Le secteur agricole bien que contributif de la création de la richesse reçoit moins de crédits alloués par les institutions de financement telles que les banques et autres. Il a été démontré par les données de la BCEAO que le secteur agricole ne reçoit que 2,9{e43727ebdf1c82cdaf05db1b2e953f1c6b388407dfc0230603c9b856384b4112} de l’ensemble des crédits qui sont alloués aux acteurs privés. Alors que le secteur contribue énormément à la richesse du pays. C’est un paradoxe qu’il faut corriger. Heureusement que le gouvernement veille au grain en apportant assez de ressources au secteur agricole. Il y a un certain nombre de problèmes liés à la compétitivité des produits du secteur agricole. La compétitivité est comme un environnement concurrentiel où il faut forcément se maintenir par rapport aux produits qui doivent être de qualité, à un prix meilleur par rapport à ceux des concurrents. Aujourd’hui, on ne peut pas aller sur le marché de compétitivité sans les questions de digitalisation, d’accès aux informations sur le marché, sur le prix et sur d’autres opportunités qui peuvent s’offrir à vous. Notre secteur agricole n’est pas encore compétitif.
Quelles en sont donc les principales causes ?
Nous avons des offres atomisées, des offres qui ne permettent pas aux acteurs de se mettre en groupement pour aller vers le marché compétitif. Au Benin presque tous les produits qui sont mis sur le marché ne sont pas homogènes. Nous appelons l’Etat au travers d’un certain nombre de solutions comme améliorer le niveau de productivité car au moment où certains pays produisent entre cinq à huit tonnes à l’hectare, le Bénin tourne autour de deux à trois tonnes. On ne peut pas aller sur un marché avec ce niveau de productivité.
Que faut-il alors faire pour rendre le secteur plus compétitif ?
Il faudra accompagner les acteurs agricoles en mettant à leurs dispositions des intrants de qualité, des intrants à des coûts accessibles aussi, des technologies innovantes, performantes pour leur permettre de sortir des produits de qualité. Mieux, pour que le Benin soit compétitif et accéder à des marchés au niveau de la sous-région et à l’international, il faut une politique fiscale incitative pour permettre à nos acteurs d’être également au même rendez-vous que les autres pays. Vous ne pouvez pas être compétitif si du point de vue logistique et transport, énergie, télécommunication, tout coûte cher. Pour aller sur un marché compétitif, il faut se mettre en groupe. L’avantage c’est que le client sera obligé d’acheter parce que vous proposez mieux, de qualité.
Quel rôle doit jouer l’Etat dans ce cas ?
L’État va continuer à accompagner les actions relevant de ces domaines de compétence. La question de commercialisation, de production, de transformation, c’est du ressort exclusif des acteurs privés. L’État est là pour réguler en cas de déséquilibre, mais ce sont eux d’abord qui vont s’occuper de ces dimensions et l’État viendra après pour faciliter l’accès à un certain nombre de facteurs de production s’ils en ont besoin.
Marius AÏNA, Merci.
Propos recueillis et transcris par Ruth EDOH