PROTECTION DES OCÉANS : Un enjeu mondial joué sous la surface
ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES AGRICOLES AU BÉNIN:Des réformes assainissent peu à peu le mode de gouvernance
Dans le monde paysan, des hommes et des femmes portent la voix et défendent les intérêts de leurs pairs producteurs auprès d’autorités publiques, et autres, acteurs de développement. Ils se regroupent au sein des instances faîtières et ont un cahier de charge bien défini. Depuis peu, des efforts sont fournis par l’Etat pour faire respecter à ces leaders d’organisations paysannes les principes de bonne gouvernance. À ce jour, peut-on dire que les résultats obtenus sont à la hauteur des attentes ?
Cédric Joawo BAKPE
Une OPA, c’est un groupe structuré de personnes physiques ou morales qui exerce le métier agricole et constitue une institution dont le rôle est de défendre les intérêts de leur membre auprès des pouvoirs publics d’une part et de fournir des services à leur membre ou de réaliser des activités économiques qui permettent à ses membres de se développer. Dans ce sens, « on peut constater qu’une OPA peut être soit une coopérative, une association régie par la loi 1901, ou un groupement d’intérêt public », affirme Abdel Rachid Nouhoun, Directeur de la législation rurale de l’appui aux organisations professionnelles et à l’entrepreneuriat agricole (DLROPEA) au ministère de l’Agriculture de l’élevage et de la pêche (MAEP). Il informe que ces coopératives s’immatriculent au niveau du ministère de l’Agriculture de l’élevage et de la pêche, tandis que les associations 1901 s’enregistrent au niveau du ministère de l’Intérieur et les groupements d’intérêt économique au niveau du ministère du commerce. « Avec cette disparité, nous avons au niveau du MAEP, 7.572 coopératives qui sont dénombrées. Quand on va vers les associations du ministère de l’Intérieur, nous en avons environ 34 qui sont enregistrées au niveau national », précise le DLROPEA.
Un grand nombre d’insuffisances qui entravent la gouvernance des OPA
« Aujourd’hui, la gouvernance des OPA n’est pas au beau fixe », constate Bernardin Gléhouénou, conseiller technique aux OPA du MAEP. Pour ce fin observateur de la vie au sein des OPA, « le problème, c’est le respect des cahiers de charges pour chaque instance de gouvernance ». Il n’est pas le seul à exposer les insuffisances des OPA. Au-delà, du fait que ces OPA n’arrivent pas à rendre des services adéquats à leur membre, Abdel Rachid Nouhoun souligne qu’une grande partie des membres des organisations a une faible maîtrise des tests fondamentaux de ces organisations, la raison explique-t-il, « la grande partie des membres sont parfois illettrés pour comprendre le contenu ». Évidemment, cela entraîne aussi la non-maîtrise des documents de programmation qui sont pourtant disponibles, et aussi, la non-maîtrise de la loi sur le partenariat public-privé dont les dispositions permettent aux organisations professionnelles agricoles de discuter avec l’État et les partenaires. Le Directeur de la législation rurale de l’appui aux organisations professionnelles et à l’entrepreneuriat agricole va plus loin en estimant qu’aujourd’hui, « le contenu du cadrage national établi par le gouvernement doit être maîtrisé pour permettre aux organisations de prendre part à la mise en œuvre du plan de stratégie de développement agricole. » Peut-on dire cependant dire que des efforts ne sont pas fournis ?
De petits pas vers une amélioration de la gouvernance des OPA
Il y a quelques mois, on pouvait encore compter deux faîtières qui défendaient les intérêts des producteurs de soja : l’Association Bénin Soja et l’Union nationale des producteurs de soja du Bénin (UNPS-Bénin). Alors que l’Etat aurait voulu que ces organisations soient à la base le socle pour la promotion des filières. Dans ce sens, il faut qu’on puisse avoir par maillon (de production, de transformation, de commercialisation) un représentant par filière. Aujourd’hui, c’est fini. Les producteurs de la filière soja parlent d’une seule et même voix à travers l’Union nationale des coopératives de producteurs de soja qui a vu le jour à l’issue d’une assemblée générale élective tenue en novembre 2022. Tout ceci a été possible grâce aux réformes engagées par le pouvoir public à travers des arrêtés pris par le ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche. « Il s’agit de l’arrêté 136 qui porte sur la mise en place d’un registre des OPA. Cet arrêté permet à ce que les OPA, quel que soit le lieu d’enregistrement auquel il s’adresse, puissent revenir s’insérer dans ce registre. Il y a l’arrêté 137 qui traite des critères de représentativité des organisations professionnelles agricoles, mais deux qui sont prépondérants. Le critère de la capacité de production, de transformation et de commercialisation de cette organisation », a clarifié Abdel Rachid Nouhoun, le DLROPEA. Il précise tout de même qu’il faut que cette organisation représentative produise plus de la moitié des produits mis sur le marché. « Le critère d’effectif qui se veut représentatif des maillons de production peut totaliser au moins la moitié des membres qui sont dans le maillon de la production », dit-il. De tels efforts ont permis d’asseoir une structuration, c’est-à-dire que nous avons pu avoir qu’il existe des organisations au niveau de base, du département et au niveau national qui disposent des organes de gestion notamment les conseils d’administration ou comités de surveillance qui se renouvellent à échéance. « Aussi, ces organisations sont arrivées à se doter des documents de programmation. Ces documents constituent des avancées en matière de gestion dans la gouvernance des OPA. On note de plus en plus une augmentation de sociétariat, c’est-à-dire que dans nos organisations professionnelles les effectifs sont croissants et les gens souscrivent réellement pour le suivi de ces organisations », renseigne le DLROPEA.
L’on peut oser dire qu’en matière de gouvernance, il y a des avancées même s’il reste des défis à relever. En effet, le cadre qui régit les organisations professionnelles agricoles doit être réglementé. « Aujourd’hui, nous avons des textes réglementaires, mais on n’a pas encore un cadre législatif en termes de loi total », laisse entendre M. Nouhoun. Pour lui, il faut travailler aussi à ce que les capacités organisationnelles des OPA soient renforcées, surtout sur le plan administratif où, aujourd’hui, « il y a un problème crucial de ressources financières, de ressources techniques et humaines qui se pose et qui ne permet pas de faire vivre ces organisations.
De toute façon, l’engagement politique des autorités au niveau national est affiché de sorte que les filières soient réellement portées par les acteurs privés notamment les OPA. Cet engagement est accompagné par les partenaires techniques et financiers qui se positionnent pour accompagner les OPA. Il revient aux acteurs eux-mêmes de saisir ces opportunités.