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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

COTONOU : Les zones humides menacées par l’urbanisation galopante

 COTONOU : Les zones humides menacées par l’urbanisation galopante

S’il y a une chose sur laquelle l’avis des citoyens du monde doit être convergent, c’est bien la protection de l’environnement dans lequel l’on vit. Et ce dernier est constitué de plusieurs éléments dont les zones humides qui aujourd’hui, sembleraient être les bêtes à sacrifier pour faire avancer le développement. Quel est donc l’avenir des zones humides face à l’urbanisation au Bénin et plus précisément à Cotonou ?

Zone humide de Fifadji/Cotonou

Jean-Baptiste HONTONNOU

Terres inondables ou détrempées, présentant des conditions favorables à la vie aquatique, les zones humides jouent un rôle crucial dans la biodiversité, la régulation des écosystèmes, la protection des sols, la sécurité alimentaire et l’approvisionnement en eau potable. Elles abritent une grande variété d’espèces animales et végétales, certaines étant spécifiques à ces milieux, et fournissent des services écosystémiques essentiels tels que la filtration de l’eau, la rétention des sols, la production d’oxygène et le stockage du carbone. Réservoirs importants de ressources halieutiques et de pêche, elles contribuent à l’attrait touristique des régions où elles sont présentes. D’un autre côté, ces zones dites humides peuvent également jouer un rôle de tampon face aux changements climatiques en absorbant les inondations et en réduisant l’érosion des sols. Malheureusement, nombre de ces zones sont détruites ou dégradées par des activités humaines telles que l’agriculture intensive, les aménagements hydroélectriques, l’urbanisation etc.

Au Bénin, c’est un secret de polichinelle. Le constat est amer. Elles sont fortement menacées par le développement urbain. « Pendant longtemps, les zones humides ont été considérées comme des dépotoirs ou des zones inutiles et différents gouvernements ont encouragé à les fermer », a laissé entendre Joséa Bodjrenou, Naturaliste et Président de Nature Tropicale ONG. Dans un contexte où l’urbanisation préoccupe plus les dirigeants, ces zones sont vouées à une forte dégradation et seraient considérées comme un ennemi de l’aménagement urbain. A titre illustratif, il y a plusieurs années que la Cité Houéyiho à Cotonou a été réalisée et c’est la zone humide qui a été occupée. « On ne demanderait pas qu’elle soit détruite, mais quand ce travail est fait pour créer d’espaces pour l’homme, on n’a pas considéré la nécessité de laisser de la place pour l’eau », affirme le Président Joséa Bodjrenou. C’est le même constat dans les localités telles que Godomey, Akpakpa, Vèdoko ou encore Fifadji. En effet, suite à la dégradation ou la mauvaise gestion de ces zones, il est normal que les séquelles surgissent. « Lorsque vous morcelez et recasez les populations dans les bas-fonds, quand il pleut, l’eau ne sait plus où aller outre les maisons et bienvenue aux inondations », souligne Flavien Dovonou, environnementaliste et enseignant à l’INE/UAC. De façon précise, l’urbanisation dans les zones humides entraîne une destruction des habitats naturels et des ressources naturelles, ce qui réduit considérablement la biodiversité et affecte les populations de poissons, d’oiseaux et d’autres espèces. Il est donc essentiel de rappeler les conséquences économiques négatives de la perte des zones humides. Les communautés locales qui en dépendent pour leur subsistance, leur emploi et leurs activités économiques telles que la pêche et l’agriculture pourraient être touchées. Dans un autre sens, certes ces aménagements sont importants mais ne prendraient pas en compte toutes les facettes essentielles. « Ils s’endettent pour détruire nos zones humides en créant des infrastructures qui ne génèrent aucune opportunité, ne serait-ce que des emplois pour les jeunes », se désole Alfred Houngnon, Spécialiste en valorisation des ressources naturelles et mobilisation citoyenne.

« Les zones humides et le bien-être humain »

Agir pour les zones humides, c’est agir pour l’homme et la nature. C’est pourquoi chaque 02 février, il se célèbre la journée mondiale des zones humides. Le thème choisi à l’occasion de l’édition 2024 est : « Les zones humides et le bien-être humain ». Cette journée vient à point nommé car, il est impératif que les mentalités changent aussi bien du côté des populations que des dirigeants afin de protéger efficacement ces zones de grande importance. « Une zone humide bien aménagée est une opportunité que l’on crée », va affirmer Martial Kouderin, Directeur exécutif de CREDI-ONG. Quant à l’urbaniste Moïse Chabi, « il est possible d’intégrer convenablement les zones humides dans les plans d’aménagement urbain », afin de bénéficier de ses nombreux avantages socio-économiques. Les zones humides bien aménagées ont un attrait touristique. Ils permettent de développer la pêche et de profiter des services écosystémiques qu’elles offrent. Aussi, la gestion et la restauration de ces dernières créent-elles des emplois et génèrent des revenus locaux. Mais à en croire l’urbaniste, le problème de leur mauvaise gestion serait au niveau des gouvernants. Car, « les techniciens font bien leur travail. Il revient à l’autorité de respecter ce qui est retenu dans les différents documents », a-t-il martelé.  Il est donc primordial de restaurer la route de l’eau afin de redonner vie à ces zones humides pour rétablir l’équilibre entre la nature et l’humanité.

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