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LÉOPOLD LOKOSSOU À PROPOS DE SON ELECTION À LA TÊTE DE L’INTERPROFESSION DE L’ANARCADE : « C’est un engagement pris et un défi que nous devons relever »
En assemblée générale le 10 Octobre dernier, les acteurs de la filière Anacarde ont désigné une nouvelle équipe à la tête de son interprofession. Léopold LOKOSSOU, acteur chevronné et engagé pour l’évolution du secteur agricole au Bénin a été élu président de l’IFA. Il dévoile dans cet entretien, ses priorités et ambitions pour rendre la filière plus durable et rentable.
- De façon brève, parlez-nous un peu de votre parcours professionnel dans le secteur agricole.
Après avoir été déscolarisé, ma passion était d’aller à l’agriculture parce que ma mère était une agricultrice. J’essaye donc de m’approcher d’elle pendant les vacances et je constate que malgré sa faible capacité physique, elle arrivait quand-même à s’en sortir. Je me suis dit que si ma maman, avec cette faiblesse, arrive à s’en sortir comme ça, pourquoi je ne peux pas faire mieux. Donc, c’est cette remarque qui m’a amené dans l’agriculture. Et depuis que je suis allé à l’agriculture, vous savez que c’est le coton qui était la filière la plus développée en son temps et j’ai commencé mes premiers pas dans le secteur agricole à travers le coton. J’ai commencé à occuper des postes de responsabilités au niveau du syndicat agricole pour pouvoir accompagner le secteur et avoir une vision claire de notre secteur.
C’est de là qu’au fur et à mesure que les élections au sein des organisations paysannes commencent, j’ai commencé par être convoyeur. Convoyeur, ça veut dire que je suivais le camion du coton pour aller à l’usine pour le faire décharger. Après on m’a élu secrétaire du mouvement villageois. Par la suite, on est allé au niveau communal où j’ai été élu secrétaire aussi. Ensuite le niveau de l’union départementale. C’est ainsi que j’ai accédé au niveau national en devenant président de la FUPRO, la Fédération des Unions des Producteurs du Bénin.
J’ai occupé CE poste de président pendant 12 ans au moins. Après, nous avons créé la plateforme nationale des organisations paysannes pour les producteurs du Bénin. J’ai été aussi président de cette plateforme et j’ai géré aussi pendant un bon moment.
Et au fur et à mesure que j’arrivais à ce stade, j’ai parcouru aussi les interprofessionnels qui est l’AIC, l’association interprofessionnelle du coton. J’étais le premier trésorier de l’association interprofessionnelle du coton.
L’agriculture est une passion pour moi et j’ai une vision claire en disant que nous devons apprendre l’agriculture comme un métier. Les gens croient que l’agriculteur c’est celui qui n’a rien à faire. Nous devons chercher à enlever cela de la tête de nos jeunes. Sinon, comment un jeune va se faire former en agriculture au niveau d’un lycée, d’une faculté et après il va chercher à travailler dans un bureau. Non, si tu as appris un métier, il faut t’installer dans ce métier.
C’est pour cela que nous avons travaillé pour doter notre pays d’une loi d’orientation agricole, parce qu’il faut qu’on ait une vision de notre agriculture. Je profite de l’occasion pour remercier les députés de la 8e législature qui ont voté cette loi.
Je salue aussi le leadership de notre Président de la République qui a vraiment compris l’importance de cette loi. Les décrets d’application sont en cours et avec ça, nous espérons plusieurs changements.
- Parlant particulièrement de l’anacarde, quelles sont vos priorités en tant que nouveau Président ?
Ma priorité est de sortir les intermédiaires, rallier les producteurs et les consommateurs pour que le prix soit rémunérateur aux producteurs. Car, c’est parce qu’il y a des usines qui sont installées, qu’il y a de l’emploi aujourd’hui. S’ils ne trouvent pas de matière première, ces emplois vont disparaître et ils vont fermer.
Donc nous devons travailler pour permettre la disponibilité de la matière première pour les transformateurs. Et que ce cadre de concertation que nous avons mis en place hier, qui est l’interprofession, soit un cadre de discussion du prix. Et parler aussi sur comment nous allons faire pour le développement de cette filière, pour le bonheur de nos paysans et de notre agriculture en général.
– Est-ce que vous avez en tête quelques stratégies que vous pouvez partager avec nous ?
La première stratégie est de doter l’IFA d’un plan stratégique parce que si tu es dans une institution et que tu n’as pas une vision claire sur ce que tu veux faire dans un document, tu vas naviguer à vue. Donc il faut qu’on ait une preuve stratégique de développement de cette filière et que tous les acteurs qui vont nous accompagner, même le gouvernement qui va nous accompagner, aient une vision claire et ils accompagnent ce plan stratégique.
Je profite de l’occasion pour dire que l’accord-cadre qui va essayer de définir le rôle de chaque acteur dans le secteur agricole, soit bien défini. Et je profite également de l’occasion pour remercier le gouvernement à travers son chef, pour que cet accord-cadre soit signé entre l’interprofession et l’Etat pour le bonheur de notre année.
– L’interprofession ne peut pas exister sans les producteurs à la base. Comment comptez-vous impliquer tous les producteurs ?
Vous savez, dans l’accord-cadre, il y aura le rôle de chaque acteur. Aujourd’hui, il y a des plantes qui sont déjà vétustes, nous devons chercher à les remplacer et aussi il y a les variétés qui donnent un meilleur rendement. Aujourd’hui nous sommes à 350 kg, nous pouvons avoir une variété qui peut aller de 1 000 à 2 000kg de rendement.
Et ça va permettre aux producteurs d’avoir des bénéfices et de bénéficier du fruit de son labeur. Et que le prix soit effectivement rémunérateur aux producteurs.
– Est-ce que vous avez un message à l’endroit des acteurs de cette filière ?
Le message premier c’est de comprendre que c’est un engagement que nous venons de prendre et c’est un défi que nous devons relever. Transformer toute la matière première au Bénin qui constitue la richesse pour le pays. Donc chacun n’a qu’à jouer son rôle à son niveau pour pouvoir accompagner effectivement le travail surtout en ce qui concerne la production. Car, sans elle, les transformateurs n’auront rien. Et je parle aussi aux transformateurs d’avoir la capacité de transformer tout ce que nous allons produire au niveau local pour créer de la richesse pour notre pays.
Propos recueillis et transcrits par Jean-Baptiste HONTONNOU