Alors que l’Afrique de l’Ouest, principal importateur de riz sur le continent, connaît un pic de la demande en fin d’année, les exportateurs indiens font face à une flambée des coûts de transport. Le fret d’un conteneur de riz a augmenté de près de 32 %, une situation qui pourrait impacter les prix pour les consommateurs et pousser les exportateurs à revoir leur stratégie logistique.
Innocent AGBOESSI
L’Afrique de l’Ouest s’approvisionne principalement en riz auprès de l’Asie, où l’Inde occupe une place prépondérante parmi ses fournisseurs. Cependant, les frais de transport maritime connaissent une augmentation notable depuis un mois. Selon S&P Global Commodity Insights, le tarif pour expédier un conteneur de riz équivalent 20 pieds (EVP) entre le port indien de Vizag et des villes comme Cotonou ou Lomé est passé de 1 900 $ (environ 1,16 million de FCFA) en octobre à 2 400 $ (environ 1,47 million de FCFA).
Cette hausse est attribuée à une forte demande d’importation de riz en Afrique de l’Ouest, traditionnellement élevée entre novembre et décembre à l’approche des fêtes de fin d’année. Les importateurs cherchent à répondre aux besoins du marché tout en constituant des stocks, ce qui génère un afflux massif de cargaisons sur les voies maritimes.
Avec un nombre limité de navires disponibles, la compétition pour le fret s’intensifie. Les opérateurs doivent désormais réserver des conteneurs à bord de navires de petite ou moyenne capacité, ce qui accentue la pression sur les coûts logistiques. Cette situation tendue pourrait se prolonger jusqu’en janvier 2025, estiment les observateurs.
Une nouvelle stratégie
Face à l’escalade des coûts de transport, de nombreux exportateurs envisagent de passer au transport en vrac conventionnel (breakbulk), une alternative moins coûteuse par tonne transportée. Cette méthode consiste à expédier le riz en vrac ou en sacs directement dans les cales des navires, sans conteneurisation.
Bien que ce mode de transport permette d’importer des quantités plus importantes à moindre coût, il nécessite davantage d’équipements pour le déchargement et pourrait ralentir la distribution au niveau local. En Afrique de l’Ouest, où la distribution repose sur un vaste réseau de petites entreprises manipulant des sacs de 25 à 50 kg, cette transition pourrait bouleverser l’écosystème logistique.
Un défi pour la chaîne d’approvisionnement
Si l’option du vrac conventionnel est adoptée dans les prochaines semaines, elle constituera un véritable test pour tous les acteurs de la chaîne de distribution du riz. Bien qu’elle puisse réduire les coûts pour les exportateurs, les ajustements nécessaires pourraient entraîner des retards ou des surcoûts pour les consommateurs ouest-africains.
Dans ce contexte, la hausse des coûts de fret met en lumière les vulnérabilités d’une dépendance accrue aux importations de riz. Cela invite à une réflexion stratégique pour sécuriser les approvisionnements alimentaires et maintenir la stabilité des prix sur les marchés locaux.