Les producteurs de Grand-Popo lancent un cri de cœur
Malgré des mois d’efforts, d’investissement et d’espoir, les producteurs d’oignons de Grand-Popo font face à une crise sans précédent. Dans plusieurs champs de la commune, le constat est alarmant : des tonnes d’oignons pourrissent faute de débouchés. Ce 23 octobre 2025, à Ewe Condji, une rencontre d’urgence a réuni maraîchers, commerçantes locales, revendeuses du Grand Marché de Dantokpa et transporteurs autour d’une même préoccupation : la mévente de la production locale.
« On a été confrontés à un choc très violent. C’est le choc de l’importation des oignons venant du Nigeria. Ces oignons ont abattu tellement le marché au point que nos commerçants n’arrivent plus à écouler nos produits au plan local. Les clients ne viennent plus chez nous ici pour acheter, et les oignons sont restés dans les champs. Avec la petite pluie, tout a pourri », explique, la voix chargée d’émotion, Kodjo Zohoungbogbo, président de l’Union Communale des Coopératives Villageoises de Maraîchers de Grand-Popo (UCCVM).
Cri de cœur des producteurs
En effet, cette situation critique plonge des centaines de familles dans la désolation. Derrière chaque sac d’oignons invendu, il y a des semaines de labeur, des crédits contractés, des espoirs de revenus aujourd’hui anéantis. Face à cette crise, l’UCCVM n’entend pas rester les bras croisés. Par cette rencontre d’urgence, les producteurs lancent un cri de cœur aux autorités et à tous les acteurs du secteur.
« Il serait de bon ton que l’État nous aide à réguler l’importation de l’oignon, en protégeant les producteurs locaux que nous sommes. Cela permettra également aux commerçants de souffler, car elles refusent de s’approvisionner chez nous tant qu’il n’y a pas de marché d’écoulement », poursuit Kodjo Zohoungbogbo, plaidant pour une régulation plus stricte du marché.
Du côté des commerçantes et des transporteurs, le constat est le même. Tous dénoncent la saturation du marché national causée par les importations massives d’oignons étrangers. Pour Pauline Akpahou, commerçante au marché Dantokpa, la concurrence déloyale est devenue insoutenable : « Les étrangers viennent comme ils veulent pour envahir notre marché. Alors que c’est nous qui payons les impôts et les taxes. L’accompagnement du gouvernement est indispensable. »
Des propositions de solution pour régler la mévente d’oignon a Grand-Popo
Même son de cloche chez les importateurs béninois d’oignons. Leur président, François Soudo, appelle à une meilleure organisation du secteur : « Nous lançons un appel à nos autorités de nous écouter, de nous aider à assainir et organiser un tant soit peu le secteur. »
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Au-delà de la régulation des importations, l’UCCVM plaide pour la mise en place de mécanismes de stockage, de conservation et de distribution efficaces. De telles infrastructures permettraient d’éviter les pertes post-récolte et de stabiliser les prix du marché en période de surproduction.
Enfin, pendant que les oignons continuent de se détériorer dans les champs, un message fort se dégage : il est temps pour les acteurs économiques, les grossistes et les transformateurs de se rapprocher des producteurs afin de soutenir la production nationale. Sans une action rapide, la filière oignon, pourtant porteuse, risque de s’effondrer, emportant avec elle les efforts de nombreux producteurs béninois qui ne demandent qu’à vivre dignement de leur travail.


