La technologie mobile des applications pour les smartphones à l’utilisation des sms, est de plus en plus omniprésente dans les pays en développement et offre un grand potentiel pour des domaines tels que l’agriculture, contribuant ainsi positivement au développement durable. Au Bénin, vu l’évolution des activités agricoles, les producteurs sont actuellement affectés par deux défis majeurs : l’accès aux marchés et l’accès à l’information agricole. Une situation qui demeure une préoccupation majeure tant pour le pouvoir public que pour les projets /programmes intervenant dans le secteur agricole.

Par Laure LEKOSSA

Comment écouler mes produits ? C’est la principale question que se pose de nos jours les petits exploitants et agriculteurs familiaux. L’accès aux marchés agricoles constitue pour eux des préoccupations auxquelles les structures étatiques, les projets /programmes intervenant dans le secteur agricole ne cesse d’y apporter réflexion. L’accès des producteurs à l’innovation, à l’information et aux services de conseil dont ils ont besoin est essentiel à la transformation des systèmes agricoles et alimentaires et à la concrétisation des Objectifs de Développement Durable (ODD). Les services de vulgarisation et de conseil jouent en cela un rôle crucial: ils améliorent l’accès à l’information et font office de passerelle entre les données produites et ceux qui s’en servent. Toutefois, ces services et d’autres entités qui font ainsi le pont entre production et utilisation sont confrontés en permanence à des difficultés dues au déficit de fonds et de capacités et à l’absence d’un environnement propice ou des réformes nécessaires pour relever les défis de notre temps.

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Le pilier de toute stratégie visant à rendre l’agriculture et le développement rural plus productifs et plus durables est le fait de faciliter l’accès des producteurs agricoles et alimentaires aux marchés de manière plus efficace, plus transparente et plus compétitive. La question a été au cœur du forum de discussion organisé par le groupe de presse agricole LE RURAL. La 2ème édition de ce forum dénommé Agri’talk a mis l’accent sur l’accès aux marchés agricoles: quels mécanismes pour les petits producteurs à l’ère du numérique? Une thématique autour de laquelle plusieurs panélistes se sont exprimés. Pour Nadia Akiyo Dovonon, présidente de la coopérative volaille du Bénin, « le problème relatif à l’accès aux marchés des producteurs est très crucial et il faut une bonne éducation pour le producteur. S’il veut aller seul sur le marché, il faut qu’il soit suffisamment fort pour bien communiquer pour trouver les mots justes et pouvoir satisfaire à la demande qui va en découler ». Selon ses dires, les producteurs doivent faire attention aux types de communications envoyés sur le marché car tout le monde est sur son Android mais il y a une masse d’informations qui est envoyée sur le marché et pour cela il faut que l’information que le producteur met sur le marché soit bien précise pour pouvoir arriver à capter la cible qu’elle souhaite.

Le petit producteur a aussi un atout sur l’industriel, c’est qu’il peut offrir d’une autre qualité donc il faut qu’il arrête de se battre pour proposer le prix le plus bas; mais qu’il défende les valeurs de son produit poursuit-elle. Les plateformes numériques permettent aux petits producteurs d’avoir l’information nécessaire pour produire plus juste. « Nous pouvons dire que sur le plan de l’accès aux marchés, il y a plusieurs initiatives qui marchent sur le terrain parce que nous avons eu des exemples de mises en relations directes qui parfois aident les producteurs à accéder aux marchés ; il y aussi des exemples de plateformes numériques qui aident aujourd’hui le producteur à avoir accès aux marchés locales , régionales et internationales. » souligne Donald Houessou Directeur des opérations au niveau du Centre ACED.

Des mesures urgentes s’imposent…

Un certain nombre de mesures doivent être prises afin d’établir le lien entre le producteur et le consommateur. Il s’agit entre autre des mesures visant à renforcer les compétences techniques et organisationnelles et les compétences de gestion des services de vulgarisation et de conseil et l’infrastructure adéquate, dans le but de fournir de meilleurs services aux agriculteurs; de réorienter les services d’innovation, d’information et de conseil de sorte à renforcer le capital humain et la résilience des systèmes agroalimentaires; d’accroître les investissements et de promouvoir une réforme institutionnelle afin d’apporter une réponse aux besoins nouveaux; d’évaluer les résultats des services de vulgarisation et de conseil et de fournir des éléments concrets en vue de créer un environnement favorable; et de mettre au point des programmes permettant de comprendre les demandes des agriculteurs et de faciliter la création conjointe de pratiques innovantes.

Un appui technique des partenaires s’impose

Pour faciliter l’accès des petits exploitants agricoles familiaux au marché, il convient de mettre en place un cadre macro-économique favorable à leur intégration, reposant sur l’amélioration des infrastructures, des biens publics, des réglementations et des environnements politiques et juridiques. Les organisations de producteurs peuvent aider les petits exploitants à accéder à tout un éventail de services, notamment à de meilleures informations sur les marchés et sur les directives en matière de sécurité alimentaire, tout en mettant l’accent sur la production à valeur ajoutée et la commercialisation. Il est essentiel de renforcer les compétences et les capacités entrepreneuriales et commerciales des petits exploitants afin de garantir leur pleine participation au marché et de leur permettre de tirer parti des nouvelles possibilités qui s’offrent à eux.

Les dispositifs de gestion des données, comme les téléphones portables et leurs applications, permettent de transmettre rapidement les informations relatives aux prix, de manière transparente et précise, et de faciliter les négociations en rapprochant les producteurs et les négociants. C’est le cas, entre autre, du programme ACMA 2 qui s’inscrit parfaitement dans cette dynamique à travers son domaine d’intervention dénommé NTIC pour l’agriculture. Notons que les technologies de communications mobiles sont rapidement devenues plus courantes dans la transmission de la voix, de données et de services dans les pays en développement. Compte tenu de ce changement radical, les applications mobiles pour l’agriculture détiennent un potentiel important en matière de promotion du développement. Elles pourraient fournir à des millions d’agriculteurs l’accès à l’information et à des marchés précédemment impossibles.

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