ÉDITORIAL : Afrique de l’Ouest, héritière des sols épuisés ?
L’Afrique de l’Ouest, région au cœur des enjeux alimentaires mondiaux, se trouve confrontée à une problématique cruciale : la dégradation et la perte de fertilité de ses sols. Les pratiques agricoles traditionnelles, souvent basées sur des cultures vivrières intensives, ont entraîné une surexploitation des sols. Pendant des décennies, les agriculteurs ont cultivé les mêmes parcelles sans interruption, sans recours suffisant aux techniques de régénération des sols telles que la jachère ou l’usage de fertilisants organiques. Résultat : les sols se sont appauvris en nutriments essentiels comme l’azote, le phosphore et le potassium. Cet appauvrissement est d’autant plus grave que la majorité des agriculteurs, petits producteurs souvent marginalisés, n’ont pas accès à des intrants modernes.
Les changements climatiques aggravent la situation
Ce n’est plus un secret pour personne, le changement climatique a amplifié ses difficultés. L’Afrique de l’Ouest, avec ses longues saisons sèches et ses précipitations irrégulières, subit de plein fouet les impacts du réchauffement climatique. L’érosion des sols, accentuée par les intempéries et les sécheresses récurrentes, rend encore plus difficile le maintien de leur fertilité. Ces conditions extrêmes compromettent non seulement la capacité des sols à retenir l’eau, mais aussi leur structure, essentielle pour le bon développement des cultures.
Aujourd’hui, l’Afrique de l’Ouest enregistre l’un des plus faibles taux d’utilisation d’engrais au monde. Les causes sont multiples : coût élevé des intrants, infrastructures insuffisantes pour la distribution, mais aussi méfiance des agriculteurs envers des pratiques parfois mal comprises. Bien que des initiatives, tant locales qu’internationales, tentent de promouvoir l’usage d’engrais biologiques et chimiques, la diffusion de ces pratiques reste insuffisante pour compenser la perte de fertilité des sols.
Alors, l’agriculture durable se pointe comme une lueur d’espoir. La promotion de l’agroforesterie, qui combine cultures agricoles et arbres, offre une solution prometteuse pour restaurer la santé des sols. Des pratiques comme l’agriculture de conservation, avec un labour minimal et la couverture végétale permanente, permettent également de préserver et d’enrichir les sols.
L’autre nécessité est l’implication inconditionnelle des politiques. Pour que ces solutions prennent effet à grande échelle, une volonté politique forte est indispensable. Les gouvernements doivent investir dans la recherche agronomique locale, renforcer les infrastructures agricoles et subventionner l’accès aux engrais et aux formations. Surtout, s’assurer que les intrants subventionnés profitent réellement aux producteurs à la base.
Ce n’est que comme ça l’agriculture va connaitre un nouveau visage en Afrique de l’Ouest et l’insécurité alimentaire se verra éradiquée progressivement.
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