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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

AGROFORESTERIE AU BÉNIN:Comment les arbres peuvent-ils sauver l’agriculture ?

 AGROFORESTERIE AU BÉNIN:Comment les arbres peuvent-ils sauver l’agriculture ?

Utiles à de nombreux niveaux, les arbres le sont aussi sur les exploitations agricoles et peuvent, à condition d’opter pour les bonnes stratégies, être valorisés. L’agroforesterie est une solution en plein essor dans le monde entier qui régénère les sols, préserve l’eau, sauvegarde la biodiversité et atténue le changement climatique.

Vanessa ZANNOU

Planter des arbres au milieu ou autour des parcelles, cultiver en strates, planter une forêt comestible ou développer la régénération naturelle assistée. Toutes ces techniques agricoles appartiennent à la grande famille de l’agroforesterie. En effet, «  l’agroforesterie est une forme d’exploitation des terres agricoles qui aligne intelligemment, raisonnée et délibérément les arbres aux cultures agricoles et ou à l’élevage. C’est aussi un système d’exploitation qui aligne modernité, tradition et respect de l’environnement », explique Rodrigue Landry BADEDJI, agroforestier. L’agroforesterie est donc plurielle : c’est une infinité de systèmes agroforestiers, dans lesquels toutes les associations arbres et cultures ou pâtures sont imaginables.

Autrefois dans nos pays, le principal système d’utilisation des terres est l’agriculture itinérante. À en croire Miriabelle SOSSAH, Ingénieur agronome forestière de formation, avec ce système l’agriculture était beaucoup plus extensive, avec de faible rendement et conduisait surtout à l’appauvrissement des sols. Ceci imposait aux agriculteurs de longue période de jachères pour une bonne régénération des sols. Mais avec l’explosion démographique, ces périodes de jachères ne pouvaient plus être respectées car il faut produire pour nourrir la population malgré la pauvreté des sols d’où l’urgence d’adopter un nouveau système beaucoup plus intensive. L’Agroforesterie, à travers les arbres, contribue à la conservation et la productivité des sols.

 Cette pratique qui consiste à planter des arbres sur une exploitation agricole, se justifie plus que jamais. « Cette culture se fait en fonction des objectifs du producteur et des objectifs de production. Le houppier des espèces ligneuses choisit ne doivent pas fournir trop d’ombrage aux cultures et les cultures quant à elles  doivent être tolérante », explique l’Ingénieur agronome forestière avant d’ajouter que « les espèces les plus utilisées sont les légumineuses car elles fertilisent le sol grâce à leur forte capacité de fixation d’azote. Les racines des arbres filtrent l’eau dans les profondeurs du sol, limitant la fuite des nitrates et de l’azote dans les nappes phréatiques. La présence d’arbres sur les terres arables améliore ainsi la recharge des nappes phréatiques et régule le cycle de l’eau. La compétition pour l’eau qui s’établit entre les cultures et les arbres oblige ces derniers à s’enraciner profondément. Un filet racinaire se crée alors et permet une meilleure assimilation de l’azote par les végétaux, et la création de symbioses avec les mycorhizes, dont le rôle est fondamental dans l’alimentation et la santé des plantes cultivées et leur résistance aux aléas climatiques. Le carbone, capté par les arbres de la parcelle et stocké dans les sols, permet quant à lui d’enrichir l’humus en matière organique. Les arbres constituent des abris pour une faune diversifiée, indispensable à l’agriculture grâce à ses différentes fonctions telles que la pollinisation ou la lutte contre les ravageurs. Ces arbres et arbustes associés à l’agriculture et à l’élevage apportent également des ressources lucratives aux agriculteurs : du bois, du combustible, des fruits, de l’huile, des noix et du fourrage. » Selon elle, l’agroforesterie contribue ainsi à la diversification des revenus des agriculteurs. Les arbres participent ainsi à la régénération rapide du sol et à la réduction des périodes de jachère. Ils peuvent changer l’agriculture. Aujourd’hui, les défis de l’agroforesterie sont énormes. Tel que « vulgariser et faire de l’agroforesterie le principal système d’utilisation des terres en agriculture au Bénin : au Bénin la pratique de l’agroforesterie reste toujours inconnue à un bon nombre de producteurs malgré ces avantages. Faire de l’agroforesterie un sujet de recherche dans nos écoles et universités en vue de trouver des solutions pour améliorer les techniques agroforestières. Travailler à la sélection des ligneux les plus performants ainsi qu’à l’amélioration de la croissance de ces ligneux car la plupart des espèces ligneuses utilisées en agroforesterie sont à croissance lente », affirme Miriabelle SOSSAH, Ingénieur agronome forestière de formation. Ainsi, s’engager dans un projet d’agroforesterie peut apporter de multiples bénéfices et avantages mais requiert conseil et appui technique pour réussir en tout point son projet.

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