Les acteurs misent sur la transformation
Organisée par le Conseil interprofessionnel de la Filière Anacarde du Togo (CIFAT), la Journée Nationale de l’Anacarde du Togo (JNAT) a réuni ce 9 mars 2025, à Kara, producteurs, transformateurs et décideurs politiques. L’objectif : renforcer la transformation locale de l’anacarde pour une meilleure valeur ajoutée et réduire la dépendance aux exportations de noix brutes.
Depuis quelques années, la filière anacarde connaît un essor considérable au Togo, en particulier dans la région de la Kara, connue pour son climat favorable à la production de la noix de cajou. Selon les chiffres du ministère de l’Agriculture, la production nationale d’anacarde est passée de 22 937 tonnes en 2019 à plus de 35 000 tonnes en 2025. Une évolution prometteuse, mais qui met en lumière un défi majeur : la faible capacité de transformation locale.
Il faut noter qu’aujourd’hui, plus de 80 % de la production nationale est exportée sous forme brute vers l’Inde et le Vietnam, où elle est transformée avant d’être réintroduite sur le marché international. Un manque à gagner considérable pour l’économie togolaise, qui pourrait tirer davantage profit de la transformation locale de cette ressource abondante.
Le thème de cette édition de la JNAT, « Renforcer la transformation locale de l’anacarde : défis et opportunités », met en lumière une ambition nationale : développer une industrie de transformation capable d’apporter de la valeur ajoutée à la production brute. « Nous avons fait un bond en avant en termes de production, mais il faut que nous transformions davantage localement pour capter plus de valeur et créer des emplois pour notre jeunesse », dixit Komi Gozan, président du CIFAT
Lors de cette journée, plusieurs initiatives ont été mises en avant, notamment l’installation de nouvelles unités de transformation de l’anacarde dans la région de Kara. Ces unités permettront de valoriser davantage la production nationale et de limiter l’exportation de la noix brute, afin de capter une plus grande part des revenus issus de la filière.
Le développement de la filière anacarde au Togo s’inscrit dans la stratégie gouvernementale de transformation locale des produits agricoles, afin de mieux tirer parti des ressources nationales. Cependant, la filière fait face à plusieurs obstacles, notamment le coût élevé des infrastructures de transformation, la faible mécanisation des plantations, le manque de formation technique pour les producteurs et les transformateurs, ainsi que l’insuffisance des financements disponibles.
Par ailleurs, malgré la progression de la production, les prix fluctuent énormément en raison des pressions exercées par les intermédiaires et la forte dépendance aux marchés d’exportation. Pour y remédier, le CIFAT a plaidé pour des politiques d’accompagnement adaptées, incluant l’octroi de crédits aux acteurs locaux et le renforcement des capacités techniques.
L’un des moments forts de cette JNAT a été la présentation d’un projet gouvernemental visant à créer une zone agro-industrielle dédiée à la transformation de l’anacarde à Kara. Cette initiative prévoit l’installation d’usines de transformation et l’accompagnement des producteurs dans l’amélioration de leurs rendements.
En attendant la concrétisation de ces efforts, les acteurs locaux s’organisent pour valoriser davantage leur production. Certains transforment d’ores et déjà l’anacarde en beurre de cajou, en huiles et même en boissons dérivées, espérant ainsi conquérir aussi bien le marché national qu’international.
L’essor de la transformation de l’anacarde au Togo ne pourra cependant être pleinement réalisé sans des investissements massifs, notamment dans les infrastructures et la formation des acteurs. Comme l’a souligné Gozan lors de la clôture de la JNAT, « Il est temps que l’anacarde togolaise profite pleinement à son économie locale, et pour cela, nous devons transformer nos produits ». Un plaidoyer qui, espérons-le, trouvera un écho favorable au sein des instances de décision.
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Innocent AGBOESSI