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APPUI A LA TRANSFORMATION DES PRODUITS AGRICOLES AU BÉNIN: La Coopération Suisse renforce le pouvoir économique des femmes rurales de Gbassa, commune de Banikoara
Renforcer le pourvoir économique des femmes par l’appui au secteur de la transformation des produits agricoles est l’un des défis que tente de relever la Coopération Suisse au Bénin à travers le Programme d’Appui au Développement Rural (PASDeR). Ce programme intervient sur plusieurs thématiques visant à renforcer les capacités des bénéficiaires notamment les femmes et les jeunes.
Par Djibril AZONSI
Lors de l’élaboration des plans stratégiques des organisations socioprofessionnelles en début du Programme d’Appui au Secteur du Développement Rural (PASDeR), les femmes, fortement impliquées, ont insisté sur le besoin d’accompagner le secteur de la transformation. C’est ainsi que le programme PASDeR a choisi d’une part de renforcer les capacités techniques des groupements de femmes membres des organisations socioprofessionnelles (URP, UDOPER, UCP, UCOPER, etc) dans le domaine de la transformation agroalimentaire notamment : la facilitation de l’accès aux facteurs de production (matériels et équipements) et d’autre part l’organisation de la mise en marché des produits transformés, le marketing, la capitalisation et la diffusion des expériences.
La formation sur les techniques de transformation comme levier…
Pour identifier les besoins en renforcement de capacités et le choix des filières de transformation à appuyer, des ateliers ont été organisés dans chaque commune du programme. Des filières avaient déjà été identifiées, après échanges avec les OSP les besoins de renforcement sur certaines filières ont été confirmés et d’autres filières retenues. Aux dires des femmes, la transformation se faisait de façon traditionnelle suivant les techniques transmises de mères en filles. Les formations apportées avaient pour objectif d’améliorer ces techniques de transformation « traditionnelles », de sensibiliser sur les règles d’hygiène et l’importance des emballages adaptés pour les produits transformés. Après les sessions de formation, des restitutions ont été faites par les bénéficiaires aux membres de leur groupement à la base.
L’équipement des groupements, clé de la réussite des bénéficiaires…
Dans la plupart des groupements, les femmes utilisaient des équipements rudimentaires. Afin de mettre en pratique les différentes formations reçues, les groupements ont identifié avec l’appui des techniciens leurs besoins en matériel et équipement pendant les ateliers de formation. Pour ce fait, les UCP et UCOPER ont sollicité la Chambre Interdépartementale des Métiers afin qu’elle se mobilise à travers les Associations de Fabricants d’Equipements Agricoles (AFEA) pour la fabrication de ces équipements. Il faut préciser que le financement pour l’achat du matériel et des équipements a été réalisé via le Fonds Communal de Développement Agricole.
Le renforcement de capacités des bénéficiaires pour plus d’impacts…
La démarche des visites d’échanges a été préconisée pour atteindre les objectifs de renforcement des capacités des bénéficiaires. Ainsi, différentes visites d’échanges ont été organisées tant au Bénin qu’au Niger voisin. Il s’agissait pour les différents acteurs (femmes, encadrement technique, etc) de rencontrer d’autres acteurs impliqués dans le secteur de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles transformés (structure de recherche et de contrôle qualité, groupement de transformation, etc.). Lors de ces visites, différentes thématiques ont été abordées notamment les techniques améliorées de transformation, les emballages et la commercialisation des produits.
Ces différentes actions d’appui combinées ont permis aux acteurs de faire des prouesses remarquables.
Un début d’amélioration de la qualité et de l’hygiène des produits transformés
Les femmes ayant reçu les formations se sont appropriées les techniques « modernes » de transformation, ce qui a un impact notable sur la qualité des produits transformés tant au niveau de l’hygiène que du goût. Les femmes formées produisent ainsi des produits plus appréciés par les consommateurs.
« Aujourd’hui avec la formation, on nous a montré que c’est le coagulant de Calotropis qu’il faut utiliser et qu’il ne faut pas utiliser les feuilles, mais c’est la tige ou le latex. Avant nous utilisons les feuilles alors qu’elles donnent un goût amer et une couleur verdâtre au fromage, et qu’il se gâte vite. Le fromage que nous produisons actuellement n’est pas acide, le goût est apprécié » …dixit un élu du Groupement Féminin d’Eleveurs de Ruminants (GFER) de Gbassa dans la commune de Banikoara
La mise en relation des groupements avec les clients
A travers la création des hangars de vente, des premiers pas dans la mise en relation entre clients et groupements de transformation sont réalisés.
Toutefois, il est a souligné quelques difficultés inhérentes à toute action humaine.
Des difficultés liées à l’accès aux matières premières et aux emballages
L’accès aux emballages pour le conditionnement est une des principales difficultés du secteur de la transformation agricole. Les emballages appropriés ne sont pas disponibles ou le sont à un coût trop élevé. Il faut aussi souligner que la saisonnalité de certaines matières premières locales entraîne des ruptures dans le déroulement des activités de transformation.
« Il y a des moments où il n’y a pas du tout de lait ou bien il est un peu éloigné. Dans une zone de transhumance, nous allons nous approvisionner à moto. Mais il y a des périodes où même avec la moto nous n’en trouvons plus, et ce n’est plus rentable d’aller très loin pour en chercher » …relate un élu du GFER de Gbassa.
Pour les acteurs du programme, les appuis à la transformation agroalimentaire sont des activités intéressantes à poursuivre. Elles contribuent à l’autonomisation des groupements féminins et renforcent leurs poids dans la société. Le défi principal pour la suite sera de parvenir à mettre en relation les transformatrices avec les fournisseurs de matières premières.