Automédication vétérinaire

L'utilisation des médicaments vétérinaires sans prescription est devenue une pratique courante dans de nombreuses exploitations agricoles. Si elle semble offrir une solution rapide aux maladies animales, cette habitude expose les animaux à des risques sanitaires accrus et menace la santé des consommateurs.

Une menace silencieuse pour les animaux et les consommateurs

L’utilisation des médicaments vétérinaires sans prescription est devenue une pratique courante dans de nombreuses exploitations agricoles. Si elle semble offrir une solution rapide aux maladies animales, cette habitude expose les animaux à des risques sanitaires accrus et menace la santé des consommateurs.

AUTOMEDICATION VETERINAIRE

Dans de nombreuses exploitations agricoles, de nos jours, l’automédication vétérinaire est devenue une pratique courante. En effet, face à des signes de maladies telles que la grippe aviaire chez les volailles ou la peste porcine chez les porcs, certains éleveurs se rendent directement en pharmacie vétérinaire pour se procurer des médicaments, et ce, sans consultation préalable d’un vétérinaire. Or, cette habitude, bien que motivée par le souci de protéger le cheptel, comporte des risques majeurs pour la santé animale mais aussi humaine.

Gabriel Anagonouvi, para-vétérinaire, raconte une partie de son quotidien :
« Parfois, je suis là dans mon bureau et des éleveurs viennent me dire qu’ils veulent tel médicament pour leur animal dans telle situation. Après discussion, malgré le fait que je leur explique que le médicament qu’ils veulent n’a aucun lien avec la maladie de l’animal, certains ne comprennent jamais. Pour eux, seul ce médicament qu’on leur refuse peut régler leur problème. Ce n’est pas facile, mais, nous arrivons à les asseoir et à leur faire comprendre les choses. »

Le para-vétérinaire souligne que l’automédication vétérinaire est une pratique dangereuse. En l’absence de diagnostic précis, l’utilisation de médicaments peut masquer les symptômes, aggraver la maladie ou encore entraîner des résistances aux traitements. Il met particulièrement l’accent sur l’utilisation des antibiotiques, car cela constitue un danger supplémentaire pour les animaux.

Pourquoi les éleveurs ont-ils recours à l’automédication ?

Plusieurs facteurs expliquent le recours à l’automédication vétérinaire. Tout d’abord, l’ignorance de l’importance du rôle du vétérinaire en est une. Certains éleveurs, après avoir observé un vétérinaire traiter une maladie, estiment pouvoir reproduire le traitement sans assistance professionnelle. Ensuite, l’accès limité aux services vétérinaires, notamment en zones rurales, pousse les éleveurs à se débrouiller par eux-mêmes. De plus, la volonté de réduire les coûts de production peut également les inciter à éviter les consultations vétérinaires.

Le Dr Gabriel pense qu’« il est essentiel de sensibiliser les éleveurs à l’importance d’un diagnostic vétérinaire. Chaque maladie a ses spécificités, et un traitement inapproprié peut avoir des conséquences désastreuses. »

Les conséquences sur les animaux et les consommateurs

L’utilisation inappropriée de médicaments vétérinaires peut avoir des effets néfastes sur les animaux. Non seulement cela peut aggraver la maladie, mais encore, cela peut entraîner des effets secondaires, des résistances aux antibiotiques et des résidus médicamenteux dans les produits animaux. Ainsi, ces résidus, lorsqu’ils se retrouvent dans la viande, le lait ou les œufs, peuvent être nocifs pour les consommateurs.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les zoonoses, maladies transmissibles de l’animal à l’homme, représentent un risque majeur pour la santé publique. En ce sens, la consommation de produits animaux contaminés peut entraîner des maladies telles que la salmonellose, la listériose ou encore des infections à E. coli.

Le vétérinaire explique que la santé, qu’elle soit animale, environnementale ou humaine, forme une unité :
« Quand vous faites mal au niveau de la santé animale, cela peut avoir des répercussions sur la santé humaine. »

Il met en garde : « Les résidus de médicaments dans les produits animaux peuvent provoquer des réactions allergiques chez les consommateurs, perturber la flore intestinale et même contribuer à l’émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques. »

Quelles solutions pour un élevage responsable ?

Pour lutter contre l’automédication vétérinaire, plusieurs mesures peuvent être envisagées. Avant tout, la sensibilisation des éleveurs à l’importance du diagnostic vétérinaire est primordiale. Des campagnes d’information, des formations ainsi que des ateliers peuvent être organisés afin de renforcer leurs connaissances en santé animale.

Le Dr vétérinaire recommande : « Il est crucial de renforcer la réglementation sur la vente de médicaments vétérinaires. Seuls les professionnels de santé animale devraient être autorisés à prescrire et à délivrer ces médicaments. »

Par ailleurs, l’amélioration de l’accès aux services vétérinaires, notamment en zones rurales, est essentielle. Le développement de cliniques mobiles, la formation de techniciens vétérinaires ou encore la mise en place de réseaux de surveillance sanitaire peuvent contribuer à une meilleure gestion des maladies animales.

L’automédication vétérinaire, bien que motivée par des intentions louables, représente une menace pour la santé animale ainsi que pour la santé publique. Une prise de conscience collective, accompagnée de mesures concrètes, est donc nécessaire pour promouvoir un élevage responsable et surtout, garantir la sécurité des consommateurs.

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Innocent AGBOESSI

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