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BRADAGE DES INTRANTS AGRICOLES: Des raisons qui pourraient justifier le mal
C’est devenu une pratique courante chez certains producteurs ; profiter de l’opportunité d’acquisition d’intrants agricoles et les utiliser à des fins commerciales. Face à ce problème, l’Etat béninois n’a pas manqué d’appuyer sur la sonnette d’alarme. Mais qu’est ce qui pourrait bien justifier cet état de choses ?
Cédric Joawo BAKPE
Les difficultés d’accès aux intrants agricoles s’allègent peu à peu grâce aux divers mécanismes mis en place par le gouvernement à travers ses partenaires techniques et financiers et les efforts conjoints des organisations paysannes. En effet, le Procar facilite à plusieurs égards l’accès aux intrants de qualité aux producteurs grâce aux différents projets qu’il met en œuvre. Ainsi, avec le PADAAM par exemple, plusieurs agriculteurs des filières riz, maïs et manioc bénéficient d’intrants subventionnés en temps réel avec l’appui de la CoopDICPA. Il en est de même pour les acteurs de la filière soja réunis dans l’Union Nationale des Producteurs de Soja du Bénin. Grâce à leur modèle CAIG, un accès facile aux intrants est garanti. Beaucoup d’autres filières agricoles bénéficient aussi de ces facilités. Cependant, l’on note quelquefois des comportements peu orthodoxes dans le rang de certains acteurs agricoles. Les intrants agricoles sont utilisés à d’autres fins. A ce propos, une personne ressource qui a requis l’anonymat évoque l’une des raisons : « on peut citer par exemple les problèmes sociaux et économiques. Un producteur ayant des difficultés à joindre les deux bouts mais disposant de ces produits à côté, ne peut que les brader pour avoir de l’argent afin de subvenir à ses besoins. » Brader les intrants agricoles n’est pas le seul acte morbide que posent les acteurs agricoles. D’autres détournent des intrants d’une filière vers une autre. C’est le cas de la filière coton, dit la personne ressource. « La filière coton est bien organisée au point où les producteurs de coton bénéficient beaucoup plus d’intrants alors qu’au niveau des autres cultures, cela ne se fait pas comme ça. Donc les intrants du coton sont déviés vers le maïs. » Djiman Gafari ADEKAMBI est producteur de riz à Adja-Ouèrè. Il fait savoir qu’autrefois, il lui arrivait d’utiliser des intrants de coton pour le riz. Mais la raison qu’il évoque est liée à la non disponibilité d’intrants appropriés à l’époque. Ce problème est encore d’actualité. De ce fait, on parle ci et là d’une pénurie d’intrants agricoles ou d’intrants agricoles devenant plus chers. Dès lors, l’État béninois a pris des mesures pour stabiliser les prix d’achat des intrants afin de favoriser une campagne agricole performante. D’où l’interdiction à travers un communiqué en date du 5 mai 2022, de la sortie des intrants agricoles du territoire national.