COMMERCIALISATION DU KARITÉ AU BÉNIN : Malgré les apports significatifs du gouvernement, de nombreux défis restent à relever
La commercialisation du karité est une activité importante pour les producteurs et même les commerçants du Nord car elle représente une opportunité économique significative. Cependant, cette activité rencontre plusieurs défis qui doivent être résolus pour assurer son développement durable.
Vanessa ZANNOU
Au Benin, principalement au Nord, l’Or jaune a donné naissance à une industrie de plusieurs produits dérivés utilisés dans de nombreux domaines tels que la cosmétique, l’alimentation, la pharmacie et l’agriculture. À titre d’exemple, le beurre de karité, avec ses propriétés nourrissantes pour la peau et les cheveux, connaît une popularité croissante dans le secteur cosmétique. Les acteurs de la commercialisation du karité saisissent ces opportunités pour développer des gammes de produits dérivés de haute qualité, tels que des crèmes hydratantes, des baumes à lèvres et des shampoings. Sans oublier que la demande pour ces produits augmente à l’échelle internationale, créant ainsi un marché prometteur pour les producteurs.
« Nous sommes en train de nouer des partenariats entre la Côte d’Ivoire, la France etc., pour exporter le karité qui se fait au Bénin »,
fait comprendre Karim Adamon de la Société Natural SARL. Bien avant, il a eu à préciser qu’il y a beaucoup de produits fabriqués à base de karité au Togo et en Côte d’Ivoire. La Suisse quant à elle, l’utilise dans la chocolaterie. Également, il y a l’Allemagne et les Pays-Bas qui sont très demandeurs du karité. Selon lui, c’est un marché qui a un grand avenir devant lui. Ainsi, pour saisir ces opportunités, il est essentiel de renforcer les collaborations entre les différents acteurs de la filière.
Dans cette lancée, les acteurs de la commercialisation du karité font face à de nombreux défis. L’un des principaux réside dans la chaîne d’approvisionnement. Le traitement et la transformation des amandes de karité exigent une main-d’œuvre qualifiée, ainsi que des infrastructures adéquates. Malheureusement, ces aspects font souvent défaut dans certaines régions productrices principalement le Nord, ce qui limite la production et la qualité des produits finis. Tout d’abord, pour produire, il faudrait avoir la matière première qui est le karité. Le principal défi par rapport à l’acquisition de la matière première, c’est de pouvoir faire sortir ces amandes des forêts, là où elles se trouvent.
« Une fois que les femmes produisent, on a un réel problème à faire sortir ces produits de la cheminée vers les unités de production »,
renseigne Cornille DOSSOU-YOVO, chargé de développement de projets à LCB Corporation. Un autre aspect est que la production des arbres finit en début de saison des pluies. Et donc, les acteurs sont souvent gênés par les inondations et l’impraticabilité des voies en milieu rural. « Si on pouvait équiper les femmes en matière de tricycle, bassines, bottes qui leur permettent de mieux faire la collecte, cela faciliterait la tâche aux autres acteurs de la chaîne. Il faudrait que l’État puisse nous aider à avoir des voies praticables pour qu’on puisse réellement sortir la matière première vers nos unités », c’est ce que recommande Cornille DOSSOU-YOVO.
Selon ce dernier, ils sont confrontés également au problème de normes. Pas seulement celles mises en place par l’État mais aussi internationales. « Nous on fait du karité biologique, donc on doit se certifier soit à l’Ecocert ou d’autres normes. Nous avons besoin d’un accompagnement puisque cela coûte énormément cher. A peu près 5 millions ou 2,5 millions de FCFA par an pour renouveler le certificat. Donc si on pouvait avoir un apport, ça nous permettrait de plus exporter ces produits vers des pays européens où la demande est forte », fait savoir Cornille DOSSOU-YOVO. Relever donc ces défis permettrait à améliorer la commercialisation, leur apporter plus de clients et plus de revenus.
Il convient de noter que malgré les défis logistiques et de normalisation auxquels elle est confrontée, la commercialisation du karité et de ses produits dérivés connaît une évolution significative. Grâce à des efforts plus entreprenants de la part des autorités, le karité peut s’affirmer comme une ressource précieuse et lucrative pour les économies locales et les acteurs engagés dans sa commercialisation.