C’est déjà la sixième édition de cette belle initiative de l’UEMOA. Un bilan, bien évidemment, merveilleux et élogieux. Grâce à cela, le « Made in Benin » prend peu à peu de place. En un mot, l’espoir y est. Le « Mois du Consommons Local » est un rendez-vous national (octobre) porté par le Ministère de l’Industrie et du Commerce pour valoriser l’agro-industrie, l’artisanat et les filières locales. Il se traduit par des marchés d’exposition-vente, des panels, des formations et diverses actions de promotion. L’objectif n’a pas changé depuis 2019 : accroître la visibilité, l’accès au marché et la compétitivité des produits locaux. Mais quel bilan en tirer réellement ?
Un bilan surtout descriptif
Même si la campagne autour du Consommons Local bat son plein chaque année, le bilan reste contrasté. Peu, voire pas du tout, d’études publiques indépendantes mesurent son impact économique réel. De nombreuses contraintes structurelles persistent : qualité insuffisante, prix non compétitifs et forte concurrence des importations.
Plus loin, cette initiative demeure surtout comportementale et médiatique. Elle sensibilise, crée une dynamique de communication, mais la pérennisation du mouvement exige des actions structurelles continues, au-delà du seul mois d’octobre.
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Une édition 2025 étouffée par le bruit politique
Ce mercredi 15 octobre 2025, à la Place de l’Étoile Rouge à Cotonou, le gouvernement du Bénin procédait au lancement officiel du Marché National d’exposition-vente des produits locaux, dans le cadre du Mois du Consommons Local. Une belle initiative, certes, mais cette année, l’événement semble étouffé par l’actualité politique.
Un « Consommons Local » réussi dépend pourtant d’une communication qui inspire et touche. Or, dans le contexte actuel où les médias et réseaux sociaux sont saturés de débats politiques, la sensibilisation apparaît presque invisible. Les discours s’enchaînent, mais peu de citoyens les écoutent.
Le Consommons Local 2025 peine à se faire entendre. Il faut donc corriger le tir. Il reste encore quelques jours pour redynamiser la campagne et atteindre un plus grand public.
Il est urgent de repenser la démarche sur le long terme.
- Mettre en place un mécanisme d’évaluation annuelle de l’impact réel.
- Renforcer la formation des producteurs sur la qualité, l’emballage et la certification.
- Créer des incitations fiscales et des circuits de distribution durables pour les produits béninois.
- Impliquer les médias communautaires et les influenceurs locaux afin de faire vivre le message tout au long de l’année, pas seulement en octobre.
Le patriotisme économique ne se décrète pas, il se construit. Si l’on veut que le « Made in Benin » devienne un véritable réflexe, il faudra dépasser les slogans pour ancrer durablement la consommation locale dans les habitudes et les politiques publiques.
Jean-Baptiste HONTONNOU