CULTURE DU FRUIT DE LA PASSION : Une opportunité lucrative et méconnue au Bénin
Cultivé essentiellement en Afrique et spécifiquement au Bénin, le fruit de la passion est un fruit tropical à enveloppe rigide. Il contribue à la satisfaction de certains maux de la santé. Quelle est sa zone de culture et quels sont les techniques qui sont mises en place pour un bon rendu ?
Oyéyèmi AGANI
Originaire du Brésil, le fruit de la passion, communément appelé « passiflore » en Afrique, est découvert à la fin du XVIe siècle par les premiers missionnaires espagnols. C’est un fruit qui contient des grains noirs croquants entourés d’une pulpe orangée avec une texture se rapprochant d’une gelée. Il a une saveur véritablement unique, à la fois sucrée et acidulée. En effet, le fruit de la passion se cultive dans un environnement chaud, au soleil, à l’abri des vents froids ou desséchants, dans un sol riche, léger, humifère et bien drainé. « Sa période de culture est le mois de février-avril pour les fruits très juteux avec une pointe acidulée, puis juillet-octobre pour les fruits à la saveur sucrée plus marquée », souligne Michel Ezin, producteur du fruit.
Pour obtenir un bon rendement de fruits de la passion, deux aspects sont importants dans la gestion des arbres. Il s’agit « du tuteurage et de l’élagage », selon Michel Ezin. L’arbre du fruit de la passion est une plante grimpante qui pousse naturellement avec le soutien des autres arbres. Cette plante a une tige principale qui produit des tiges secondaires et tertiaires. Aussi est-il que les plants du fruit de la passion sont de gros mangeurs et nécessitent assez de fourniture d’engrais et d’eau tout au long de la saison de pousse. Elles sont soutenues par des piquets en béton, car ils prennent appui sur les bois pourris dans les zones où on les cultive et ils s’agrippent à des échalas et à des fils de fer. Leurs rameaux peuvent atteindre jusqu’à 50 mètres et la plupart des fruits poussent sur les tiges secondaires de la plante.
En outre, « pour une production optimale, il ne faut pas laisser les tiges secondaires et tertiaires s’entremêler avec la tige principale », laisse entendre le producteur. D’après lui, si l’on ne lave pas bien les tiges, la production est compromise. En plus, ces tiges seront attaquées par des maladies parce que les ravageurs se cachent en dessous. Ainsi, il est important de s’assurer que toutes les parties de la tige sont exposées à la lumière et qu’il y a une circulation d’aire suffisante à travers celle-ci.
Selon les études faites par Bashanfwa-Mpozi Bosco en 2019, en termes de superficie cultivée, le fruit de la passion occupe en moyenne 30% de la superficie disponible au Burundi contre 25% au Kenya et 28% au Rwanda. Cette forte occupation spatiale, dans un contexte de pénurie foncière, entraine une tendance à la diminution progressive des superficies consacrées aux autres cultures. On constate ainsi, qu’au Burundi, seulement 18% des terres occupées par le fruit de la passion étaient sous culture contre 64% des terres au Rwanda et 95% au Kenya. Cependant, c’est un fruit qui nécessite assez d’amour et de détermination. Très souvent, face à cette culture, les producteurs sont confrontés aux difficultés de financement, de variation de prix, des aléas climatiques. Également, il y a la rareté de main d’œuvre, des pertes post récolte, d’approvisionnement et de débouchés. Sa chair parfumée contenant de nombreuses petites graines noires constitue une très bonne source de fibre alimentaire et fait partie des fruits relativement caloriques. Toutefois, cette teneur en calories est à relativiser au vu des petites quantités consommées la plupart du temps. Le fruit de la passion contient un peu plus de 10% de glucides et près de 7% de fibres alimentaires.