ÉCONOMIE CIRCULAIRE ET GESTION DES DÉCHETS : « Elle rime bien avec le développement durable », Dr BRUN Landrique Estelle
Face à l’augmentation des déchets et à la pression croissante sur les ressources naturelles, l’économie circulaire apparaît comme une solution prometteuse. En favorisant le recyclage, la réutilisation et la réduction des déchets, cette approche propose de repenser nos modes de production et de consommation pour préserver notre environnement. Plus de précisions avec Dr BRUN Landrique Estelle, Géographe, Spécialité Gestion de l’Environnement en parle dans votre journal.
- En quoi consiste l’économie circulaire et en quoi elle diffère du modèle économique linéaire traditionnel ?
En effet, l’économie circulaire est un modèle de production et de consommation qui consiste à partager, réutiliser, réparer, rénover et recycler les produits et les matériaux existants le plus longtemps possible afin qu’ils conservent leur valeur. Elle se schématise sous forme de boucle, de cercle, de cycle, une vision systémique de l’économie dans lequel chaque étape entraîne la suivante. Cela veut dire qu’elle considère l’économie avec une vision globale de son système de la première extraction de matière première à la toute fin du dernier déchet, à toutes les étapes de la vie d’un produit. Il s’agit de passer d’une société du « tout jetable » à un modèle économique plus circulaire par les étapes suivantes : Réduire-Réutiliser-Recycler-Régénérer.
- Quel est selon vous, le rôle de l’économie circulaire dans la gestion des déchets ?
L’économie circulaire est un modèle économique qui vise à répondre à ces enjeux tels que préserver des ressources de notre environnement, de notre santé; permettre le développement économique et industriel des territoires; réduire les déchets et le gaspillage. Les objectifs de l’économie circulaire permettent de développer de nouvelles activités et de consolider des filières industrielles. Elle permet ainsi de créer des emplois locaux, pérennes et non délocalisables. L’économie circulaire fait partie du champ de l’économie verte. Les enjeux de l’économie circulaire sont à la fois environnementaux, économiques et sociaux. Et cela repose donc sur les trois (03) piliers du développement durable. La transition vers une économie circulaire est reconnue officiellement comme l’un des objectifs de la transition énergétique et écologique et comme l’un des engagements du développement durable. Elle nécessite de progresser dans plusieurs domaines et regroupe sept (07) piliers à savoir : l’approvisionnement durable , l’éco-conception , l’écologie industrielle et territoriale , l’économie de onctionnalité ,la consommation responsable , l’allongement de la durée d’usage ,l’amélioration de la prévention puis de la gestion et du recyclage des déchets.
- Quels sont les principaux avantages de l’économie circulaire en termes de réduction des déchets et de préservation des ressources naturelles ?
L’un des principaux avantages de l’économie circulaire se concentre autour des économies dites « intelligentes ». En optimisant l’utilisation de leurs ressources, les organisations peuvent réduire leurs coûts de production. C’est ainsi qu’elles deviennent également plus compétitives sur le marché face à la concurrence. Les entreprises commencent à entrevoir les avantages de l’économie circulaire, qui contribue à la compétitivité et à la pérennité de leurs activités. Six (06) avantages sont à intégrer dès aujourd’hui dans l’économie circulaire en entreprise. Il s’agit de réduire les coûts de production, respecter voire anticiper les réglementations, optimiser les ressources et les matières premières, contribuer à la protection de l’environnement, saisir des opportunités de business, favoriser l’engagement des parties prenantes.
- Comment l’économie circulaire peut-elle contribuer à la transition énergétique et écologique vers une société plus durable et respectueuse de l’environnement ?
En effet, ce modèle économique tend à réduire les impacts sur l’environnement (émissions de gaz à effet de serre, pollution, déchets) et à favoriser le développement durable, en produisant de la richesse et des emplois. D’après Circle Economy, deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviendraient de l’extraction, de la transformation et de la fabrication des biens de consommation. L’organisation précise également que l’économie circulaire, tout particulièrement le recyclage et la valorisation des objets en fin de vie, permettraient de réduire ces émissions de l’ordre de 39 %. Cela éviterait plusieurs milliards de tonnes d’émissions de CO2 et aiderait à limiter le réchauffement climatique à 2 °C, en phase avec les objectifs de l’Accord de Paris. En cela, l’économie circulaire joue un rôle clé dans la transition énergétique et écologique. Ainsi donc, la lutte contre des changements climatiques pourrait être conjuguée au passé avec ses effets d’atténuation ou de réduction.
- Quels sont les principaux défis à relever pour mettre en place une économie circulaire efficace et généralisée ?
Déjà, l’un des objectifs majeurs de l’économie circulaire est d’éviter le « gaspillage » : cela s’applique également dans le domaine des ressources humaines en permettant aux élèves, aux étudiants, aux chercheurs d’emploi et aux travailleurs d’obtenir et de garder un emploi de qualité sur le territoire. L’économie circulaire fait partie du champ de l’économie verte qui cadre bien avec la notion de l’économie de l’environnement. Et donc, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire a été promulguée le 10 février 2020, fruit d’un long travail de concertation et d’échanges avec les parties-prenantes. C’est une nouvelle loi adoptée qui fait son petit bonhomme de chemin au niveau mondial. La loi se décline autour de 5 grands axes : sortir du tout jetable , mieux informer les consommateurs, lutter contre le gaspillage et pour le réemploi solidaire , agir contre l’obsolescence programmée , mieux produire. La loi fixe de nouveaux objectifs, comme la fin du plastique jetable d’ici 2040. Pour y parvenir, elle introduit des interdictions progressives pour réduire l’utilisation du plastique à usage unique. Plusieurs mesures visent également à mieux informer les consommateurs comme l’harmonisation des couleurs des poubelles, la mise en place d’un logo unique pour faciliter le geste de tri ou la création de l’indice de réparabilité. La loi inscrit également l’interdiction d’éliminer les invendus non alimentaires et renforce la lutte contre le gaspillage alimentaire. Enfin, un volet important de la loi est consacré à la refonte des filières soumises à la responsabilité élargie du producteur: création de nouvelles filières, meilleure transparence, nouveaux objectifs, etc. Les enjeux de l’économie circulaire sont à la fois environnementaux, économiques et sociaux reposant donc sur les trois (03) piliers du développement durable.
- Quelles sont, selon vous les actions à mettre en œuvre pour favoriser le développement de l’économie circulaire et améliorer la gestion des déchets ?
En ce qui concerne les actions à mener pour favoriser le développement de l’économie circulaire et améliorer la gestion des déchets en entreprise, il faudra intégrer un certain nombre d’éléments à savoir : réduire la production de déchets, favoriser l’écologie industrielle et territoriale, repenser le cycle de vie de ses produits, produire davantage de biens éco-conçus. L’économie circulaire opte pour le traitement optimisé des déchets et réutilisation des eaux usées. Il s’agit entre autres de mettre en couvre certaines actions phares à savoir : la prise en charge et le traitement des déchets de chantier, le numérique au service de la gestion des ressources et des déchets, l’automatisation du tri des emballages recyclables, la réduction de la consommation des ressources liées à la consommation des populations à l’échelle mondiale, la réduction de 50 % des quantités de déchets non dangereux mis en décharge en 2025 par rapport à 2010 : La tendance vers 100 % de plastiques recyclés en 2025 , l’emballage des déchets dangereux , l’étiquetage des emballages et contenants , la valorisation des déchets par le biais d’un prestataire agréé , le traitement des déchets des bureaux dans les filières autorisées : réemploi, recyclage, autres solutions de valorisation comme la production d’énergie, et l’élimination.
- Votre mot de fin
La notion de l’économie circulaire rime bien avec celle du développement durable. A ce titre, tous les regards sont projetés et fixés vers l’atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD) où la préservation de l’environnement et l’ODD 13 (Lutte contre les changements climatiques) revêtent une importance capitale dans l’économie circulaire, une terminologie récente en vogue actuellement. Et ceci à travers une transition énergétique et écologique résiliente et intelligente par le biais d’une innovation durable sur l’échiquier mondial. Aussi, faudra-t-il soutenir les initiatives dans les domaines du réemploi, de la réutilisation et du recyclage, souvent portées par des structures de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). La nouvelle règle d’or est donc les 5R à savoir : Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler et Redonner à la terre. Ensemble, protégeons notre environnement à travers une innovation durable !
Propos recueillis par Opportune AHITCHEME