ENTRAIDE ENTRE FEMMES AGRICULTRICES EN MILIEU RURAL BIALI : Une tradition empreinte de profits
En cette saison de pluie dans les milieux ruraux biali, les femmes agricultrices adoptent divers moyens tels que la solidarité pour accélérer l’exercice de leurs activités champêtres. Cette pratique traditionnelle est empreinte de profits pour ces dernières.
Femmes agricultrices rurales.
Bambo Nestor NOANTI
Dans la plupart des sociétés rurales contemporaines en Afrique, une partie importante du travail agricole fait encore l’objet de relations d’entraide entre les femmes, mobilisant les membres de plusieurs unités de production: voisines, parents ou alliées, amies voire l’ensemble de la communauté villageoise. C’est par exemple, dans le département de l’Atacora au Bénin, plus précisément dans la communauté « biali », la figure paysanne des semailles, des chantiers de moisson et surtout de battage des céréales qui fonctionne du temps des ancêtres jusqu’à ces jours. « L’entraide entre nous, femmes agricultrices est une pratique qui date de très longtemps et qui continue d’exister chez nous, peuple biali », laisse entendre Marie Kassa, agricultrice à Parakou, originaire de Santchahoun, dans la commune de Materi.
À l’en croire, l’entraide entre femmes agricultrices rurales en milieu biali est un héritage qui se perpétue de génération en génération. Elle consiste, selon dame Marie, à solliciter l’aide de bon nombre de femmes en cas de manque de moyens pour financer leurs activités champêtres. « Nous sollicitons souvent l’aide de nos amies, voisines, parents ou proches, à nous porter un coup de main pendant les semailles ou les récoltes des céréales tels que le riz, le maïs, le Soja et autres. En retour, nous faisons une cuisine particulière pour nos invitées », notifie-t-elle. Cette pratique ajoute-t-elle, se fait à tour de rôle selon les besoins de chacune.
Femmes agricultrices rurales.
Plusieurs avantages sont liés à cette pratique. Elle permet non seulement d’accélérer les activités champêtres avec moins de dépenses, mais aussi et surtout de créer une certaine fraternité ou solidarité entre ces femmes. « La plupart du temps, nous invitons d’autres femmes afin d’accélérer le rythme dans nos activités par manque de moyens financiers. Mais au fil du temps, nous devenons une famille », explique Pinagui Gnammi, agricultrice de la même localité. Selon elle, cette pratique leur permet également de soutenir effectivement leurs époux dans l’exercice de leurs activités champêtres.
Par ailleurs, il faut noter qu’en milieu biali, l’entraide entre agriculteurs se pratique chez toutes les couches sociales. Les hommes, les jeunes et parfois les enfants, disent-elles (Marie et Pinagui), invitent aussi leurs amis ou proches dans le cadre de leurs activités champêtres. Rappelons que dans la société rurale biali, l’entraide reste essentielle. Elle contribue au bon fonctionnement du système agricole et renforce les liens entre les femmes de la communauté. A travers cette pratique, les agricultrices de la communauté biali constituent une véritable source dinspiration pour le reste des femmes africaines et béninoises en particulier.