FACILITATION DE L’ACCESS AU FINANCEMENT AU BÉNIN: ACMA 2 mise sur la finance digitale comme moyen d’accélérer l’inclusion financière entre acteurs
Du 2 au 3 février 2021 s’est déroulé à Porto-Novo, un atelier d’échange sur la finance digitale. C’est un atelier initié par le programme Approche Communale pour le Marché Agricole du Bénin phase 2 (ACMA2). Il a réuni les différentes parties prenantes de la finance digitale ainsi que les acteurs dudit programme.
Par Hermione ADJANOHOUN
En moyenne, sur le continent Africain, seule une famille sur cinq détient un compte courant dans une institution bancaire. Dans ce contexte, bon nombre de personnes n’ont pas accès aux services bancaires traditionnels. Défini comme le fait de développer des services financiers à l’aide de moyens de transaction électronique, notamment grâce aux services financiers mobiles, permettant des transactions via téléphone mobile, la finance digitale est très dynamique sur le continent même si, par ailleurs, elle est encore loin du dynamisme des marchés de l’Est.
Conscients du potentiel de transformation économique lié à la finance digitale, de nombreux acteurs financiers, politiques et autres du secteur privé multiplient les initiatives de digitalisation des systèmes financiers. C’est le cas du programme Approches Communale pour le Marché Agricole (ACMA) phase 2, financé par l’Ambassade des Pays-Bas au Bénin et mis en œuvre par le consortium IFDC, KIT et CARE Bénin/Togo, dont l’un des axes d’intervention est centré sur la finance digitale. A ce titre plusieurs actions et activités sont organisées par les responsables de ce programme soit pour sensibiliser, soit pour accompagner les bénéficiaires à adopter cette initiative.
C’est dans ce contexte que s’inscrit le présent atelier qui vise à faire une présentation des dispositifs d’appui des bénéficiaires du programme ACMA 2 (PEA IEM, RPA) et sensibiliser les acteurs sur l’importance de la finance digitale dans la stratégie de l’inclusion financière. Les participants ont eu au cours de l’atelier à partager les expériences pouvant servir de base de réflexion ou d’alternative pour introduire la finance digitale au niveau des PEA, les IEM, les RPA, etc.
Pour Colette Biga spécialiste accès au financement au sein du programme ACMA2, cet atelier est une occasion propice pour revenir sur le dispositif mis en place par le programme ACMA2. Ce dispositif consiste à mettre en place des pôles d’entreprises, à réorganiser les coopératives, à leur faciliter le crédit, et à instaurer un système de TIC très performant, qui sont des outils mis en place par le programme qui permettent de rendre les acteurs plus autonomes. « Mais le volet accès au financement vient couronner tout le travail fait. Le programme à faciliter en 2020 près de 5 milliards de franc CFA de vente. Donc vous imaginez un peu le transport de cash qui se fait entre les mains de ces acteurs. Le souci aujourd’hui, c’est d’éviter au maximum le transport de cash. C’est pour ça que nous avons mis un accent sur la finance digitale. Au sein de toutes les infrastructures que le programme a construites nous devons pouvoir digitaliser quelque chose pour faire fonctionner le programme », a-t-elle ajouté. Selon ces explications, l’opérationnalisation de la finance digitale par les acteurs agricoles peine à décoller parce que ces derniers ne sont pas encore convaincus de l’importance de la finance digitale, ils ne savent pas que le téléphone est un outil puissant qui peut sécuriser les transactions financières. Toutefois cet atelier a permis à certains de percevoir le bien –fondé de l’initiative. La présence des représentants de téléphonie mobile au Bénin (MTN et MOOV AFRICA) à cet atelier d’échange a levé l’inquiétude de certains acteurs agricoles. Du coté des structures financières décentralisés et des opérateurs de téléphonie mobile, les dispositions sont déjà prises pour un meilleur accompagnement des acteurs agricoles pour l’opérationnalisation de la finance digitale. Harry Houndégla, Chef service développement et instrumentalisation de la FECECAM Bénin (Faitière des CLCAM) a noté que cette mesure vient faciliter la vie aux clients, et sa structure s’est déjà dotée de sa plateforme de finance digitale. « Nous avons déjà notre application mobile qui est disponible et téléchargeable sur Play store pour les clients qui pourront facilement faire leurs transactions à partir de leur potable », a-t-il notifié.
Selon lui, les SFD sont conscients de l’enjeu. Pour lui, le SFD qui veut vivre d’ici 4 ou 5 ans doit passer par la digitalisation. « Aujourd’hui, il est très important pour chaque acteur agricole d’opter pour la finance digitale, c’est vrai que les débuts sont difficiles. Moov Africa a déjà commencé cette bataille sur le terrain avec les différents acteurs. Nous avions commencé la phase pilote avec les producteurs de riz même si cela peine à décoller. Les acteurs sont réticents, mais c’est à nous de leur monter l’intérêt et les avantages liées à la digitalisation » a affirmé Kitihoun WIilfrang, responsable partenariat Moov Africa.
Transporter une importante somme d’argent d’une région à une autre n’est pas sans risque. Les acteurs sont souvent confrontés à certaines difficultés comme les braquages, le vol. Des choses qui peuvent causer parfois des pertes en vie humaine. Il importe selon le responsable partenariat de Moov Africa de permettre à toutes les coopératives de disposer d’un numéro de payement, et aux SFD d’avoir des plateformes de payement. Et aux opérateurs de téléphonie mobile, de sensibiliser les acteurs et de leur faire comprendre qu’ils ne sont plus obligés de se déplacer avant d’être en possession de leur argent. Colette Biga a exhorté les acteurs à s’animer d’un esprit d’ouverture face à l’innovation du programme puisqu’il s’agit de la traçabilité de toutes leurs opérations financières ainsi que de leur sécurité.
Quant aux participants l’initiative prise par le programme ACMA2 sur la finance digitale est salutaire. Florentine Gnancadja, Présidente des commerçantes du gari dans la commune d’Adja-Ouèrè, affirme que la finance digitale est une option inévitable et très sécurisante. « C’est une opportunité que nous acteurs devront saisir pour la sécurisation des fonds de nos membres et les nôtres aussi. A mon retour sur le terrain, je vais sensibiliser les femmes de ma coopérative à y adhérer », nous a-t-elle confié. « Il ne faudrait plus que l’argent circule de main en main. La finance digitale vient à point nommé et il est important d’évoluer avec le temps. Nous sommes à l’air du numérique et nous allons nous y faire face », a signalé Koudafoké Louis, Président de l’Union communale des transformateurs des produits de palmier à huile (UCTPPH) dans la commune d’Avrankou. Il a également remercié le programme ACMA2 pour les multiples réalisations faites dans le département de l’Ouémè.
Pour une opérationnalisation effective de la finance digitale, une phase pilote sur le warrantage va démarrer d’ici le mois de mars et les solutions alternatives proposées par les opérateurs de téléphonie mobile seront expérimentées.