Depuis sa création, le Fonds National de Développement Agricole (FNDA) s’impose comme un levier stratégique majeur pour la transformation et la compétitivité du secteur agricole béninois. Sous la direction du Dr Nicolas Ahouissoussi, nommé en juin 2023, l’établissement public contribue activement au dynamisme de l’agriculture nationale grâce à des mécanismes de financement adaptés, un accompagnement mieux structuré et des outils innovants de gestion des risques.
En effet, le FNDA a été conçu pour restructurer, faciliter le financement et professionnaliser les filières agricoles. Pour ce faire, il intervient à travers trois guichets complémentaires, chacun subdivisé en sous-guichets distincts. Ainsi :
-
Le guichet 1 est dédié aux subventions aux investissements agricoles ;
-
Le guichet 2 cible l’accès aux services non financiers ;
-
Et le guichet 3 est consacré à l’accès aux services financiers.
Cette architecture intégrée permet, par conséquent, de répondre aux besoins concrets des producteurs et promoteurs agricoles sur l’ensemble des chaînes de valeur.
Entre 2020 et 2024, grâce à une enveloppe globale de 25,677 milliards FCFA, le FNDA a pu faciliter plus de 82,814 milliards FCFA de financements, impactant près de 6 729 projets et 29 016 bénéficiaires directs, dont plus de 10 000 femmes. À lui seul, le guichet 3 a permis de mobiliser 75,111 milliards FCFA de crédits au profit de 6 638 projets agricoles.
Le financement adapté au cœur de la stratégie
Accéder au crédit demeure, cependant, un défi majeur pour les exploitants agricoles. Dans cette optique, le FNDA collabore, depuis 2023, avec 18 institutions de microfinance et 10 banques, dans le but de lever les barrières liées au coût élevé du crédit, aux exigences de garantie, et au manque d’offres financières adaptées.
Ainsi, des mécanismes tels que la garantie, le refinancement et la bonification des taux d’intérêt ont été mis en place. Grâce à eux, 11 700 producteurs, dont 4 645 femmes, ont été financées pour un montant global dépassant 75 milliards FCFA.
Par ailleurs, l’État béninois soutient activement ce dispositif en y injectant une ligne de financement de 100 milliards FCFA, dont 43 milliards FCFA ont déjà été mobilisés auprès des partenaires techniques et financiers.
Des infrastructures concrètes pour valoriser les filières
Depuis mars 2025, le FNDA a accompagné la mise en service de plusieurs unités de transformation dans l’Atacora, avec l’appui de la Coopération suisse. Notamment, deux unités de transformation du karité à Matéri et Cobly, une pour le riz à Tanda, et une autre pour le soja à Serhounguè.
De plus, ces projets incluent des entrepôts d’une capacité de 700 tonnes, des forages solaires et des périmètres maraîchers, contribuant ainsi à renforcer la résilience et la rentabilité des exploitations.
De ce fait, ces infrastructures participent non seulement à la réduction des pertes post-récolte, mais également à l’amélioration de la sécurité alimentaire et à la création de valeur ajoutée locale.
L’innovation au service de la résilience : l’assurance agricole indicielle
Le 4 mars 2025, le FNDA a lancé à Cotonou un projet pilote d’assurance agricole à indice de rendement. Ce dispositif issu du partenariat avec NSIA Assurances Bénin et le cabinet Pula Advisors couvre les cultures du riz, du coton et l’élevage, avec un objectif de 100 000 bénéficiaires d’ici à 2026. L’assurance est indexée sur les rendements agricoles mesurés par satellite et données terrain.
Ce qui garantit des indemnisations automatiques en cas de rendement insuffisant. Dès la première campagne, 11 000 riziculteurs ont été assurés et ont reçu 106 945 441 FCFA d’indemnisations. Le dispositif bénéficie d’une forte subvention des partenaires (LuxDev, Coopération suisse) et de l’État. Par exemple, pour 1,5 ha de riz, la prime réelle de 13 650 FCFA est réduite à 2 730 FCFA pour le producteur. Sur 2 hectares de coton emblavés, le montant nécessaire pour payer la prime d’assurance est de 27 540 francs CFA. Il n’est demandé au producteur qu’une contribution de 5 5508 francs CFA. De même, un éleveur de deux têtes de gros bétail paie seulement 4 698 FCFA sur une prime totale de 23 490 FCFA.
Cette politique de soutien rend l’assurance accessible à des petits producteurs jusque-là exclus de tels dispositifs, tout en favorisant leur autonomie progressive face aux aléas climatiques.
Une implication multi-acteurs
Le succès du projet repose sur une coordination étroite entre le FNDA, les compagnies d’assurance, les partenaires techniques et les institutions financières décentralisées (SFD). Ces dernières sont mobilisées pour faciliter la souscription, le suivi, le recouvrement et l’intégration de l’assurance dans les crédits agricoles. En avril 2025, une rencontre avec les SFD a permis d’harmoniser les rôles et d’outiller les acteurs sur les modalités du projet pilote d’assurance agricole.
Des perspectives consolidées
De 2020 à 2024, près de 6729 projets agricoles ont été réalisés. Dès le premier trimestre 2025, le FNDA a déjà engagé 6,243 milliards FCFA tous guichets confondus. L’année en cours est axée sur l’intensification de la communication ; l’accroissement des subventions ; l’amélioration des mécanismes de financement basés sur les clusters ; et la poursuite de la généralisation de l’assurance agricole.
Lire aussi : FUPRO-BÉNIN : Athanase Aguiya plébiscité pour un nouveau mandat de 5 ans
Maëlle ANATO