GESTION DES FORÊTS AU BÉNIN : Une règlementation renforcée pour préserver les ressources forestières
La pression démographique croissante et les pratiques agricoles intensives exercent une forte pression sur les ressources forestières au Bénin. Face à ces défis, des mesures réglementaires sont mises en place pour garantir une gestion durable et efficace des forêts.
Opportune AHITCHEME
La réglementation forestière au Bénin consiste en un ensemble de règles définissant la gestion rationnelle des ressources forestières. Selon le Lieutenant-Colonel SEKO N’GOYE, Directeur de la Législation, de la Protection des Forêts et du Contentieux à la Direction Générale des Eaux, Forêts et Chasse (DGEFC), l’objectif principal est d’assurer la durabilité des ressources face à l’augmentation des besoins de la population. Les textes de loi, les guides et les directives établissent les règles de gestion et d’exploitation des ressources forestières pour garantir leur pérennité.
Le Bénin dispose de plusieurs textes clés pour encadrer la gestion forestière. La Loi 93-009 du 2 juillet 1993 fixe le régime des forêts, tandis que la Loi n° 2002 – 16 du 18 octobre 2004 porte sur le régime de la faune. D’autres lois, telles que la Loi n° 98-030 du 12 février 1999 sur l’environnement, la Loi n° 2018-20 du 23 avril 2019 sur le Code pastoral, et la Loi n° 2018-18 du 6 août 2018 sur les changements climatiques, apportent également des dispositions pertinentes pour le secteur.
La Direction Générale des Eaux, Forêts et Chasse est chargée du contrôle de la réglementation forestière. « La mission de contrôle comprend l’information, la sensibilisation, l’organisation de missions de contrôle, et la gestion des contentieux forestiers, » explique le Lieutenant-Colonel. Des brigades, des patrouilles et des ratissages sont utilisés pour surveiller l’exploitation et la circulation des produits forestiers, tandis que les infractions sont sanctionnées par des amendes et des peines d’emprisonnement.
Les principaux acteurs de la gestion forestière incluent les usagers (exploitants, commerçants, industriels), le personnel forestier, et le personnel judiciaire. « Chacun joue un rôle crucial dans l’application et le respect des réglementations, » souligne le Colonel SEKO N’GOYE.
L’un des défis majeurs est l’impact de l’agriculture itinérante. « L’utilisation du feu pour le défrichement rend difficile l’application stricte de la réglementation forestière, » note-t-il. Cette approche agricole, bien que vitale pour l’économie, contribue à la déforestation et complique la conservation des forêts.
Les textes législatifs définissent les infractions et les sanctions associées à la réglementation forestière. Par exemple, l’Article 104 de la Loi 93-009 stipule que « Quiconque aura exercé sans être agréé la profession d’exploitant forestier sera puni d’une amende de 50.000 à 1.000.000 francs et d’une peine d’emprisonnement de trois mois à trois ans. » Les amendes sont versées au Trésor public, et les produits forestiers irréguliers saisis peuvent être vendus.
Les communautés locales sont impliquées dans la gestion forestière à travers le Plan d’Aménagement et de Gestion Participative des forêts. « Ce plan définit le rôle des populations locales, qui bénéficient des revenus générés par l’exploitation des ressources forestières, » précise le Colonel SEKO N’GOYE.
Le principal projet en cours est l’élaboration du Code forestier. « Ce code regroupera en un seul document tout l’arsenal juridique du secteur forestier et intégrera les nouvelles orientations de la politique forestière adoptée en 2023, » indique-t-il.
Pour améliorer la mise en œuvre de la réglementation, il est crucial de renforcer les capacités du personnel forestier et de fournir des équipements modernes, tels que des drones. « La modernisation du secteur agricole est également nécessaire pour réduire l’impact sur les forêts, » conclut le Lieutenant-Colonel SEKO N’GOYE.
La gestion forestière au Bénin, bien que confrontée à des défis importants, bénéficie d’une réglementation en constante évolution et d’initiatives ambitieuses. Avec des efforts continus pour renforcer le contrôle, améliorer la participation des communautés locales, et moderniser les pratiques agricoles, le pays peut espérer une gestion durable de ses précieuses ressources forestières.