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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

HAUSSE DU PRIX DES CEREALES AU BENIN : Vendeurs et consommateurs face à une situation difficile à expliquer

 HAUSSE DU PRIX DES CEREALES AU BENIN : Vendeurs et consommateurs face à une situation difficile à expliquer

Au Bénin comme ailleurs, les céréales constituent la base de l’alimentation de la population. Ils sont disponibles presqu’un peu partout. Mais de jours en jours, le coût de ces céréales balance et varie d’une zone à une autre. Une situation qui s’explique difficilement laissant les vendeurs et les consommateurs dans une impasse totale.

Vanessa ZANNOU

Maïs, soja, haricot, voandzou, niébé, fonio, sorgho, mil, riz, arachide, sont la plupart des céréales retrouvées dans différents marchés et qui font partie de celles qui coulent à Cotonou et environs. Très prisées, car étant la base de l’alimentation au Bénin. Partout, ce commerce aussi bien au marché que dans les rues et maisons, est florissant. Cependant, à l’heure actuelle, le comble est que les nouveaux prix de ces céréales ne permettent pas aux populations de s’en procurer à leur aise, d’en manger et d’avoir une bonne alimentation.

En effet, le sac de 50Kg du maïs qui était à 25 000 FCFA, est aujourd’hui à 33 000F CFA au Marché Dantokpa. Quant au sac de 50 Kg du haricot, le prix est désormais de 25 000 FCFA voire 30 000F CFA. Ce qui était auparavant vendu entre 22 000 F CFA et 25 000 FCFA et dont le kilogramme était à 450 F CFA voire 500 F CFA. Sauf que certaines vendeuses pensent que le haricot blanc serait en abondance et que le rouge par contre ne l’est pas. Le voandzou, quant à lui est à 45 000 F CFA, le sac de 50Kg. Pour ce qui est du mil et du sorgho, c’est en fonction de ce que vend le producteur. Par ailleurs, ce n’est pas une situation typique à une seule zone au Bénin. Du Nord au Sud, c’est le même vent qui semble souffler.

A Natitingou, le prix du maïs dicte également sa loi

Dans le département de l’Atacora au Bénin, plusieurs sont les femmes qui se consacrent à la vente de céréales, notamment le sorgho, le fonio et le maïs. Rencontrées dans le marché Tchakitibam de Parakou et le marché de Natitingou, ces femmes expriment leur mécontentement face à l’augmentation constante du prix du maïs. Pélagie Sokpo, une mère de cinq enfants qui vend de l’akassa au quartier Yimporima à Natitingou, déclare :

« le maïs est la base de nos repas. Il était abordable avant, mais maintenant, c’est presqu’un luxe. Le prix est problématique et nous en souffrons ».

Pour Elisabeth Nassi, mère de quatre enfants et vendeuse périodique de bouillie à Tchirimina, elle est souvent obligée de sacrifier d’autres dépenses pour acheter du maïs afin de maintenir son activité de vente de bouillie et de subvenir aux besoins de sa petite famille. Ainsi, le fardeau est lourd pour ces femmes qui luttent, car le coût de la bassine et du sac de maïs a considérablement augmenté par rapport aux années précédentes.

Selon une vendeuse de maïs souhaitant rester anonyme, le prix de la bassine de maïs était d’environ 6200 francs CFA et le sac de 30 kg se vendait à 25 000 francs CFA. Aujourd’hui, la bassine a augmenté d’environ 2300 francs CFA et le prix du sac de 30 kg a augmenté d’environ 7000 francs CFA de plus. Cette hausse est qualifiée de calvaire pour les commerçantes.

Des probables raisons qui expliquent la situation

Si certaines vendeuses ignorent vraiment les raisons, d’autres estiment que la hausse s’explique par le fait que les producteurs livrent ces céréales à une forte somme. Tant dans le marché Dantokpa que dans ceux de Natitingou, unanimes sont les réponses servies. Pour les commerçantes de Natitingou, cette augmentation drastique du prix du maïs serait due à la hausse du coût des engrais et à la baisse excessive du prix du soja. Ainsi, les producteurs auraient augmenté le prix du maïs considérant sa demande croissante. Les vendeuses n’ont pas d’autres raisons outre ces hypothèses. Certes une situation compliquée, mais aussi profitable. Il est clair que la hausse du prix des céréales n’est aucunement une situation reluisante pour les consommateurs, mais elle l’est peut-être pour les vendeuses. Elle paraitrait être une aubaine pour ces dernières qui n’hésitent pas à tirer profit. Du grossiste et semi-grossiste jusqu’aux détaillants en passant par les vendeuses à domicile, chacun y trouve son compte et fidélisent les clients. Le commerce de céréales est un business qui nourrit celles qui s’y adonnent quelle que soit la période de l’année. Dame Mireille, la trentaine se confie : « c’est un commerce qui marche lorsque vous avez des clients fidèles et que vous ne cherchez pas trop à les taxer. Pour maintenir la clientèle, il faut disposer de livreurs de confiance qui trouvent aussi leur compte dans ce commerce ». Elle ajoute en affirmant qu’une fois l’approvisionnement assuré, « il faut nettoyer les céréales des déchets et attendre les premiers clients qui sont pour la plupart des restauratrices et des vendeuses à domicile et des semis grossistes ». Pour être concrète, cette vendeuse avoue avoir l’habitude de livrer plus de 100 sacs par mois avec un profit de près de 250 000F CFA voire 300 000F CFA. Un business vraiment rentable pour elle. Donc, plus le prix du maïs augmente, plus ses bénéfices connaissent une hausse. Seuls les consommateurs vont en souffrir.

Dans l’impasse, les consommateurs crient ras le bol

Tout comme ces vendeuses, les consommateurs s’adaptent à la situation, n’ayant vraiment pas le choix. La belle preuve, selon l’INSTAD, la consommation des céréales non transformées au mois de juillet est de plus de 3,3% comparativement au mois précèdent. Ceci, en lien avec la hausse saisonnière des prix du maïs en grain et du sorgho. Pour appuyer cette statistique, un citoyen anonyme rencontré dans le marché Dantokpa affirme que « c’est une évidence ».

« Chaque jour, l’homme est tenu de manger. Du coup, peu importe le prix des céréales, nous allons en acheter »,

a-t-il fait savoir. Le menuisier Jérémie H. va à son tour tenter de lancer un coup de gueule. « C’est vraiment dommage ce que nous vivons, car quotidiennement nous nourrissons l’espoir que ça va s’améliorer mais ça ne fait qu’empirer. Et la faute n’est pas à nous consommateurs ou producteurs, mais à nos dirigeants qui font semblant de nous aider », a-t-il laissé entendre.

Pour rappel, les prix des céréales ont enregistré une baisse dans la première semaine du mois de février au Bénin, selon une enquête de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSTAD). Mais depuis un bout de temps, cela semble encore revenir à la hausse, ce qui ne laisse pas le choix non seulement aux vendeuses mais aussi aux consommateurs.

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