INSECTES DE CONSOMMATION : Une filière d’intérêt pour la nutrition animale
L’élevage est une activité essentielle dans l’essor de l’économie nationale. Toutefois, les acteurs de ce secteur font face à des challenges, notamment celui de la gestion de la nutrition des animaux. Pour pallier ce problème, le développement de la filière insectes de consommation se révèle être une piste de solution.
Des insectes propres à la consommation
Maëlle Anato
La consommation d’insectes par les animaux est une pratique qui ne date pas d’hier. Dans un article datant de janvier 2014, la FAO incite à la promotion des insectes pour la nutrition du bétail et des poissons. «Les insectes peuvent être utilisés comme source d’aliments complémentaires. Les insectes les plus prometteurs en termes de production sont les larves de la mouche soldat noire, les vers de farine ou ténébrion, les vers à soie et les sauterelles.» a précisé l’institution internationale.
Ceci s’explique par le fait que le régime alimentaire insectivore présente une pléthore d’avantages . Les 15 et 16 juillet 2024 à Grand-Popo , la commission permanente Agriculture, Élevage, Pêche, Foresterie et Arboriculture de l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin (ANSALB) a tenu un atelier de formation portant sur l’intérêt de cette filière durable. Des chercheurs et aviculteurs ont mis en lumière les avancées technologiques quant à l’introduction des insectes et larves d’insectes dans la nutrition animale. Leur utilisation des insectes dans l’alimentation animale permet de réduire les coûts de production pour les éleveurs. En effet, nourrir les animaux avec de la farine de poisson, des tourteaux de soja représente plus de 70% d’investissement. Or, les insectes comestibles sont une source importante d’acides gras polyinsaturés, de fer, de calcium et surtout de protéines meilleures que celles des céréales et légumineuses utilisées comme provendes.
D’après des études menées par l’Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) , il ressort que les asticots ou larves des mouches accélèrent la croissance dans le cadre d’un régime équilibré des poulets, des porcs, des poissons-chat, et tilapias. Cela, peu importe la forme de consommation (frais, séchés ou en farine) . De plus, le Chef du Programme de Recherche sur la viande et les œufs au Centre de Recherches Agricoles en Productions Animales et Halieutique (CRAPAH), Kocou Aimé Edénakpo, a souligné que les asticots frais complémentés à la ration alimentaire permettent de déclencher la ponte de manière continue chez les poules en l’absence de coq, avec un nombre moyen de 23 œufs par poule par couvée. Les vers de farine peuvent aussi être cultivés à partir de déchets à faible valeur nutritive et servir à la nutrition des poulets de chair.
Par ailleurs ,cette filière est susceptible de créer de nouveaux emplois, offrant des revenus aux petits agriculteurs et entrepreneurs locaux. Sachant que les larves de mouches soldat noir (Hermetia illucens), les vers de farine (Tenebrio molitor) , les larves d’hanneton sont particulièrement prometteurs, il est possible d’envisager cette activité comme un mini-élevage destiné à la nutrition animale. Pour cela, il faut un dispositif d’élevage (cages, bacs en terre, mangeoires, boîtes de ponte). Ensuite, il y a la capture des géniteurs en pleine nature ou dans un insectarium, la production des œufs par les adultes femelles, l’incubation et l’éclosion des œufs. Le développement de cette filière au Bénin pourrait répondre à plusieurs problèmes économiques, à condition qu’il y ait la vulgarisation et un réel appui technique à l’élevage des insectes comestibles.