EMPLOYABILITE DES JEUNES

Les jeunes n’ont pas toujours accès à l’information nécessaire. Par ailleurs, la formation qu’ils reçoivent ne correspond souvent pas aux besoins réels du marché.

« Le défi majeur est l’accès à l’information », Vénus Akokponhoué, Plan International Bénin

Alors que de nombreux jeunes peinent encore à s’insérer dans le tissu socio-économique, l’entrepreneuriat se présente comme une voie d’avenir. Toutefois, entre manque d’information, formations inadaptées, difficultés d’accès au financement et au marché, le chemin reste semé d’embûches.

Pour mieux comprendre les défis et les solutions possibles, nous avons reçu au cours de cet entretien, Vénus Akokponhoué, Conseiller Technique Éducation, Engagement des Jeunes et SOYEE à Plan International Bénin, une organisation engagée pour l’autonomisation des jeunes.

Les jeunes n’ont pas toujours accès à l’information nécessaire. Par ailleurs, la formation qu’ils reçoivent ne correspond souvent pas aux besoins réels du marché.

 

Quelles sont les difficultés auxquelles les jeunes sont confrontées ?

Les jeunes n’ont pas toujours accès à l’information nécessaire. Par ailleurs, la formation qu’ils reçoivent ne correspond souvent pas aux besoins réels du marché.

Parmi les principaux obstacles auxquels sont confrontés les jeunes, le premier reste la formation inadaptée au marché de l’emploi. C’est pourquoi, chaque fois que nous élaborons un projet d’autonomisation économique des jeunes, la toute première activité que nous mettons en œuvre consiste à réaliser un diagnostic des activités économiques et des besoins du marché local.

À chaque conception de projet, cette étape de diagnostic est intégrée afin de garantir que les formations proposées soient en adéquation avec la demande réelle.

Le deuxième défi majeur est l’accès à l’information. Les jeunes manquent cruellement d’informations fiables sur les opportunités disponibles. Pourtant, il en existe beaucoup. C’est pourquoi nous travaillons à améliorer leur accès à cette information, afin qu’ils puissent mieux s’orienter et saisir les bonnes opportunités.

Le troisième obstacle concerne l’accès au financement. C’est pour cette raison que nous participons régulièrement au salon Agrifinance, dans le but de mettre les jeunes en relation avec les institutions financières. Un autre frein rencontré par les jeunes est l’accès au marché.

Que fait Plan International Bénin pour accompagner les jeunes ?

Pour y remédier, nous les accompagnons dans l’amélioration de leurs productions, en favorisant l’innovation. Nous parlons d’ailleurs souvent de compétition perpétuelle : il s’agit d’améliorer leurs produits pour les rendre non seulement accessibles, mais aussi compétitifs face aux produits importés.

Plan international Bénin menons aussi un important travail de plaidoyer pour faciliter l’accès des jeunes au marché, à une formation pertinente, et à l’information utile, afin qu’ils soient réellement préparés à s’intégrer dans le monde économique et commercial.

Nous avons constaté un déclic, non seulement chez les jeunes eux-mêmes, mais aussi au sein des communautés. Les jeunes commencent à croire en eux, et les communautés commencent à croire en leur potentiel entrepreneurial.

Vous parlez aussi d’un changement de mentalité dans les communautés. De quoi s’agit-il ?

Autrefois, lorsqu’un jeune exprimait le souhait de suivre une formation pratique plutôt que de poursuivre des études universitaires, les parents s’y opposaient. Ils exigeaient que leur enfant obtienne d’abord un diplôme avant d’envisager toute autre chose. Aujourd’hui, on observe un changement : dès la classe de troisième ou en terminale, des parents encouragent désormais leurs enfants à se former dans des filières concrètes, qui répondent aux besoins du marché.

Ce changement de mentalité témoigne du fait que les jeunes ont repris confiance en eux. Certains viennent même nous voir pour demander comment bénéficier du soutien de leurs parents et des structures d’accompagnement.Au niveau Salon Agrifinance, nous constatons une réelle différence entre un jeune accompagné et un jeune laissé à lui-même.

Plan International Bénin intervient dans les 77 communes du pays avec plusieurs programmes d’autonomisation économique. Nous sommes notamment actifs dans le département de l’Atacora à travers le projet DGD Impactel, qui couvre cinq communes. Ce projet est également déployé dans six communes du Littoral. Nous avons aussi le projet IEWA, qui intervient dans cinq communes du Zou et de l’Ouémé, ainsi que le projet SWEDD.

Quelle est l’utilité de votre approche ?

Dans notre approche, nous travaillons avec différentes catégories de jeunes, en tenant compte de leur niveau socio-économique. Pour les jeunes les plus vulnérables, une stratégie d’accompagnement spécifique est mise en place. Pour les autres, nous favorisons leur insertion professionnelle par la mise en stage.

Après ces stages, certains jeunes, grâce à leur engagement et à leurs compétences, parviennent à décrocher des emplois auprès des structures qui les ont accueillis.

Quel rôle joue le gouvernement dans cet accompagnement ?

Nous avons également noté un engagement réel du gouvernement en faveur de la jeunesse, avec plusieurs projets et initiatives, comme ceux portés par l’ADPME (Agence de Développement des Petites et Moyennes Entreprises), qui accompagne les jeunes à travers divers programmes.

Chez nous, l’accompagnement ne se limite pas à produire des chiffres. Il s’agit d’un suivi personnalisé. Nous réalisons d’abord un diagnostic entrepreneurial du jeune à l’aide d’outils d’évaluation, pour identifier son profil et ses capacités. Ensuite, nous mettons en place un plan d’accompagnement sur mesure.

Ceux qui n’ont pas encore bénéficié d’une formation adaptée sont orientés vers des centres de formation pour des sessions d’un mois, deux mois, voire trois mois. À leur sortie, ils reçoivent un kit de démarrage, un ensemble minimal d’équipements ou de ressources pour lancer leur activité économique.

Les jeunes déjà formés, quant à eux, reçoivent aussi un kit de démarrage sans repasser par la case formation. Nous les accompagnons ensuite avec l’aide de coachs de proximité, qui les conseillent sur le terrain et ajustent, au besoin, certains aspects de leur gestion.

Nous facilitons également leur mise en relation avec les institutions financières. Ces dernières, en plus d’accorder des crédits, nous collaborent pour fournir des outils de gestion aux jeunes. Car il est crucial de tenir une comptabilité, même sommaire, lorsqu’on gère une activité économique.

Nous les appuyons aussi dans leur accès au marché. Au niveau des communes, des comités locaux de promotion de l’agriculture ont été créés. Ces comités, composés d’acteurs locaux, accompagnent les jeunes, notamment sur des questions d’accès au foncier, au financement ou encore à la commercialisation.

Certaines mairies instaurent désormais une priorité donnée aux produits locaux des jeunes lors des événements officiels. Ces mesures favorisent la visibilité des productions locales et motivent les jeunes à s’impliquer davantage.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’approche AJEP (Association des Jeunes pour l’Épargne et le Crédit) que vous avez mise en place ? Comment fonctionne-t-elle concrètement et quels en sont les impacts ?

Nous avons également mis en place l’approche AJEP (Association des Jeunes pour l’Épargne et le Crédit), un second niveau de notre modèle de villageois d’épargne et de crédit. Cette initiative permet aux jeunes entrepreneurs de cotiser progressivement. Lorsqu’un jeune atteint un tiers du montant qu’il souhaite emprunter, il peut accéder à un crédit. Par exemple, pour un besoin de 30 000 FCFA, un jeune ayant déjà cotisé 10 000 FCFA peut obtenir un appui.

Cette approche renforce leur autonomie financière et leur crédibilité auprès des institutions. Ces dernières, en observant les carnets de caisse et les résultats économiques des jeunes, commencent à leur faire confiance. Et nous essayons de faire des mises en relation.

Notre mission, c’est de rendre visible l’activité économique des jeunes, à travers les opportunités qu’ils saisissent, les financements qu’ils obtiennent, et la gestion rigoureuse qu’ils mettent en œuvre.

En conclusion, quel message adressez-vous aux acteurs de la communication ?

Enfin, j’en appelle aux agents de communication : accompagnez-nous dans cette mission cruciale. Il est fondamental que l’information circule, que les jeunes, où qu’ils soient, puissent accéder aux bonnes données : sur les formations adaptées, sur les financements disponibles, sur les opportunités d’innovation.

Lire aussi : PESTE PORCINE AU BENIN

Réalisé par Justin ADANDE

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