BENIN : Les jeunes, souffle neuf pour la relève agricole

Face au vieillissement du monde rural et aux défis alimentaires croissants, une génération de jeunes béninois s’impose progressivement comme le moteur de la modernisation agricole.

Face au vieillissement du monde rural et aux défis alimentaires croissants, une génération de jeunes béninois s’impose progressivement comme le moteur de la modernisation agricole. Entre entrepreneuriat, innovation et engagement communautaire, ils redessinent les contours d’une agriculture résiliente et durable.

Face au vieillissement du monde rural et aux défis alimentaires croissants, une génération de jeunes béninois s’impose progressivement comme le moteur de la modernisation agricole.

Dans les campagnes béninoises, un vent de renouveau souffle. Là où l’agriculture était autrefois perçue comme un refuge de subsistance, de plus en plus de jeunes y voient aujourd’hui un espace d’opportunités. Ce basculement s’observe à travers des initiatives publiques et privées, des projets d’insertion et une vague d’entrepreneuriat rural qui bouleversent les codes.

Selon une étude publiée par Agrimaroc.org (2025), environ 31 % des actifs agricoles béninois ont entre 15 et 34 ans, soit près de deux millions de jeunes impliqués dans les activités de production, de transformation ou de commercialisation. Ce chiffre traduit une réalité selon laquelle les jeunes ne fuient plus systématiquement la terre, ils la réinventent.

Une nouvelle génération d’entrepreneurs agricoles

Le gouvernement béninois, conscient de cet élan, mise de plus en plus sur la jeunesse pour dynamiser le secteur. Le Fonds National de Développement Agricole (FNDA) a récemment octroyé des financements à 13 jeunes promoteurs agricoles issus du programme Agrostudies, à hauteur de 10 millions de FCFA chacun, pour la création d’entreprises d’agrobusiness. Ces jeunes ne sont plus de simples exploitants. Ils deviennent des chefs d’entreprise, des transformateurs et des exportateurs.

Cette dynamique s’étend aussi grâce à des programmes soutenus par la Banque mondiale, comme le PRODIJ, qui a déjà permis à plus de 48 000 jeunes d’être intégrés dans les chaînes de valeur agroalimentaires, avec l’objectif d’en atteindre 60 500 d’ici 2026. Ces chiffres témoignent d’un repositionnement stratégique de la jeunesse comme levier de la croissance agricole.

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Innovation et numérique au service de la terre

L’agriculture béninoise n’échappe pas à la révolution technologique. Des jeunes développeurs conçoivent des outils numériques pour améliorer la productivité. Ils s’attèlent à développer des plateformes de mise en relation producteurs-marchés, applications de prévision météo agricole, drones pour le suivi des cultures. Pour preuve, lors du Hackathon HUNLEACH 2025 à Cotonou, plusieurs projets de jeunes innovateurs ont été primés pour leur contribution à la numérisation de l’agriculture.

Ces innovations ne se limitent pas à la technologie. Elles traduisent une approche plus rationnelle et durable basée sur l’agriculture intelligente face au climat, l’agroécologie, la valorisation des déchets organiques. La jeunesse, plus connectée et formée, introduit de nouvelles méthodes qui rendent les exploitations plus rentables et plus respectueuses de l’environnement.

Par ailleurs, les jeunes ne sont pas seulement des acteurs économiques, mais aussi des agents de cohésion rurale. En s’investissant dans la transformation, la commercialisation et la formation, ils contribuent à stabiliser les communautés rurales et à limiter l’exode vers les villes. Ils participent à la sécurité alimentaire et à la réduction du chômage.

Pour nombre d’experts, cette participation est stratégique. Une étude du site Agrimaroc.org souligne que « l’agriculture devrait aider à juguler le chômage des jeunes tout en assurant la relève générationnelle des producteurs vieillissants ».

Des défis encore à surmonter

Certes les jeunes s’investissent dans le secteur agricole et le développement rural de leur pays, mais, les obstacles demeurent nombreux. L’on n’en veut pour preuve que le faible accès aux crédits, le manque de formation technique adaptée, des infrastructures insuffisantes ou non adaptées et un accès très limité à l’information. Le rapport de MicroSave (2024) sur l’emploi agricole des jeunes au Bénin révèle que près de 70 % des jeunes actifs dans l’agriculture évoluent dans l’informel, souvent sans accompagnement durable. C’est pourquoi les initiatives actuelles doivent être consolidées.

Les jeunes représentent désormais le souffle neuf de la ruralité béninoise. Leur engagement transforme l’image de l’agriculture, autrefois synonyme de pénibilité, en un secteur d’avenir. Ils y apportent de la créativité, de la technologie et un esprit d’entreprise qui bousculent les anciens modèles.

Pour que cette relève s’affirme pleinement, il faudra renforcer les politiques d’appui à l’installation des jeunes, encourager les innovations locales et surtout valoriser socialement les métiers agricoles. Car c’est bien de cette jeunesse, enracinée dans la terre et connectée au monde, que dépendra la durabilité de la souveraineté alimentaire du Bénin.

Jean-Baptiste HONTONNOU

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