Dr Kourouma KOURA A PROPOS DE LA REFORESTATION MONOCULTURE : « Avec une espèce, la conduite est plus facile à gérer »
La reforestation est le processus de plantation de nouvelles forêts dans des zones qui ont été déboisées, dégradées ou endommagées, dans le but de restaurer les écosystèmes forestiers et de réduire les effets du changement climatique. Qu’elle soit monotone ou diversifiée, l’essentiel est d’en prendre soin. Dans les lignes ci-après, Dr Kourouma KOURA épouse LINSOUSSI, Enseignante-Chercheur à la Faculté des Sciences Agronomiques de l’UAC fait ressortir particulièrement les failles de la reforestation monoculture.
- Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste la reforestation monoculture ?
La reforestation monoculture, comme le nom l’indique, est une pratique qui consiste à reboiser avec une seule espèce d’arbre dans une zone donnée.
- Quelles sont les principales conséquences de la reforestation monoculture sur l’environnement ?
Elle a plusieurs conséquences, mais je parlerai en termes d’avantages et d’inconvénients. L’avantage de la reforestation monoculture est lié au fait qu’il s’agit d’une seule espèce. Ainsi, il est plus facile à conduire sur le plan sylvicole par rapport aux techniques à utiliser, pour la production et le suivi de la plantation. En ce qui concerne les inconvénients, il s’agit du fait qu’on a une seule espèce avec un paysage monotone, ce qui le rend moins attrayant contrairement à un espace avec des cultures diversifiées. Autre chose à retenir concernant les inconvénients est lié à l’humus. Dans le cas d’une culture monotone, l’humus du sol est moins bonne, donc pas de qualité supérieure comparé à une culture où l’on retrouverait deux voire trois espèces. Si je prends pour exemple une teckeraie comparée à une autre plantation où on a le teck, le Mélina ou une autre espèce de plus, on observe un mélange au niveau de la litière. Cette litière en se décomposant va permettre d’obtenir un humus de bonne qualité. Or en reforestation monoculture, tel n’est pas le cas. L’humus existe certes, mais il n’est pas aussi riche comme il doit être pour le cas de plusieurs espèces.
- Quels sont les risques liés à la reforestation monoculture en termes de dégradation des sols et de diminution de la qualité de l’eau ?
Les risques en termes de dégradation des sols sont beaucoup plus liés aux nutriments. Compte tenu du fait qu’il s’agit d’une seule espèce qui couvre une superficie donnée, l’utilisation des nutriments au niveau des sols est moins impactant par rapport à une forêt où on a plusieurs espèces. S’agissant de la qualité de l’eau, notons qu’il s’agit des racines d’une seule espèce et donc les mêmes faits observés au niveau de l’humus vont se faire remarquer au niveau de l’eau.
- Pensez-vous que la reforestation monoculture est celle la plus adéquate ou celle faite avec plusieurs cultures ?
Il serait intéressant de prioriser la diversité surtout par rapport aux planteurs privés. Par exemple, si des ravageurs attaquent la monoculture, elle va disparaitre sans laisser d’autres alternatives aux planteurs. Or s’il s’agit de plusieurs cultures, on pourra au moins récupérer certaines cultures car chacune des cultures avec sa spécificité face aux ravageurs et face aux aléas climatiques.
- Quelles sont les stratégies et pratiques recommandés pour réduire les impacts négatifs de la reforestation en monoculture ?
Parlant de stratégies, les acteurs du domaine doivent faire un bon suivi du peuplement mis en place. Ensuite, ils doivent respecter les techniques sylvicoles de conduite de l’espèce mis en terre. A titre illustratif, nous ferons mention de l’ONAB qui met en place de grandes plantations de teck sur de grandes superficies. Notons qu’ils y mettent les moyens nécessaires pour le suivi et l’entretien de l’espèce. Aux pratiques de bases énumérées, il faudra coupler la technique de plantation monoculture avec l’agroforesterie, ce qui ressemblera au système Taungya qui est un type de système agroforestier qui consiste à mettre d’autres plants avec l’espèce en jeu. Ce système permet de rentabiliser et de réduire les coûts d’entretien afin de mieux suivre le peuplement.
- Avez-vous des exemples de succès ou d’échecs de programme de reforestation en monoculture que vous pourriez partager ?
Ici nous parlerons beaucoup plus des succès que des échecs. Mis à part l’ONAB, nous avons le Projet Bois de Feu 1 et 2 qui a mis en place des plantations d’acacia dans les zones de Pahou et de Sèmè Kraké. Il existe aussi des privés qui s’essayent bien dans la mise en place de grandes plantations de teck.
- Comment voyez-vous l’avenir de la reforestation en monoculture ?
Je pense bien que la reforestation monoculture a de l’avenir au Bénin. Avec une espèce, la conduite est plus facile à gérer. Aussi, le gouvernement Béninois ne manque pas de mettre en place les actions nécessaires pour pérenniser les plantations de teck que l’ONAB gère depuis des dizaines d’années. Cependant concernant les privés, je pense bien qu’ils ont plus d’intérêts à diversifier les cultures pour un bon rendement.
- Mot de fin
Je souhaiterais que les populations soient plus impliquées dans la gestion des ressources forestières. Aussi, il faut que ces dernières soient accompagnées et mieux conseillées afin de pouvoir pérenniser les ressources que nous avons. On a vraiment intérêt en mettre en terre des espèces car l’avenir de nos nations en dépendent afin de permettre aux générations à venir de pouvoir vivre dans un monde meilleur. Nous connaissons tous le rôle que jouent les arbres, les services écosystémiques que l’on peut en tirer, que ce soit les services d’approvisionnement, de régulation, de soutien, les services culturels et bien d’autres. Maintenant, en termes de reforestation, qu’elle soit monoculture ou diversifié, la reforestation est indispensable à l’heure actuelle afin de permettre d’avoir un environnement meilleur.
Propos recueillis par Judicaël BELOGOUN
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