KAKPO SUNDAY BERLIOZ SUR LE PÂTURAGE ET LA BIODIVERSITÉ : « Cette activité impacte d’une manière ou d’une autre la biodiversité »
L’élevage au pâturage est au très en vogue dans les pays sahéliens. C’est une activité qui, malgré son importance capitale pour les pays, cache plusieurs impacts négatifs sur les écosystèmes et la biodiversité. Avec Kakpo Sunday Berlioz, Ingénieur agronome et Président de l’ONG SOS BIDIVERSITY, votre journal propre de découvrir ces différents impacts.
- Quelle différence pouvons-nous faire entre les écosystèmes et la biodiversité
Les écosystèmes font partie de la biodiversité. En réalité, la biodiversité est l’ensemble des gênes et des organismes comme par exemple les hommes, les animaux. C’est aussi l’ensemble des écosystèmes. Nous avons donc la diversité d’écosystèmes qui existent sous forme de montagne, les zones humides, les forêts etc.
- Quels sont les impacts du pâturage d’élevage sur la biodiversité ?
Il faut dire que le pâturage est un mode d’élevage qui date depuis des siècles et qui intègre aussi bien les éleveurs sédentaires comme les nomades. Cette activité impacte d’une manière ou d’une autre la biodiversité et cela relève d’une problématique de conservation de nos jours.
Nous avons en premier lieu la réduction de la diversité des espèces. Un pâturage intensif peut mener au surpâturage, où les animaux mangent excessivement les plantes, surtout les espèces les plus appétentes. Cela peut réduire la diversité des espèces végétales, favorisant les espèces moins appétentes, souvent moins diversifiées. Il y a également la dégradation des sols. Le piétinement du bétail peut compacter les sols, réduire l’infiltration de l’eau et augmenter l’érosion. Cela peut nuire à la régénération des plantes et favoriser la croissance des espèces envahissantes ou résistantes au compactage.
Je peux ajouter la fragmentation des habitats. La création de zones de pâturage peut entraîner la fragmentation des habitats naturels, réduisant les corridors écologiques et affectant la flore indigène.
- Quelles sont les mesures d’élevage qui peuvent contribuer à la conservation de la biodiversité ?
Oui. Il est vraiment urgent d’agir pour contrôler ce mode l’élevage qu’est le nomadisme puisque c’est ce mode qui impacte négativement la biodiversité. Au Bénin par exemple, le gouvernement a posé des actes pour encadrer cela. Il y a par exemple les couloirs de pâturage qui sont bien définis à travers le pays. Il y a également des arrêtés qui limitent la progression de ces nomades sur le territoire national.
Il est évident que l’homme ne respecte pas toujours ce qui est proscrit et il faut s’assoir et vraiment en discuter. Également, ces nomades travaillent en symbiose avec les communautés locales pour aller à l’encontre de ces lois et cela crée des conflits entre ces éleveurs et les agriculteurs.
Pour revenir à la biodiversité, il va falloir prendre des mesures réglementaires pour contrôler les zones de pâturage au niveau national. Il faudra donc de façon concrète définir ces zones. Mais qui dit pâturage dit disponible en eau. Donc il va falloir que l’État puisse construire des barrages de détention d’eau spécialement pour ces éleveurs. Il faut sensibiliser ces éleveurs à ce qu’est la biodiversité parce que c’est des gens qui ont reçu très peu d’éducation. Donc ils ne comprennent pas forcément l’intérêt de la chose. Pour eux la biodiversité est de l’aliment également pour leur bétail.
- Comment intégrer les communautés rurales et les éleveurs dans la conservation de la biodiversité ?
Je crois que cela est essentiel et passe par la sensibilisation. On doit comprendre l’importance de la biodiversité. Il faudra les impliquer dans les efforts de restauration de la biodiversité et des écosystèmes. Si je prends l’exemple de l’ONG SOS BIODIVERSITY, nous impliquons ces communautés dans les actions de plantation et aussi ils sont parmi nos traducteurs lors de nos séances de sensibilisation. Ainsi, à chaque niveau du processus de la restauration, ils sont fortement impliqués. Et c’est la même chose qu’on devrait pour spécialement les éleveurs puisqu’ils ont forcément besoin des végétaux pour nourrir les animaux. Alors, il faut leur montrer comment eux-mêmes peuvent avoir des aires de pâturage, comment ils peuvent planter, faire pousser des arbres et utiliser les feuillages pour nourrir leurs animaux.
- Mot de fin
Je lance un appel au gouvernement pour prendre à corps la problématique de la conservation de la biodiversité. C’est vrai que ça ne procure pas des recettes pour l’État mais en y réfléchissant très bien, ça participe au développement durable. Et qui parle de développement durable parle également du bien-être de la population. Ils doivent également s’impliquer dans les efforts d’éducation environnementale des communautés rurales. C’est essentiel pour la gestion durable de la biodiversité. Également, je lance un SOS au PTF à continuer à aider et soutenir les ONG qui interviennent dans le domaine de la conservation de la biodiversité
Propos recueillis et transcris par Jean-Baptiste HONTONNOU