LOCATION DES TERRES AGRICOLES A DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP : Une approche de lutte contre l’inclusion sociale
Dans le cadre de la lutte contre l’exclusion sociale et le renforcement de l’autonomie des personnes handicapées, une nouvelle approche d’accès à la terre agricole se développe au Bénin. La location des parcelles à des personnes en situation de handicap. Cette initiative ouvre la voie à de nouvelles perspectives socio-économiques.
Opportune AHITCHEME
Le Bénin s’engage progressivement dans des stratégies d’inclusion à travers divers secteurs, notamment l’agriculture. Si la terre constitue une ressource essentielle pour garantir la sécurité alimentaire et générer des revenus, les personnes en situation de handicap ont souvent été marginalisées dans son accès. Cependant, certaines communes rurales commencent à expérimenter la location de terres agricoles aux personnes handicapées, un projet porteur d’espoir.
Interrogé sur cette initiative, Emmanuel Agbédji, un agriculteur malvoyant de 34 ans, témoigne « L’accès à la terre a toujours été un défi pour nous. Beaucoup pensent qu’un handicap est une incapacité totale, mais nous avons des compétences et une grande volonté. Grâce à cette possibilité de location, je peux enfin cultiver du maïs et des légumes, ce qui me permet non seulement de subvenir à mes besoins mais aussi de prouver que le handicap n’est pas un frein. »
Les terres louées sont souvent situées en périphérie des zones rurales et sont octroyées avec un accompagnement technique. « Les responsables locaux nous donnent des formations et nous aident avec du matériel adapté », ajoute Emmanuel. Cette approche vise à garantir que les bénéficiaires puissent pratiquer une agriculture rentable malgré leurs limitations physiques.
Pour Sètondji Agossou, coordonnateur d’un collectif d’associations de défense des droits des personnes handicapées, l’initiative est un modèle à encourager. « C’est une avancée majeure. Au lieu d’assistanat, nous favorisons l’inclusion productive. Les personnes handicapées deviennent des acteurs économiques à part entière et non des spectateurs de leur propre destin.»
Toutefois, des défis subsistent. Certaines communes sont encore réticentes à l’idée de libérer des parcelles pour ce type de projet. Emmanuel partage cette préoccupation : « Le plus dur, c’est de convaincre les propriétaires terriens. Beaucoup craignent que nous ne soyons pas capables d’entretenir les parcelles, mais nous sommes ici pour prouver le contraire. »
Le projet a également attiré l’attention des autorités, qui envisagent d’intégrer cette pratique dans les politiques agricoles nationales. Si cette dynamique se poursuit, elle pourrait transformer le paysage rural et redonner espoir à de nombreuses personnes en situation de handicap, leur offrant enfin l’opportunité de contribuer activement au développement agricole du pays.
La location de terres agricoles aux personnes handicapées constitue une avancée sociale prometteuse au Bénin. En offrant un accès facilité à la terre, cette initiative contribue à réduire les inégalités tout en valorisant les compétences des personnes marginalisées. Toutefois, sa pérennité repose sur un changement de mentalité et une mobilisation accrue des autorités et des propriétaires terriens. Emmanuel Agbédji et tant d’autres espèrent que cette lueur d’espoir deviendra une pratique généralisée.