Un frein pour la déforestation et un booster des revenus
Dans le centre et le nord du Bénin, la production de miel écoresponsable permet à 560 apiculteurs de générer des revenus tout en freinant la déforestation et les feux de brousse. Derrière chaque goutte dorée, se cache une lutte silencieuse pour la nature et pour un avenir durable.
À Kinnou-Kpanou, l’apiculture transforme les pratiques locales
À Kinnou-Kpanou, un village situé à plus de 400 kilomètres de Cotonou, la vie a changé grâce au miel.
Désormais, l’apiculture écoresponsable est devenue une véritable alternative à l’exploitation forestière, longtemps pratiquée au détriment de l’environnement.
« Auparavant, nous récoltions le miel sauvage en détruisant les arbres et en mettant le feu à la brousse », se souvient Douarou Chabi Massia, président du groupement apicole local.
Aujourd’hui, avec l’apiculture, nous gagnons de l’argent tout en protégeant la nature.
Grâce au projet DAEM, l’apiculture devient une activité structurée et durable
Ce changement a été rendu possible grâce au projet de développement de l’accès amélioré à l’énergie moderne (DAEM), financé par la Banque mondiale.
Clôturé en 2018, ce projet a permis la création de 28 mielleries coopératives dans les zones forestières du moyen Ouémé et de l’Ouémé supérieur. Ainsi, 560 apiculteurs ont été formés, équipés et accompagnés pour faire de la production de miel une activité durable.
Chaque apiculteur a reçu une vingtaine de ruches kényanes, des équipements de sécurité et des outils pour extraire et traiter le miel.
Notamment à Kinnou-Kpanou, les retombées économiques sont visibles : la coopérative enregistre une recette annuelle estimée à 4,5 millions de FCFA, et certains membres sont passés de 20 à 50 ruches acquises sur fonds propres.
Des retombées économiques et écologiques concrètes
En effet, au-delà de l’aspect économique, c’est la protection de l’environnement qui retient l’attention.
« Le fait de mettre les ruches sous les arbres a freiné les feux de brousse. La végétation est revenue et partout dans nos villages, nous n’avons que des anacardiers », témoigne Orou Goura Amadou, président de l’union des apiculteurs de Tchaourou.
Comme résultat, grâce à l’appui du projet, 7 000 plants d’anacardiers ont été distribués à Kinnou-Kpanou.
Cela a permis l’implantation de 70 hectares de plantations et la génération de plus de 45 millions de FCFA en cinq ans grâce à la vente de noix de cajou.
Le miel produit est collecté par le Centre intégré d’apiculture tropicale (CIAT), promoteur de la marque Flora, puis conditionné à Komiguéa avant d’être vendu dans les supermarchés de Cotonou. « Nous travaillons avec 76 coopératives, que nous formons aux bonnes pratiques et à la traçabilité », explique Sarigui Amadou, responsable apiculture au CIAT. Ce miel écoresponsable, très apprécié des consommateurs urbains, cache ainsi tout un écosystème de protection environnementale et de développement rural.
Aliou Soulé, responsable de la production du groupement de Kinnou-Kpanou, résume l’état d’esprit : « Aujourd’hui, les abeilles ne sont plus un ennemi, mais un trésor. Les feux de brousse n’existent plus dans notre village. »
Fort de ce succès, un nouveau programme, le PASE, prévoit de créer 14 nouvelles mielleries et de renforcer les coopératives existantes. Une initiative qui confirme le rôle central du miel écoresponsable dans la lutte contre la déforestation au Bénin.
Lire aussi : AgriCord : Assemblée Générale 2025 au Canada pour l’agriculture durable
Innocent AGBOESSI
