ORGANISATION PAYSANNE AGRICOLE : Les principes élémentaires pour une association réussie
MISE EN ŒUVRE DU PADMAR : 7 ans après, la filière maraîchage au Bénin métamorphosée
Après 7 ans de mise en œuvre du projet d’appui au développement du maraîchage au Bénin PADMAR, financé par le gouvernement du Bénin et le FIDA, le projet dresse un bilan élogieux qui suscite la satisfaction de tous les acteurs impliqués. La mission de supervision organisée dans le cadre de ce projet a permis de présenter les résultats majeurs et a donné l’occasion aux bénéficiaires d’évaluer ces succès tout en identifiant les défis à relever.
Cédric Joawo BAKPE
Mis en vigueur en 2016, le PADMAR a débuté ses activités le 21 avril 2017, sous la coordination du programme cadre des interventions du FIDA en milieu rural au Bénin (ProCAR). Son objectif était d’accroître durablement les revenus des exploitations maraîchères tout en renforçant leur résilience face au changement climatique. Aujourd’hui, les résultats concrets du projet sont perceptibles dans les 27 communes réparties dans les 7 départements où il intervient. Ils ont été largement diffusés au cours de la série d’activités organisée dans le cadre de la mission de supervision du projet.
Professionnalisation des acteurs
L’un des principaux défis au démarrage du projet résidait dans l’organisation des acteurs de la filière. Lors d’une des conférences thématiques, Charles GNANGASSI, Directeur Exécutif de la FUPRO-Benin, a souligné les faiblesses initiales, notamment le manque de structuration des acteurs, le faible taux d’enregistrement des organisations et l’absence de liens formels entre les différentes parties prenantes. Toutefois, grâce au PADMAR, une nette amélioration a été observée. Il fait remarquer la création de 784 coopératives villageoises contre 249 au départ, 27 faîtières communales contre 10 au départ et 26 organisations départementales fonctionnelles contre 7 au départ, toutes officiellement reconnues. A toutes celles-ci s’ajoute la faitière nationale des organisations de maraichers du Bénin. Aussi, faut-il le préciser, les transformateurs et les commerçants des produits maraichers sont tous structurés. Cela a facilité l’établissement des partenariats commerciaux avec 62 organisations professionnelles qui ont pu signer 75 contrats avec d’autres acteurs de la filière. Cela a occasionné la cession régulière de 4913 tonnes de produits, selon Charles GNANGASSI.
Développement d’une chaîne de valeur semencière
Conscient de l’importance des semences pour la production, le PADMAR a travaillé dès le début sur le développement d’une chaîne de valeur semencière dans la filière maraîchère. À ce jour, 50 semenciers ont été formés et encadrés par le projet, avec le soutien de l’INRAB et de la Direction de la Production Végétale (DPV). Parmi eux, 38 ont fait certifier leurs semences produites par la DPV et ont été intégrés à la fédération nationale des producteurs de semences du Bénin. Grâce à des partenariats avec World Vegetable Center, le catalogue de semences a également été enrichi avec 6 variétés de piment et 3 variétés de tomate sélectionnées, ainsi que 12 nouvelles variétés de légumes adaptées aux contraintes climatiques actuelles. Ces avancées ont conduit à une augmentation significative de la production maraîchère.
Augmentation de la productivité
Pour accroître la productivité, le PADMAR a renforcé les capacités techniques des maraîchers en matière de pratiques de production durables. Ainsi,
« 15 000 ménages ont été appuyés, et ont reçu chacun les outils nécessaires pour améliorer leur travail »,
indique Ousmane KORA, Chef du Projet d’Appui au Développement du Maraîchage. Grâce à ce renforcement, 12 107 producteurs ont eu accès aux facteurs de production et/ou aux paquets technologiques, tandis que 12 751 personnes ont été formées aux pratiques et/ou technologies de production. A en croire le chef projet, le PADMAR a également contribué à aménager 1512,56 hectares de terres qui sont désormais exploités par les bénéficiaires. En termes de revenus, le PADMAR a réussi à transformer la vie des maraîchers, ceux-ci vivent pleinement de leur métier déclare Mathieu SAHUI, Président de la FéNOMa-Bénin.
« Un grand pas a été fait. Le maraichage est devenu une filière stable qui nourrit son homme ne serait-ce dans la zone d’intervention du projet. »
Perspectives
Malgré ces avancées notables, certains défis subsistent. Ousmane Kora, chef du projet, reconnaît que la filière semencière doit encore être davantage développée pour soutenir la production à l’échelle nationale. Aussi, au niveau des maillons de la transformation et de la commercialisation, il reste beaucoup à faire. « Aujourd’hui, on a pu les structurer, mais ce qu’il manque, c’est les outils de travail. On a besoin d’industrialiser la transformation, la conservation pour favoriser le commerce. » Puisque le projet va bénéficier d’une phase d’extension de trois ans, « il sera question de mettre à l’échelle les réussites déjà obtenues tout en continuant à relever les défis persistants », renseigne Ousmane KORA, le chef du PADMAR. La filière maraîchère au Bénin se métamorphose peu à peu en générant des ressources pour les acteurs tout en contribuant durablement à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Depuis 2017, ce chantier est en cours et continuera de progresser vers un avenir prometteur.