PÉRIODE DE CRUE : Un moment complexe à vivre pour les pêcheurs contraints à l’inactivité
Au Bénin, la pêche représente l’activité principale des régions lacustres, mais elle est chaque année confrontée à la crue dévastatrice. Un phénomène saisonnier, qui entrave considérablement les activités halieutiques, réduisant ainsi les pêcheurs presqu’au chômage, faute de moyens d’adaptation adéquats.
Madeleine ATODJINOU
La crue encore appelée la montée des eaux, est un visiteur désagréable qui envahit chaque année les zones côtières du Bénin précisément dans les départements de l’Atlantique, de l’ouémé et du mono, où la pêche est pratiquement mise en pause en raison des défis qu’elle présente. Un phénomène qui couvre généralement les trois premiers mois du dernier quadrimestre de l’année (septembre à novembre). Les pêcheurs sont alors contraints de vivre de leurs petites réserves, étant presque réduits à l’inactivité et sans grand moyen d’adaptation.
En effet, en période de crue, les conditions météorologiques extrêmes représentent un défi majeur pour les pêcheurs. L’intensité du vent, les pluies abondantes, la visibilité réduite et les vagues importantes rendent la navigation périlleuse et compliquent considérablement la pratique de la pêche. Ces conditions instables entraînent des changements rapides et imprévisibles des écosystèmes aquatiques. Les niveaux d’eau fluctuent rapidement, les courants se renforcent et la turbidité de l’eau augmente, modifiant ainsi le comportement des poissons.
Il devient alors plus difficile pour les pêcheurs de localiser leurs prises, car les poissons peuvent se réfugier dans des zones plus profondes ou dans des structures pour se protéger des forts courants. Ce qui explique l’absence des poissons en période de crue. C’est ce qu’à confié le pêcheur Emmanuel SOBOYE en ces termes : « Pendant la période de crue, nous n’allons plus à la pêche, parce que l’eau dépasse notre taille nous empêchant ainsi de plonger. Ce sont seulement les barques qui peuvent circuler partout. Du coup nous sommes contraints à rester à la maison pendant deux(02) à trois(03) mois, avant de recommencer la pêche après que l’eau ait reculé ».
De plus, les conditions extrêmes augmentent considérablement les risques de perdre du matériel de pêche. Les lignes qui se rompent, les leurres se perdre et d’autres équipements sont souvent endommagés. Aussi, l’accès à certains sites de pêche est parfois compromis, voire rendu impossible, en raison de la crue et de l’état des routes. C’est l’exemple des jacinthes d’eau qui bloquent les passages aux pêcheurs, empêchant de cette manière les poissons d’y entrer ou de monter vers la surface. Pour les pêcheurs, « c’est un autre indicateur très fâcheux qui ne procure aucun bien pour la pêche ».
Par ailleurs, les pêcheurs en raison du manque de moyens adéquats pour anticiper sur ces nombreux défis qui les attendent pendant la période de crue, se voient contraints à une sorte d’inactivité, subsistant uniquement de leurs réserves. Car non seulement les poissons se font rares pendant la crue, mais leur prix d’achat sur le marché est aussi affecte. Une situation qui fragilise la sécurité alimentaire des communautés riveraines. Comme l’explique Noël HOUNGA, si autrefois il était possible de vendre des poissons pour 2000f au moins, ce n’est plus le cas de nos jours. Même si la vente continue petitement et qu’il est encore possible de vendre des poissons parfois pour 500f, parfois pour 1000f, cela n’est plus suffisant pour la prise en charge des enfants.
Enfin, il est à retenir que la crue qui envahit de façon saisonnière les zones côtières du Bénin demeure un réel frein pour la pêche et pour le bien-être des populations victimes. Malheureusement, les pêcheurs ne détiennent pas de moyens d’adaptation adéquats pour affronter une telle période qui est une réalité de chaque année.
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