INTERDICTION D’IMPORTATION DES PRODUITS DE VOLAILLES CONGELÉS : Le gouvernement très confiant de son plan d’atténuation
À compter du 31 décembre 2024, le gouvernement béninois entend fermer les vannes pour l’importation des produits carnés à base de volaille. Et si beaucoup se demandent les issues pour échapper à une potentielle pénurie, le gouvernement n’en point de sa capacité à assumer cette décision. Gaston Dossouhoui, ministre de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche, entreprend déjà des dispositions pérennes pour y faire face.
Maëlle ANATO
L’aviculture. Une activité à multiples filières qui depuis longtemps jongle entre productions nationales et afflux de volaille et dérivés à bas prix en provenance du marché extérieur. Dans le souci de faire valoir les protéines issues de volailles du terroir national, il a été annoncé le 7 avril 2024 une prochaine suppression des importations. En effet, le rapport trimestriel des statistiques du commerce extérieur de l’INSTAD a fait cas « de viandes et abats comestibles frais, réfrigérés ou congelés, des volailles pour 0,8 milliard de FCFA» importé de la Chine.
Il faut relever que ce résultat ne compte que pour le 1er trimestre de l’année 2024. Alors que la perspective de cette mesure réjouit quelques acteurs de l’industrie avicole, d’aucuns s’inquiètent des mesures d’accompagnement qui seront établies pour renforcer l’offre sur le marché intérieur. « Pour que nous ayons de la viande de volaille en compensation de ce qu’on importait, nous avons rendu plus facile la mise en place d’industries, d’usine de production de viande de volaille » a laissé entendre le ministre Gaston Dossouhoui. Tout d’abord, il s’agira de la production de poussins d’un jour qui sont habituellement importés à près de 80%. Pour cela, certains points de production sont installés et d’autres en cours d’installation pour la production de ces sujets, qu’ils soient de chair, de ponte.
Un point déterminant à plus de 60% dans la fixation du prix de la viande reste le coût d’alimentation des volailles. Aussi, les cuisses, ailes, gésiers, saucisses et autres dérivés constituent des produits de transformation pour lesquels le besoin se fait croissant.
Pour favoriser cette grande diversité d’approvisionnement, des facilités ont été accordées aux spécialistes de l’abattage et de la transformation post-production.
«Nous avons donné des licences à des gens pour s’installer dans la zone industrielle comme ailleurs pour que la concurrence s’établisse et surtout pour que la qualité des produits puisse prévaloir » a rassuré le ministre. Toutefois, il rappelle qu’à l’évidence et pour un respect strict du processus tous les besoins en volaille ne seront pas satisfaits dès le 1er janvier 2025.
Une autre politique de production est axée au niveau des villages en influençant un peu sur les vaccinations afin d’assurer une croissance optimale des poussins. À cela, des projets sont en cours au ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche pour l’introduction de géniteurs de race sahouè, fulani et goliath dans l’élevage. Aujourd’hui, les associations d’aviculteurs sont en pleines organisations afin de mieux contrôler le marché intérieur.
Pas d’aviculture sans produits aquacoles
Au sein de la filière aquacole se distinguent une pléthore de cultures (crabes, huîtres, crevettes… La pisciculture étant la principale, les communautés s’activent pour la production de poissons afin de satisfaire la demande domestique. Selon le rapport de l’INSTAD portant sur les statistiques de commerce extérieur du premier trimestre 2024, on note 17626,1 millions de francs CFA de poissons congelés qui ont été achetés sur les marchés internationaux.
Afin de réduire ces chiffres galopants au rythme de la croissance démographique, des projets sont en réflexion. Il s’agit notamment de la construction des villages aquacoles pour les jeunes; de la construction d’un port de pêche à Cotonou. Cette infrastructure servira pour un minimum de 400 embarcations. Par ailleurs, un poste de débarquement aménagé sera construit sur côté de Grand-popo.
Pour rappel, le gouvernement a déjà donné 3 licences d’importations de géniteurs pour la production d’alevins (tilapias, clarias et bientôt de pangasius) de qualité qui pourront facilement croître en 4 ou 5 mois d’élevage. De ce fait, l’aquaculture complètera l’aviculture car elle seule ne suffira pas. « Il nous faut des programmes ambitieux et je voudrais que des opérateurs économiques béninois aient l’ambition de mettre en place des dispositifs, des programmes ambitieux ». Il ajoute que l’appui de l’État ne manquera pas tant que l’objectif collectif sera la suppression des protéines importées au détriment de la production locale.