POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE AXÉ SUR L’AUTOCENTRE : Le Cameroun adopte une politique d’import-substitution
De plus en plus, plusieurs pays en voie de développement tout comme le Cameroun adoptent la politique de l’industrialisation par substitution aux importations (ISI). L’objectif visé par ces pays est de permettre de produire eux-mêmes ce qu’ils importaient à l’origine, créant un développement autocentré en se mettant en situation d’indépendance par rapport aux autres pays.
Yélian Martine AWELE
S’inscrivant dans une dynamique d’auto-dépendance, le Cameroun a adopté la politique d’ISI.
En effet, les 50 ha de champs semenciers de blé entretenus par l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD) depuis août 2022, dans le cadre du Projet de développement de la production et de transformation de blé au Cameroun prescrit par le chef de l’État, sont prêts pour la récolte des premières semences hautement panifiables à mettre à la disposition des producteurs et multiplicateurs de semences. Une mention largement positive qui ressort de la mission d’évaluation interministérielle (MINEPAT, MINADER et MINRESI) conduite par Paulin Mendo, chef de division des analyses et politiques économiques au ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT). Un projet de taille qui vise à réduire considérablement l’importation de la farine de blé très onéreuse des devises du pays. Et par conséquent renforcer, en ce qui concerne cette céréale très sollicitée dans la fabrication du pain, des beignets, des pâtes alimentaires et des biscuits, la sécurité et l’autonomie alimentaires du Cameroun. Toute finalité de la politique d’import-substitution promue, en ce moment, par l’État. Il convient de relever qu’en plus du matériel végétal amélioré, l’IRAD entend former les producteurs de semences aux techniques culturales modernes. Selon les dirigeants de l’institut bras séculier de l’État en matière de développement agricole, « il en sera de même du volet transformation de blé afin de doper une fois pour toutes cette filière à fort potentiel économique. » D’après les chercheurs de l’institut que dirige le Dr Noé Woin, « les variétés de blé IRAD 1 et IRAD 2 (lignée pure) expérimentées
sur un site de 45 ha (soit une production de près de 200 tonnes de semences) à Wassandé (région de l’Adamaoua) visités par les missionnaires sont tolérantes aux maladies folaires-paniculaires (rouille, septoriose, fusariose paniculaire, etc.) ». Si ces deux variétés diffèrent au niveau de la valeur technologique, il n’en demeure pas moins, selon les scientifiques approchés, qu’elles présentent beaucoup de similarités au niveau des paramètres agronomiques. Pour un hectare de culture, il faut recourir à 80-100 kg de semences. Le cycle semis-épiaison étant de 75 jours et 120 pour le semis-maturité, pour une production de 3,5t et plus par ha. Pour un bon rendement des deux variétés hautement panifiables, selon les experts, il faut éviter les sols acides, mais adopter les sols sablo-limoneux ou argilo-limoneux, bien drainés, sans termitières et fourmilières. Les zones de cultures recommandées sont les hauts-plateaux de l’Ouest (régions de l’Ouest et du Nord-Ouest) et les hautes savanes guinéennes (régions de l’Adamaoua et du Nord).
Très émerveillés par le résultat probant des premières parcelles de semences de blé, les responsables du MINEPAT, MINADER et MINRESI venus de Yaoundé ont félicité et encouragé l’IRAD. « Nous avons vu les champs semenciers de blé de l’IRAD au mythique Wassandé et à Wakwa. Nous avons touché du doigt les graines de blé du terroir et sommes ainsi convaincus que nous pouvons aussi produire cette céréale au Cameroun », s’est gargarisé Paul Mendo, au terme de la mission. Vivement que les différents acteurs travaillent au mieux pour la production et la consommation ‘’ ‘‘made in Cameroon’’.