PRODUCTION ALIMENTAIRE D’URGENCE: Le soutien des dirigeants africains demandé
Les retombées de la guerre entre la Russie et l’Ukraine touchent le monde entier en particulier l’Afrique, un continent désormais confronté à une pénurie d’au moins 30 millions de tonnes de denrées alimentaires comme le blé, le maïs et le soja. Relancer rapidement la production agricole en Afrique pour éviter que la crise alimentaire s’aggrave est une priorité affichée par les bailleurs de fonds, en particulier la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque mondiale.
Vanessa ZANNOU
L’augmentation de plus de 300 {e43727ebdf1c82cdaf05db1b2e953f1c6b388407dfc0230603c9b856384b4112} du prix des engrais rend de plus en plus difficile pour les exploitants agricoles africains de produire suffisamment de blé, de maïs, de riz et d’autres cultures. Un nombre croissant de personnes en Afrique ne peuvent plus se permettre d’acheter du pain. En mai dernier, la Banque a créé une Facilité africaine de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard de dollars. En moins de 60 jours, elle a mis en œuvre dans 25 pays africains des programmes d’une valeur de 1,13 milliard de dollars dans le cadre de cette facilité. Une demi-douzaine d’autres programmes devraient-être lancés d’ici septembre, à mesure que d’autres gouvernements fassent appel à la facilité. La Facilité africaine de production alimentaire d’urgence fournit des semences certifiées à 20 millions d’exploitants agricoles africains et se concentre sur les cultures de base qu’importent de nombreux pays du continent, en grande partie la Russie et l’Ukraine. Elle élargira l’accès aux engrais et leur permettra de produire rapidement 38 millions de tonnes de denrées alimentaires, soit plus que la quantité importée cumulée de Russie et d’Ukraine. Les agriculteurs africains produiront alors quelque 11 millions de tonnes de blé, 18 millions de tonnes de maïs, 6 millions de tonnes de riz et 2,5 millions de tonnes de soja. Cela représente une augmentation de 12 milliards de dollars de la production alimentaire en seulement deux (02) ans.
La BAD va débloquer 27,41 millions supplémentaires pour mettre en œuvre la phase 2 de son initiative agricole, Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine (TAAT). Le but est d’augmenter la productivité et les revenus des ménages agricoles en leur donnant accès à des recherches résilientes au climat dans 36 pays africains à faible revenu d’ici 2025. Faut-il le souligner, le programme TAAT a déjà permis de toucher 12 millions d’agriculteurs. Un appel est donc lancé aux partenaires internationaux et aux gouvernements à se joindre pour accroître l’échelle du TAAT par le biais de la nouvelle Facilité africaine de production alimentaire d’urgence.
À en croire, M. Ahinwumi A.Adesina, président du groupe de la Banque Africaine de Développement, l’Afrique n’a pas besoin d’aide alimentaire pour se nourrir. Elle a besoin d’investissements appropriés et de semences dans le sol. « La Facilité africaine de production alimentaire d’urgence apportera une solution immédiate aux deux défis mondiaux que sont les conflits et le changement climatique, et jouera un rôle immédiat, à moyen et à long terme, dans la croissance du secteur agricole africain, fondement d’économies africaines résilientes. Les réformes politiques permettront de déclencher les réformes structurelles nécessaires à une distribution des intrants, basée sur le marché, et à une production agricole plus compétitive. Aujourd’hui et à l’avenir, la Banque africaine de développement met en œuvre un plan éprouvé pour libérer le potentiel de production alimentaire de l’Afrique et faire de ce continent un grenier pour le monde entier », a-t-il confié.