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1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

SECTEUR DE L’AGROFORESTERIE AU BÉNIN: « La pratique de l’agroforesterie reste toujours inconnue à un bon nombre de producteurs … » Dixit Miriabelle SOSSAH

 SECTEUR DE L’AGROFORESTERIE AU BÉNIN: « La pratique de l’agroforesterie reste toujours inconnue à un bon nombre de producteurs … » Dixit Miriabelle SOSSAH
Miriabelle SOSSAH, Experts du service suivi écologique et conservation de la biodiversité de l’ONG SOS Biodiversity

Bonjour Mme ! Présentez-vous svp

Je m’appelle Miriabelle SOSSAH. Je suis Ingénieure agronome forestière de formation. Actuellement, je fais partie des Experts du service suivi écologique et conservation de la biodiversité de l’ONG SOS Biodiversity.

Le terme « agroforesterie », nous renvoie à quoi ?

L’agroforesterie est un terme qui désigne l’ensemble des technologies et systèmes d’utilisation des terres dans lesquels les ligneux pérennes (arbres, arbustes, arbrisseaux, etc.) sont délibérément combinés sur la même unité de gestion des terres avec des cultures herbacées et ou des animaux, sous forme d’un arrangement dans l’espace ou en succession dans le temps.

Quel est l’intérêt d’un tel secteur ? Pourquoi doit-on s’y intéresser ?

Autrefois, dans nos pays, le principal système d’utilisation des terres est l’agriculture itinérante. Avec ce système, l’agriculture était beaucoup plus extensive, avec de faibles rendements et conduisait surtout à l’appauvrissement des sols. Ceci imposait aux agriculteurs de longues périodes de jachères pour une bonne régénération des sols. Mais avec l’explosion démographique ces périodes de jachères ne pouvaient plus être respectées, car il faut produire pour nourrir la population malgré la pauvreté des sols d’où l’urgence d’adopter un nouveau système beaucoup plus intensif. L’Agroforesterie, à travers les arbres contribue à la conservation et à la productivité des sols. Elle assure :

 L’enrichissement des sols en matières organiques à travers la décomposition de la litière

 Le maintien d’une activité microbiologique bénéfique au sol

 La réduction de l’érosion hydrique et éolienne

 L’amélioration de structure physique des sols pour un bon enracinement des cultures

 L’augmentation de la capacité de rétention en eaux des sols ainsi que de l’infiltration

 La régénération des sols à travers plusieurs techniques de jachère améliorée

 La conservation de la biodiversité

 La lutte contre les changements climatiques

Donnez-nous quelques exemples de systèmes agroforestiers ?

Il existe plusieurs systèmes agroforestiers. Ces systèmes varient suivant la disponibilité du foncier et des ressources financières. Mais elles sont aussi influencées par les facteurs culturels. Au Bénin, nous pouvons citer entre autres :

 Les parcs agroforestiers sont des systèmes dans lesquels les ligneux pérennes sont associés avec les cultures et/ou l’élevage dans un arrangement spatial dispersé où on observe des interactions écologiques et économiques entre les ligneux et les autres composantes du système.

 Techniques agroforestières en disposition linéaire où les espèces sont insérées en lignes entre les cultures pour des objectifs bien définis.

 La jachère améliorée est un système dans lequel, au cours de la jachère certaines espèces de légumineuses qui sont des plantes fertilisantes (Cajanus cajan par exemple) sont mises sur le sol en jachère en vue d’accélérer la régénération du sol

 Le sylvopastoralisme qui consiste à introduire des cultures fourragères dans les plantations d’arbres pour le pâturage des animaux

Cette pratique agricole, résout-elle le problème du changement climatique ?

Cette pratique agricole participe à la lutte contre les changements climatiques, mais elle ne résout pas le problème du changement climatique. Aujourd’hui, près d’un quart des émissions mondiales de dioxyde de carbone sont dues à l’agriculture et à la conversion des forêts et des zones humides en terres agricoles. Afin de réduire les effets du climat sur les surfaces agricoles, la méthode de l’agroforesterie gagnerait à être déployée davantage. À l’échelle globale, les arbres stockent du carbone et réduisent les émissions de gaz à effet de serre. La conversion d’une agriculture classique en agroforesterie entraîne une hausse de 34 {e43727ebdf1c82cdaf05db1b2e953f1c6b388407dfc0230603c9b856384b4112} du carbone stocké dans les sols. Les arbres fixent l’azote et enrichissent également le sol en capturant dans l’atmosphère des éléments essentiels pour les plantes. Cela réduit ainsi les besoins en engrais azotés chimiques qui, participent grandement au réchauffement climatique, tant lors de leur fabrication que lorsqu’ils s’évaporent dans l’atmosphère. L’agroforesterie a ainsi un véritable rôle à jouer dans l’atténuation du changement climatique.

Quels sont les défis de l’agroforesterie au Bénin ?

Vulgariser et faire de l’agroforesterie le principal système d’utilisation des terres en agriculture au Bénin : au Bénin, la pratique de l’agroforesterie reste toujours inconnue à un bon nombre de producteurs malgré ces avantages ; faire de l’agroforesterie un sujet de recherche dans nos écoles et universités en vue de trouver des solutions pour améliorer les techniques agroforestières ; travailler à la sélection des ligneux les plus performant ainsi qu’à l’amélioration de la croissance de ces ligneux, car la plupart des espèces ligneuses utilisées en agroforesterie sont à croissance lente.

Votre mot de fin

L’agroforesterie consiste à associer différents arbres à des cultures ou à des élevages. Cette pratique agricole est employée par les acteurs de l’agroécologie. L’objectif est de favoriser la biodiversité et une meilleure gestion des ressources naturelles. L’adoption de l’agroforesterie est donc nécessaire non seulement pour une autosuffisance alimentaire, mais également pour l’adaptation aux changements climatiques. C’est dans ce sens que l’ONG SOS Biodiversity dans laquelle j’interviens a déjà initié et exécuté plusieurs projets dont l’objectif est de former les agriculteurs à la pratique de l’agroforesterie. Il s’agit par exemple du projet de contribution à la gestion durable de la forêt de Dogo-kétou financé par le rufford foundation.

 Propos recueillis par Vanessa ZANNOU

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