Dans cet entretien, Edgar Maxime DEGUENON, coordonnateur de l’ONG Hortitechs Développement, parle de la certification SPG. Son organisation vient en appui-conseil à l’Association pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP-BÉNIN) dont il est le fondateur.

Quelle est l’état des lieux des marchés bio au Bénin et d’où est parti cette initiative du SPG ?
Au niveau du Bénin, le marché bio est en progression. Depuis 2012, au niveau de l’initiative AMAP Bénin, un système de vente des produits fermiers (légumes frais, les fruits, les jus) a été mis en place à travers des paniers. Ce système que nous avons expérimenté après un stage que j’ai effectué en France en 2008 est basé sur la confiance. Elle consiste à organiser des visites de ferme où les consommateurs se déplacent pour voir les conditions de production des cultures biologiques. Avec cette expérience, nous nous sommes dits qu’au-delà des consommateurs qui dégageaient leurs temps pour visiter les réalités de la ferme, qu’il faille également garantir à tous ceux qui n’ont pas le temps, la certification de leurs produits. C’est ainsi que nous nous sommes adressés à l’ONG Helvetas en son temps qui deux ans plus tard, a accepté, nous accompagner pour l’obtention de la certification SPG. C’est ainsi que nous avons été le premier réseau de producteur bio au Bénin.
Dites-nous quel est la différence entre la production tierce-bio et la certification SPG !
Les deux types de certification à la base sont appliqués à la production biologique. La certification tierce est une certification dans laquelle l’organisme qui certifie a déjà son cahier de charge qu’il déploie dans une zone pour certifier la production. Par exemple, Globalgap et autres. Quant à la certification SPG, les outils de certification sont mis en place par des acteurs, des experts au niveau local ou national. Au niveau du Bénin, il y a des experts venant des institutions de recherche comme l’INRAB, l’IITA, des ONG comme hortiteck, OBEPAB, et même des organisations faîtières comme la FUPRO-BENIN, la DANA, les fournisseurs d’instants. Tous ces acteurs sont impliqués dans le processus.
C’est quoi la certification SPG ?
La certification SPG, c’est comme toute sorte de certification, c’est un témoignage que les produits concernés ont été cultivés et transformés respectant les normes de la production biologique. Lesquelles normes sont t’inscrites dans le cahier de charge qui est le document de référence.
Pourquoi le SPG et pas les autres certifications ?
On pense au niveau du Bénin tout comme en Afrique de l’Ouest que la certification SPG coûte moins chère et correspond beaucoup plus aux petits producteurs. Depuis des décennies, ce sont ces producteurs qui nourrissent les populations. Ce qui prouve que l’agriculture familiale est importante.
Au Bénin, qu’elles sont les structures qui donnent accès à la certification SPG ?
Beaucoup de structures ne donnent pas accès à la certification SPG, car elle n’est pas donnée par une structure spécifique. Au Bénin, l’encrage est porté par la FUPRO-BENIN, mais ce n’est pas elle qui délivre le certificat. L’organe de contrôle qui délivre le certificat est appelé le “Comité de régulation, d’évaluation” et est au niveau national.
En quoi les certifications SPG diffèrent-elles des autres certifications biologiques ?
Le SPG se définit comme : Système Participatif de Garantie et met l’accent sur la participation active de tous les acteurs. Ce sont eux qui sont au centre. Il y a les ONG qui font un effort d’accompagnement de formation, l’Etat également qui se fait représenter pour qu’on sente l’implication de tous les acteurs de terroir pour que ce soit une certification qui prend tout son sens. Nous, on considère que la certification SPG a plus de garantie que la certification tierce.
Quelles sont les filières que vous accompagnez dans l’obtention de la certification SPG ?
Au Bénin, la certification SPG a commencé par les légumes. Au niveau des cultures maraîchères, il y a les zones de production AMAP-Bénin (Sème -Kpodji, Ouidah, Kpomassè, Tori). Nous avons aussi des groupements Alpha, la session bio d’ADJAMA (à Dangbo), qui ont reçu la certification SPG. A Grand-Popo, il y a le riz Matekpo qui est certifié SPG.
Comment peut-on s’engager dans le processus d’obtention de la certification SPG ?
La première condition, c’est de produire bio dans la filière pour laquelle vous demandez à être certifié, faire partie d’une coopérative ou d’un réseau régulièrement enregistré car le certificat est porté par une personne morale. Et enfin être prêt à respecter le règlement intérieur du SPG. Il y a des droits d’adhésion au SPG que votre coopérative doit pouvoir payer, des fiches d’engagement que les producteurs volontaires remplissent appelées: engagement individuel. Vous pouvez vous faire accompagner par un acteur ou un organisme de développement qui finance votre formation. Au besoin, on organise des champs école pour que les gens puissent essayer pendant plusieurs mois.
Les acteurs adhèrent beaucoup plus à la certification SPG et j’avoue que pour le moment, on n’a même pas encore les moyens de couvrir toutes les demandes à la fois. Au départ, il y avait AMAP, aujourd’hui il y a les maraîchers de Dangbo, de Bonou, de So-Ava. Je peux dire qu’à So-Ava seul, nous avons eu une demande de 1000 maraîchers et ça fait plus de 40 coopératives qui veulent certifier leurs produits.
L’État soutient-il l’initiative ?
Par le passé, on avait vraiment souhaité que l’État nous accompagne, mais actuellement, ça commence par venir. Depuis deux ans, le chef de l’État a demandé à ce que les acteurs se mobilisent pour mettre en place un document stratégique qu’on appelle le document stratégique de développement de l’agriculture biologique au Bénin. J’ai eu la chance de faire partie du premier groupe qui a été mis en place pour rédiger ce document.
Votre mot de fin.
J’encourage les producteurs qui ont choisi faire chemin dans la production biologique surtout le SPG. Tout comme en production conventionnelle y a des intrants qui sont utilisés en production biologique. Je voudrais rassurer les consommateurs qu’il y a tout un ensemble de dispositifs d’accompagnement qui sont mis en place. Je remercie le gouvernement pour tout ce qu’il fait pour la production biologique en général, mais l’appui à la certification SPG en particulier est important pour que le Bénin puisse rester champion en la matière.