SYSTÈMES AGRICOLES INTÉGRÉS : Une cohabitation riche en avantages
Associer l’agriculture à l’élevage est une stratégie clé pour maximiser les rendements tout en respectant l’environnement. Utilisation du fumier, rotation des cultures avec pâturage, et systèmes agroforestiers ne sont que quelques-unes des pratiques qui permettent d’améliorer la productivité des exploitations agricoles
Innocent AGBOESSI
L’intégration de l’agriculture et de l’élevage, également appelée « systèmes agricoles intégrés », repose sur l’idée d’utiliser les sous-produits de l’une des activités pour améliorer l’autre. Ce modèle n’est pas seulement une réponse à la demande croissante de durabilité dans le secteur agricole, mais il est aussi une stratégie éprouvée pour augmenter la rentabilité tout en préservant l’environnement.
Selon la FAO, l’application de fumier animal peut augmenter les rendements des cultures de 10 à 20 % par rapport à l’utilisation d’engrais chimiques seuls. Ce procédé enrichit le sol en nutriments essentiels tels que l’azote, le phosphore et le potassium, tout en améliorant sa structure et sa capacité de rétention d’eau. Elle est l’une des façons les plus directes de combiner l’agriculture et l’élevage en utilisant le fumier produit par les animaux comme engrais pour les cultures.
La rotation des cultures avec des périodes de pâturage est une méthode efficace pour maintenir la fertilité du sol. Après la récolte, les animaux sont autorisés à paître sur les résidus de cultures, ce qui non seulement nourrit le bétail à moindre coût mais permet aussi aux terres de se reposer et de se régénérer. Une étude menée en Amérique latine a montré que les exploitations pratiquant cette rotation augmentaient leur productivité de 15 à 30 % tout en réduisant l’érosion des sols.
Les systèmes agroforestiers, où les cultures, les arbres et le bétail cohabitent sur la même parcelle de terre, offrent un cadre écologique optimal. Les arbres fournissent de l’ombre pour les animaux, protègent les cultures du vent, et leurs feuilles servent de fourrage. De plus, les racines des arbres aident à stabiliser le sol et à prévenir l’érosion. D’après les résultats d’une étude publiée dans le « Journal of Sustainable Agriculture », les fermes agroforestières peuvent stocker jusqu’à 30 % de carbone en plus que les systèmes traditionnels, tout en maintenant des niveaux élevés de productivité.
Gestion Intégrée de l’Eau
Dans les systèmes intégrés, la gestion de l’eau joue un rôle crucial. Les étangs utilisés pour l’irrigation peuvent également servir à l’élevage de poissons, créant ainsi une source supplémentaire de revenus. Les eaux usées, après traitement, peuvent être réutilisées pour l’irrigation, réduisant ainsi la consommation d’eau douce. Des recherches en Asie du Sud-Est ont montré que les exploitations combinant aquaculture et agriculture utilisent 50 % moins d’eau tout en doublant les revenus par rapport aux méthodes conventionnelles.
Il faut noter que L’intégration de l’élevage et de l’agriculture permet de réduire les coûts de production en réutilisant les ressources internes. Par exemple, les résidus de cultures peuvent servir de litière pour les animaux, qui à leur tour produisent du fumier utilisable comme engrais. L’Institut de Recherche pour le Développement a constaté que les fermes intégrées économisent jusqu’à 20 % sur les coûts d’intrants par rapport aux fermes spécialisées dans une seule activité.
L’intégration de l’agriculture et de l’élevage n’est pas seulement une solution pour une production agricole plus durable, mais aussi une stratégie économique solide pour les agriculteurs. En optimisant l’utilisation des ressources et en réduisant les coûts, ce modèle présente une voie vers une agriculture résiliente et prospère, capable de répondre aux défis du 21e siècle. Les fermes qui adoptent ces pratiques intégrées ne se contentent pas de survivre, elles prospèrent.