L’agroécologie s’impose progressivement comme un modèle de production durable dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Toutefois, son intégration effective dans les politiques publiques demeure un défi. Pour y remédier, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à travers son Programme Agroécologique en Afrique de l’Ouest (PAE), met l’accent sur l’importance d’un cadre de concertation pour accompagner la transition agroécologique.
Lors d’une réunion en ligne cette semaine, les discussions ont porté sur une étude de capitalisation transversale du PAE. Il en ressort que la mise en place de cadres de concertation représente une opportunité majeure pour renforcer l’implication des pouvoirs publics dans l’agroécologie. Ces espaces de dialogue permettent aussi de structurer une vision collective du secteur, d’encourager le dialogue intersectoriel et de promouvoir une concertation efficace entre les différents acteurs concernés.
Cependant, ces cadres de concertation évoluent dans des contextes variés selon les pays. Certains, comme le Sénégal, le Togo, le Nigeria, le Bénin et le Burkina Faso, ont mis en place des plateformes ou des fédérations d’acteurs de l’agroécologie qui jouent un rôle clé dans l’organisation des échanges. Ces structures, qu’elles soient formelles ou informelles, sont essentielles pour porter la voix des acteurs de terrain et assurer une représentation équitable dans les discussions politiques.
Pour être efficace, un cadre de concertation doit inclure l’ensemble des parties prenantes. Les pouvoirs publics doivent être impliqués pour garantir un ancrage institutionnel solide. Les organisations de producteurs ont également un rôle central à jouer, étant les premiers concernés par les pratiques agroécologiques. Le secteur privé peut contribuer à l’innovation et au financement, tandis que la société civile, y compris les femmes et les jeunes, doit être mieux représentée pour favoriser une approche plus inclusive. Une gouvernance participative est essentielle pour permettre à tous d’exprimer leurs attentes et de participer activement aux décisions.
Malgré ces avancées, plusieurs défis persistent. La faible participation des acteurs dans certains cadres de concertation témoigne d’un manque de gouvernance réellement inclusive. L’absence de vision commune sur l’agroécologie freine également la cohérence des actions mises en place. Par ailleurs, les problèmes de financement limitent l’ampleur des initiatives et leur pérennité. Il est donc crucial d’assurer un soutien financier durable, notamment par une intégration effective de ces cadres dans les budgets nationaux et une formalisation juridique de leur existence.
L’enjeu principal reste de déterminer si ces cadres de concertation seront de simples outils de communication gouvernementale ou de véritables espaces de dialogue et de coconstruction de politiques publiques. La CEDEAO et ses partenaires devront relever ce défi pour garantir une transition agroécologique réussie en Afrique de l’Ouest, en mettant en place des cadres structurés, inclusifs et durables.
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Innocent AGBOESSI