Cancel Preloader

1er groupe de presse agricole en Afrique de l’Ouest

CLIMAT ET EXPLOITATION DE BOIS AU BÉNIN : « Les conditions climatiques ne sont pas les principaux facteurs de perturbations de la croissance des essences forestières… », Dixit Docteur Jean DOSSOUMOU

 CLIMAT ET EXPLOITATION DE BOIS AU BÉNIN : « Les conditions climatiques ne sont pas les principaux facteurs de perturbations de la croissance des essences forestières… », Dixit Docteur Jean DOSSOUMOU

Les changements climatiques font peser des risques sur les agriculteurs qui faisaient déjà face à de nombreuses contraintes économiques, institutionnelles et techniques. Ils sont dus à de nombreux facteurs. D’où la question de savoir si les conditions climatiques du Bénin sont favorables à l’exploitation du Bois.

Dr Jean DOSSOUMOU, environnementaliste

  • Présentez-vous svp

Je suis Docteur Jean DOSSOUMOU, environnementaliste de profession, Bio-Géographe et enseignant chercheur à l’université d’Abomey Calavi.

  • Quelles sont les principales conditions climatiques nécessaires pour une exploitation forestière réussie ?

En réalité, il n’y a pas une condition climatique nécessaire pour l’exploitation forestière dans un pays. L’exploitation forestière est réglementée par la loi 93 au Bénin et l’application aussi de décret 96-271 du 02 juillet 1996 portant décret d’application du régime forestier au Bénin. C’est ce cadre réglementaire qui régit l’exploitation et cette exploitation est confiée à l’administration forestière qui définit les conditions d’exploitation de l’écosystème ou de la forêt qu’on soit dans le domaine protégé ou dans le domaine classé.

  • Selon votre perception, pensez-vous que le climat au Bénin est favorable à la croissance des arbres et à la production de bois ?

Je vais m’appuyer sur deux (02) paramètres notamment la pluviométrie et la température qui sont favorables à la croissance des espèces forestières au Bénin et c’est ce que nous appelons des niches écologiques qui sont des conditions bioclimatiques permettant la croissance de l’espèce dans un écosystème. C’est vrai que cette niche écologique est perturbée aujourd’hui par des actions anthropiques, c’est-à-dire des actions de l’homme et beaucoup de chercheurs travaillent sur ces niches écologiques. Il y a quand même une évolution du climat qui impacte les conditions de vie des espèces, mais je pense que les conditions climatiques ne sont pas les principaux facteurs de perturbations de la croissance des existences forestières. Le principal facteur est beaucoup plus les actions anthropiques. Le prélèvement des espèces dans les écosystèmes ou les bois d’œuvre, le bois énergie et également l’extension des terres cultivables, sont autant de facteurs qui perturbent la croissance des écosystèmes.

  • Existe-t-il aujourd’hui des régions spécifiques au Bénin où les conditions climatiques sont plus favorables à l’exploitation du bois ?

Oui. Il ne s’agit pas de l’exploitation du bois mais de la production des plantations parceque si on crée des plantations cela voudra dire qu’on peut l’exploiter. Je veux m’intéresser à trois grandes zones.  La première, c’est le sud dans les hauteurs de Zogbodomè où la pluviométrie est très élevée et des plantations sont faites par l’Office National du Bois (ONAB) dans cette zone. La deuxième zone c’est le plateau où la pluviométrie à proximité du Nigéria devient de plus en plus élevée. C’est une zone prise d’assaut aussi par l’ONAB pour créer des plantations et d’ici 10 ans, 20 ans vous verrez les effets de ces plantations. La troisième zone, c’est la Donga, particulièrement les communes comme Bassila et à la limite comme Djougou. Dans cette zone, nous avons des plantations privées et des plantations de l’ONAB. L’administration forestière aussi a créée beaucoup de plantations dans ces zones qui sont très favorables et à la restauration des écosystèmes. Par contre, lorsque vous prenez la zone du nord, dans les communes comme Karimama, Malanville, Banikoara, ce sont des zones qui sont sous l’influence du Sahel où la période des pluies ne dépasse pas 2 ou 3 mois. Dans ce cas, les activités de reboisement sont un peu compliquées.  

  • Quels sont les principaux défis liés aux conditions climatiques pour l’exploitation du bois au Bénin ?

Pour les défis, les changements climatiques sont des phénomènes naturels et face à ces phénomènes, on doit faire la résilience, c’est-à-dire qu’il faut mettre en place des dispositifs pour faire face aux effets. La première recommandation est de poursuivre le reboisement des zones libres et d’encourager la création des plantations au niveau des privés. Il faut reconnaitre que l’Etat est en train de fournir un grand effort à ce niveau sur l’espèce l’Anacardier. Le cajou aujourd’hui, sur un plant qui coûte 500 FCFA environ, l’Etat subventionne jusqu’à hauteur de 400 F CFA et les propriétaires paient juste 100F CFA juste pour faire le reboisement. Il faut aussi encourager la création des plantations des essences à croissance rapide. L’Etat est en train de mettre en place beaucoup d’activités de reboisement à travers différents projets comme le projet des forêts classées (PFC) financé par la banque mondiale où près de centaines d’hectares sont reboisés au niveau de nos massifs forestiers. Au niveau des zones humides, avec le projet WACA financé toujours par la banque mondiale. Il y a donc en cours, la restauration de plusieurs superficies de mangrove dans la zone côtière.

  • Quelles sont vos suggestions ou recommandations pour améliorer l’exploitation du bois au Bénin compte tenu des conditions climatiques actuelles ?

D’abord, il faut améliorer le cadre juridique. Vous savez, la loi qui régit la forêt aujourd’hui date de 93 et le décret d’application date de 96, il y a donc eu du chemin. Il faut vraiment revisiter cette loi et son décret d’application pour l’adapter aux défis actuels. En dehors de cela, il faut améliorer la politique forestière et qu’il faut la rendre très opérationnelle. Il faut améliorer le cadre institutionnel. C’est vrai qu’il y a un effort qui est fait au niveau de l’administration forestière où nous avons aujourd’hui des cellules techniques d’aménagement forestier (CeTAF) qui s’occupent de l’aménagement et de la protection des forêts classées, mais il faut améliorer l’intervention de ces CeTAF. Il faut les sédentariser. Il faut les adapter aux défis actuels. Ainsi, il aura une pérennisation de l’action.

Propos recueillis et transcrits par Vanessa ZANNOU

Loading

314 Comments

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *