PROTECTION DES OCÉANS : Un enjeu mondial joué sous la surface
Culture du piment en milieu lacustre : Une production possible grâce à la pratique de la pépinière sur pilotis
De son nom scientifique capsicum frutescens, le piment est de la famille des solanacées et se cultive dans un sol léger, meuble, bien drainé et très riche en matière organique et à un endroit ensoleillé ; avec une température idéale se situant entre 15º et 28ºC.
Madeleine ATODJINOU
Le piment est une plante herbacée vivace originaire d’Amérique centrale. Au Bénin, ses variétés cultivées peuvent dépasser 0,80 m de hauteur. Le feuillage est fin et les fruits peuvent avoir une forme ronde, allongée ou conique et mesurer de 1 à 12 cm de long. Les piments les plus couramment cultivés au Bénin ont la particularité d’être piquants et parfumés. Ils résistent au transport s’ils sont sains (non attaqués par des ravageurs ou des maladies). On peut faire la pépinière en pleine terre, en pot, dans un jardin, sur un balcon ou sur pilotis. Dans les milieux semi-lacustres, comme la commune des Aguégués (dans la vallée), le piment est cultivé en contre-saison pour éviter que les plantes soient envahies par l’eau après le départ de la crue, qui dure de 3 à 4 mois.
Dans cette commune, la production de piment commence sur des pilotis, qui sont conçus pour porter le substrat sur lequel la plante grandit. Les producteurs ont adopté un système pour réussir la production de piment : le Système d’aménagement à haute intensité de mains-d’oeuvre (HIMO), qui permet de réaliser la confession et l’aménagement hydro-agricole à travers des outils locaux afin d’obtenir des plantes surélevées sur lesquelles se fait le repiquage. Avant de faire le repiquage, il est nécessaire d’appliquer la phase de pépinière, qui est la première étape de la procédure de production de piment.
Étant donné que c’est une zone lacustre, l’étape de pépinière se fait sur pilotis, par précaution contre l’inondation (la crue) sur une période d’un ou deux mois au maximum,
explique Nicanor HOUNGA, entrepreneur agricole et technicien agronome, spécialisé en gestion et production végétale et semencière. Pour cette première étape, il faut épandre les graines sur la pépinière, les couvrir et effectuer les entretiens nécessaires. Plus précisément, il s’agit de s’approvisionner en semences de qualité auprès des structures agréées, d’utiliser 15 à 20 g de semences pour une pépinière de 4 m2 afin de répliquer un champ de 400 m2, de fertiliser avant le semis avec 1 à 2 kg/m2 de fumure organique et/ou 30 à 50 g/m2 de DAP, de traiter le sol avec un nématicide insecticide, de semer en lignes espacées de 15 à 20 cm, de faire et de maintenir un paillage jusqu’à la levée pendant 5 à 8 jours après le semis, de désherber à la main régulièrement et d’effectuer deux binages, d’arracher soigneusement les plantules pour le repiquage de 21 à 35 jours après le semis, ce qui aboutit à l’obtention de jeunes plantes de un à deux mois.
Ensuite vient la fertilisation, qui doit tenir compte des besoins de la plante, des réserves du sol et de la dose économiquement acceptable pour le producteur. Elle comprend une fumure de fond et une fumure d’entretien.
Cependant, sur une nouvelle friche ou sur un sol alluvionnaire (tel que dans la commune des Aguégués) riche en matière organique, telles que les variétés locales (Adologbo, Tchombo, Elisée, etc.), n’ont pas besoin de fertilisants pendant leur premier cycle. Toutefois, par la suite et surtout sur les nouvelles friches, les cultures successives devront être fertilisées.
C’est après ces étapes que la récolte commence, et elle se fait de façon échelonnée, c’est-à-dire de manière hebdomadaire.
En résumé, il convient de reconnaître que le piment est l’une des filières agricoles les plus rentables au Bénin, et qu’il ne se cultive pas seulement dans les milieux ruraux, mais aussi dans les milieux lacustres ou semi-lacustres.