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PASTEQUE : Le transport et la conservation difficiles comme sources de lourdes pertes financières
Fragile mais prisée, la pastèque est un fruit qui séduit les consommateurs, mais dont son transport et sa conservation représentent un véritable casse-tête pour les commerçants. Entre transport difficile, manipulation délicate et conditions de conservation précaires, les pertes économiques s’accumulent.
Innocent AGBOESSI
« La pastèque, c’est bon, ça se vend vite, mais une petite erreur et tout est perdu », se plaint Véronique Kakpo, une vendeuse de pastèques sous le soleil brûlant du marché de Zè-Plaque, en désignant plusieurs pastèques endommagées dans son panier. En effet, ce fruit d’apparence robuste cache une fragilité qui représente un défi majeur pour les commerçantes.
La pastèque, malgré sa taille imposante et sa peau lisse, est un fruit particulièrement sensible. « Si on ne les manipule pas avec soin, elles se fissurent facilement », explique Dénise Ahovi, qui distribue des pastèques aux revendeurs. Les petites fissures sur la surface peuvent rapidement entraîner la détérioration du fruit, le rendant invendable.
Le transport des pastèques depuis les champs jusqu’aux marchés est une étape critique où les pertes commencent souvent. Les routes mal entretenues, associées à un transport inadéquat, jouent un rôle clé dans la détérioration du fruit. « Nous faisons de notre mieux, mais dès qu’une pastèque roule dans le véhicule, elle est presque foutue, surtout quand c’est mal disposé », admet Véronique Kakpo. En dehors du transport, plusieurs vendeuses soulignent le surplus d’engrais utilisé pendant la production. « Avant, les pastèques tenaient 15 jours sans problème, mais maintenant, l’utilisation excessive d’engrais fait que le fruit est encore plus fragile », a dévoilé Vodounbo Elodie, une vendeuse de pastèques depuis 16 ans.
Les pertes liées à la fragilité de la pastèque affectent directement les revenus des commerçants. Chaque fruit abîmé représente un manque à gagner qui peut mettre en péril la viabilité de leur commerce. Delphine Kéou raconte : « Il y a des jours où je rentre avec presque rien. Tout s’est abîmé sous la chaleur ou a été liquidé en dessous du prix initial. »
Pour compenser ces pertes, les producteurs et les commerçants doivent parfois augmenter les prix, rendant la pastèque plus chère pour les consommateurs, ou bien la liquider pour éviter de la jeter à la fin. « Parfois, les clients refusent d’acheter si c’est trop cher, et nous les liquidons, car tôt ou tard, ça va se gâter », explique Dénise Ahovi, qui estime que près de 30 % de sa marchandise se gâte avant même d’atteindre ses clients.
Cependant, certaines stratégies sont mises en œuvre pour limiter les dégâts. Plusieurs commerçants, dont Véronique Kakpo, ont commencé à collaborer avec des transporteurs plus expérimentés qui comprennent l’importance d’une manipulation délicate du fruit. D’autres, comme Delphine Kéou, essaient de vendre leurs pastèques directement aux clients dès leur arrivée sur le marché, réduisant ainsi la durée d’exposition à la chaleur. « Il faut être rapide et trouver des clients rapidement », dit-elle, soulignant l’urgence qui entoure la vente de ce fruit.
Une meilleure formation des transporteurs et des commerçants sur la manipulation des pastèques, ainsi qu’un retour vers l’agriculture biologique de la part des producteurs, pourrait également contribuer à améliorer la situation et minimiser ces pertes. La commercialisation de la pastèque reste un défi, mais avec des solutions adaptées, il est possible de limiter les pertes et de maximiser les profits.
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