CRÉDIT DE STOCKAGE : Un outil financier à double tranchant

Dans un contexte agricole où les incertitudes financières sont omniprésentes, le recours au crédit de stockage des denrées agricoles s’impose  comme une solution pour de nombreux agriculteurs. Toutefois, ayant recours à ce mécanisme de financement, ces derniers rencontrent bien des limites.

Un magasin de stockage d’oignons

Maëlle ANATO

Le crédit de stockage communément appelé warrantage est un système de financement permettant aux agriculteurs d’obtenir un crédit après proposition du stockage d’une partie de leur production comme garantie. Une fois le processus terminé,  l’agriculteur procède à la revente des produits stockés afin de rembourser le prêt.  Selon un rapport de l’organisation Agriculteurs Français et Développement International (AFDI) datant de janvier 2007, c’est un système répandu depuis plusieurs années dans de nombreux pays d’Afrique (Ghana, Ouganda, Mali, Niger, Bénin, Madagascar…). À travers ce crédit, les producteurs cherchent à mieux vendre leurs récoltes en les conservant au lieu de les vendre immédiatement, dans l’espoir d’obtenir un revenu plus élevé en période de hauts prix .C’est également un moyen d’augmenter la capacité de financement de la campagne agricole.

Quoique rentable en théorie et dans certains cas, l’acquisition d’un crédit de stockage expose les exploitants à plusieurs aléas. En effet, l’instabilité des prix des matières premières agricoles est un facteur de risque important. Lorsque les prix connaissent une baisse au lieu d’une augmentation, les agriculteurs se retrouvent avec une dette accrue et des produits dévalorisés. Chose réduisant ainsi leur possibilité de rembourser le crédit.

Un autre facteur de risque non négligeable est la qualité des infrastructures de stockage.  Certains entrepôts sont construits à partir de matériaux de fortune et ne disposent pas des technologies et appareils nécessaires. De ce fait, une conservation mal faite des récoltes peut être cause de moisissures,  d’infestations ou de pourriture. Outre ce risque, lorsque la durée de conservation s’étend au-delà des prévisions initiales, les agriculteurs sont souvent confrontés à des charges élevées associées au stockage.  Ce qui augmente malheureusement le coût total des dépenses.

En somme, bien que le crédit de stockage puisse apparaître comme une solution pratique pour maximiser les profits, il peut aisément se transformer en fardeau pour les exploitants agricoles. Pour cela, il est fondamental que les producteurs ayant recours au crédit de stockage soient mieux encadrés pour assumer les potentiels risques. Certaines spéculations étant plus sensibles que d’autres, il serait judicieux de procéder d’une part à un contrôle qualitatif et régulier durant tout le processus.  Enfin, il est nécessaire de suivre ces producteurs et de les conseiller au mieux sur les dates prudentes  de stockage et déstockage pour limiter toutes pertes.