Depuis le second semestre de l’année 2024, les prix des amandes de karité ont connu une hausse spectaculaire. Auparavant accessible à la majorité des ménages et des unités de transformation, cette ressource locale voit ses prix tripler en quelques mois.
Le prix bord-champ du karité béninois est passé de 150 FCFA/kg en août 2024 à plus de 450 FCFA/kg en octobre 2024. Sur certains marchés, le kilogramme est même vendu jusqu’à 490 FCFA.
Cette hausse s’est rapidement répercutée sur le marché de la transformation. Selon certaines sources du département de l’Atacora, le kilogramme de beurre de karité se vend aujourd’hui à près de 2 000 FCFA, contre 1 300 à 1 500 F CFA auparavant. Vendue autrefois à 25 F, la petite boule de beurre de karité, atteint désormais 50 F CFA, voire davantage pour une quantité réduite.
À en croire les acteurs de la filière, cette tendance s’explique surtout par les interdictions d’exportation du karité imposées par le Mali et le Burkina Faso. Étant deux poids lourds de la filière karité en Afrique de l’ouest, leurs décisions ont provoqué un report de la demande internationale vers le Bénin.
En conséquence, les commerçants et exportateurs étrangers achètent les noix brutes directement dans les villages, à des prix supérieurs à ceux proposés par les coopératives locales. Cela désorganise le marché intérieur et prive les transformateurs béninois d’un approvisionnement stable.
En outre, alors que le karité est un produit localement abondant et longtemps ancré dans les usages, il devient un luxe pour celles et ceux qui le produisent. Dans certains villages du Nord, consommer du beurre de karité est désormais perçu comme un marqueur de pauvreté. Dans les foyers modestes, il est remplacé par des huiles végétales retrouvées sur le marché et perçues comme plus modernes et accessibles.
Face à cette crise silencieuse, de nombreux acteurs de la filière appellent à une meilleure régulation des chaînes de valeur du karité au Bénin. Il est important de veiller au contrôle des exportations brutes, de renforcer les capacités de transformation locales. Enfin, la protection des stocks villageois
Lire aussi : Baké Tounkara Madeleine Lafia Mora nommée Secrétaire générale
Maëlle ANATO