MARCHÉ MONDIAL DES INSECTES COMESTIBLES

L'économie des insectes comestibles connaît une croissance rapide en 2025.

Une croissance à deux chiffres attendue entre 2025 et 2030

L’économie des insectes comestibles connaît une croissance rapide en 2025. Ce qui semblait un aliment d’exception devient un marché mondial en pleine explosion, soutenu par la recherche de protéines durables. Bien que tiraillée entre innovations industrielles, régulations européennes et adoption culturelle encore timide, la filière pourrait bien devenir l’un des piliers de la nutrition à l’horizon 2030.

    L'économie des insectes comestibles connaît une croissance rapide en 2025.

Selon le cabinet Grand View Research, la valeur du marché mondial des insectes comestibles atteindra environ 4,38 milliards USD d’ici 2030, contre 1,35 milliard USD en 2024. Ainsi, cela représente un taux de croissance annuel moyen d’environ 25 % sur la période 2025–2030. Cette expansion serait alimentée par plusieurs moteurs, dont la recherche de protéines alternatives face à la hausse de la demande mondiale et la nécessité de systèmes alimentaires plus durables.

En effet, les insectes sont riches en protéines, en acides aminés et en micronutriments. Ils nécessitent non seulement beaucoup moins de ressources que l’élevage conventionnel, mais leurs émissions de gaz à effet de serre sont également plus faibles. Outre ces atouts, la poudre d’insectes est aujourd’hui le format le plus consommé avec plus de 40 % du marché. Aussi, elle s’intègre facilement dans des produits transformés comme les barres protéinées, pâtes ou biscuits. Côté espèces, les coléoptères dominent en part de marchés (près de 32,9%) mais les criquets affichent la plus forte croissance prévue jusqu’en 2030.

L’Europe en première ligne quant aux réglementations

Via le règlement Novel Food, la Commission Européenne a autorisé plusieurs espèces telles que : le grillon domestique (Acheta domesticus) et le ver de farine jaune (Tenebrio molitor). Ces autorisations s’appuient sur les avis scientifiques de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), qui veille à la sécurité sanitaire. En janvier 2025, Bruxelles a donné son feu vert à la mise sur le marché d’une poudre traitée aux UV de Tenebrio molitor. Cette clarification réglementaire favorise l’essor du marché européen, annoncé comme l’un des plus dynamiques au monde. En Asie, la consommation d’insectes est plus ancrée culturellement en Thaïlande, en Indonésie, à Singapour. L’Amérique du Nord conserve pour sa part une avance en termes de revenus et d’investissements.

Entre espoirs industriels et déconvenues financières

Si le marché attire de nombreux investisseurs, la réalité économique est plus contrastée, car plusieurs pionniers rencontrent de graves difficultés financières. La firme française Ÿnsect, longtemps symbole de la filière, a dû placer une partie de ses activités en procédure de sauvegarde. De son côté, la canadienne Aspire Food Group, spécialisée dans l’élevage industriel de grillons, a été placée en recevabilité en 2025. Ces revers montrent que la filière reste fragile en raison des coûts industriels élevés, des incertitudes réglementaires persistantes hors d’Europe et de l’adoption encore timide des consommateurs dans certaines régions.

Un potentiel à structurer en Afrique de l’Ouest

La consommation des termites ailés, chenilles, criquets ou encore sauterelles font déjà partie des habitudes alimentaires dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Toutefois, cette consommation reste largement informelle, sans structuration industrielle. Au Bénin, quelques initiatives locales telles que Bénin Protéines émergent dans la recherche agricole et universitaire pour valoriser les insectes comme source de protéines et réduire la dépendance aux importations de produits carnés.

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L’absence de cadre réglementaire clair sur les insectes comestibles ; le manque de financements pour industrialiser la production ; la perception culturelle ambivalente sont autant de raisons qui limitent le décollement de cette filière en Afrique de l’Ouest bien que le potentiel soit réel. À l’heure où le marché mondial se structure, l’Afrique de l’Ouest pourrait se positionner en double rôle : valoriser ses traditions culinaires et devenir une zone de production compétitive pour des marchés exports. Pour le Bénin, investir tôt dans la recherche, la réglementation et l’éducation du consommateur pourrait transformer un atout culturel en filière économique porteuse.

 

Maëlle ANATO

 

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