L’industrialisation de l’Afrique a toujours été un refrain chanté depuis plusieurs décennies. Mais en réalité, plusieurs pays du continent ont régressé, voyant leurs secteurs manufacturiers fragilisés qui cèdent face à la concurrence mondiale, notamment chinoise. Dix ans en arrière, le Bénin a compris et a saisi les taureaux par les cornes. Aujourd’hui avec une zone industrielle qui fait parler d’elle à l’échelle mondiale, le pays assoit progressivement sa suprématie dans le secteur agro-industriel répondant aux défis d’emploi des jeunes et de transformation de ses propres matières premières.
Leçons des success stories africaines (l’île de Maurice, Botswana et Maroc en exemples)
L’île Maurice, aujourd’hui vitrine du tourisme de luxe et des services financiers, doit son ascension (d’une pauvreté persistante à un revenu intermédiaire supérieur) à l’essor du textile. Son PIB par habitant dépasse désormais 11 000 $. En suite, le Botswana, avec 7 200 $ par habitant, a tiré parti de ses diamants en concluant avec De Beers des accords favorisant la taille et le polissage sur place. Quant au Maroc, il a misé sur des infrastructures performantes, une main-d’œuvre qualifiée et la proximité de l’Europe pour développer ses industries automobile et aérospatiale compétitive. En Afrique de l’Ouest, le Bénin n’aspire qu’à suivre le même dynamisme.
Une décennie de transformation économique au Bénin
Depuis une décennie, le Bénin connaît une transformation économique sans précédent, portée par une politique volontariste d’industrialisation conduite par le gouvernement de la rupture… Le secteur agro-industriel, longtemps dominé par la production brute, est désormais le moteur de cette mutation. En moins de dix ans, le pays est passé du statut d’exportateur de matières premières à celui de champion continental de la transformation locale.
La Zone Industrielle de Glo-Djigbé, moteur d’une industrialisation ambitieus
Symbole de cette révolution, la Zone Industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ), inaugurée en 2021, concentre plus d’un milliard de dollars d’investissements et accueille des dizaines d’unités de transformation dans les filières du coton, du cajou, du textile et de l’agroalimentaire. À elle seule, la GDIZ a déjà permis la création de plus de 15 000 emplois directs, un chiffre appelé à tripler d’ici 2026 selon les projections officielles.
Le Bénin, premier producteur de coton en Afrique de l’Ouest, ne se contente plus de vendre la fibre brute. Grâce à l’initiative « Farm-to-Fashion » portée par le groupe ARISE Integrated Industrial Platforms et soutenue par l’État, 550 millions d’euros sont injectés dans la chaîne complète, c’est-à-dire, de la culture du coton à la confection de vêtements. Cette approche intégrée fait du Bénin l’un des rares pays africains à maîtriser toute la chaîne textile.
Anacarde, l’autre pilier de l’agro-industrie béninoise
Dans cette filière, les résultats sont tout aussi remarquables. Sur une décennie, la production nationale est passée de 80 000 tonnes à plus de 220 000 tonnes en 2024. Avec l’appui de programmes tels que BeninCajù de Technoserve et la Banque mondiale ainsi que la réorganisation des acteurs de la filière, le pays a triplé sa capacité de transformation et renforcé la valeur ajoutée locale. Le gouvernement est allé plus loin en interdisant l’exportation de noix de cajou brute, incitant les investisseurs à transformer sur place.
La GDIZ, meilleure Zone Industrielle d’Afrique
La Zone Industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ) vient de hisser encore plus haut le flambeau du Bénin sur la scène internationale. Développée et opérée par SIPI-BENIN S.A., un partenariat public-privé entre le Gouvernement du Bénin et ARISE Integrated Industrial Platforms (ARISE IIP), la GDIZ a été sacrée Meilleure Zone Industrielle d’Afrique aux fDi Global Free Zones of the Year Awards 2025, organisés par fDi Intelligence, une division du Financial Times spécialisée dans les investissements internationaux.
D’un autre côté, la GDIZ figure également au Top 10 mondial (7ᵉ place) et reçoit une mention honorable pour sa contribution au développement économique et social du Bénin. Trois distinctions prestigieuses qui consacrent la performance, la rigueur et la vision stratégique de cette zone industrielle emblématique.
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Selon fDi Intelligence, « la GDIZ est une zone opérant dans un contexte particulièrement exigeant, qui crée un nombre impressionnant d’emplois directs et apporte une contribution majeure au développement du Bénin ». Cette appréciation résume à elle seule la portée du modèle béninois de développement industriel fondé sur la transformation locale et la valeur ajoutée nationale.
Un modèle de développement industriel fondé sur la transformation locale et l’innovation
En effet, la GDIZ s’impose aujourd’hui comme un levier majeur de l’industrialisation durable du pays. À travers la transformation locale du coton, de la noix de cajou et du soja, elle favorise la montée en compétence des jeunes, la création d’emplois qualifiés et le transfert de technologies. Plus qu’une zone économique, la GDIZ est un véritable écosystème de croissance qui attire des investisseurs internationaux tout en stimulant les chaînes de valeur locales.
En se classant parmi les dix meilleures zones industrielles du monde, la GDIZ prouve que l’Afrique peut être une référence mondiale d’excellence et d’innovation industrielle. Une fierté nationale et un signal fort pour l’avenir industriel du continent.
Une nouvelle ère pour le Bénin
Aujourd’hui, le Bénin n’est plus seulement une terre agricole. Il est devenu une puissance agro-industrielle émergente, citée en exemple dans les rapports de la Banque mondiale et de fDi Intelligence. En dix ans, sous l’impulsion du président Talon, le pays a fait un bond historique vers l’autonomie économique et la transformation structurelle.
Jean-Baptiste HONTONNOU