Un problème maternel méconnu mais fréquent
De nombreuses femmes, après avoir donné la vie, souffrent en silence d’hémorroïdes du post-partum. Ce trouble douloureux, souvent passé sous silence, fragilise la santé maternelle. Entre causes, conséquences et solutions possibles, un état des lieux s’impose pour briser le tabou et mieux accompagner les mères.
Donner la vie est un bonheur immense, mais pour beaucoup de femmes, ce moment marque aussi le début d’une nouvelle épreuve. Après l’accouchement, certaines mères doivent affronter des douleurs intenses causées par les hémorroïdes du post-partum, un problème de santé méconnu et fréquemment négligé dans les soins postnatals.
Les hémorroïdes du post-partum résultent de plusieurs facteurs physiques liés à la grossesse et à l’accouchement. Selon la sage-femme Mardiyatou Boukari, « l’hémorroïde post-partum est la dilatation des veines au niveau du rectum et de l’anus. Pendant la grossesse, l’utérus prend du volume et exerce une forte pression sur ces veines. La constipation chronique, très fréquente chez la femme enceinte, et les poussées lors de la sortie du bébé provoquent cette dilatation. Être accroupie durant l’accouchement peut aussi en être une cause ».
Les symptômes et conséquences des hémorroïdes du post-partum
Sur le terrain, les symptômes sont nombreux : douleurs anales, saignements, démangeaisons, inconfort permanent. Ces maux perturbent la vie quotidienne des nouvelles mères, déjà éprouvées par les nuits blanches et les soins au nourrisson. En Afrique de l’Ouest, peu de femmes osent en parler. La pudeur et la honte freinent les discussions autour de ce trouble, considéré à tort comme un sujet gênant.
Les conséquences de ce silence sont sérieuses. En négligeant les hémorroïdes du post-partum, les mères risquent des complications plus graves : fissures anales, infections, difficultés de mobilité ou troubles émotionnels liés à la douleur. Dans plusieurs maternités du Bénin, le manque d’information et de suivi spécifique après l’accouchement accentue la souffrance. Les femmes repartent chez elles sans véritable accompagnement ni conseils adaptés.
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Des approches de solutions
Pourtant, les solutions existent et sont accessibles. D’après Mardiyatou Boukari, « pour éviter ou soulager les douleurs, il faut boire beaucoup d’eau pendant la grossesse, marcher régulièrement et éviter de rester trop longtemps assise. L’alimentation doit être riche en fibres, avec des fruits comme la banane, la carotte ou la pomme ». Ces simples habitudes favorisent une meilleure circulation sanguine et préviennent la constipation.
Un suivi médical régulier est également nécessaire. Dès l’apparition des symptômes, une consultation s’impose pour éviter l’aggravation. « Si une femme remarque les signes à la maison, elle doit venir immédiatement à l’hôpital. Il faut les conseiller, les écouter et surtout les suivre pendant la grossesse et après l’accouchement », recommande la sage-femme.
Au-delà des soins, c’est tout un travail de sensibilisation qu’il faut renforcer. Les hémorroïdes du post-partum ne sont pas une honte, mais une réalité médicale qui mérite attention. Parler ouvertement de ce trouble, former les personnels de santé et intégrer la prévention dans les consultations prénatales aideraient à protéger des milliers de mères.
Briser le silence autour des hémorroïdes du post-partum, c’est protéger la dignité des femmes et préserver leur santé après l’un des moments les plus importants de leur vie : donner la vie.
Innocent AGBOESSI


