ANALYSE DU SOL : « Une pratique à adopter pour obtenir des résultats durables », Helkias AKPOVI
L‘analyse de sol est une procédure qui permet de caractériser la composition et les qualités physico-chimiques d’un sol. Elle reste ainsi une grande nécessité pour tout producteur agricole qui souhaite réussir sur le long terme sa production. C’est ce qui fait l’objet de cet entretien avec Helkias AKPOVI, agronome en formation à la Faculté de Sciences Agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi.
Que comprendre par Analyse du sol?
Lorsqu’on parle de « l’analyse du sol », il s’agit de la détermination des caractéristiques physiques, chimiques et biologiques du sol afin d’évaluer sa fertilité et sa capacité à soutenir les besoins physiologiques des plantes. Donc, lorsque je parle de caractéristiques physiques, je fais référence à la détermination de la morphologie du sol, chimique pour la teneur en macro et micro nutriments ; et biologiques pour les organismes présents dans le sol.
Pourquoi est-elle nécessaire ?
L’analyse du sol est nécessaire pour identifier des besoins spécifiques en nutriments du sol afin de mieux subvenir aux besoins des plantes et de permettre une meilleure gestion des intrants agricoles, notamment des fertilisants.
Quels sont les avantages de cette pratique pour les agriculteurs et l’environnement ?
Faire recours à l’Analyse du sol est bénéfique sur deux volets.
Premièrement, aussi bien pour les producteurs que pour la population. En effet elle permet aux producteurs de produire en allouant le moins de ressources possible afin d’optimiser le rendement et ainsi, obtenir des cultures de meilleure qualité favorable pour nous, consommateurs.
Le deuxième volet est d’ordre environnemental. L’analyse du sol assure une gestion durable des terres. Elle favorise la protection de l’environnement, en limitant la pollution des sols, des eaux et permet également d’améliorer la santé des sols en suivant leur évolution, afin de prendre des mesures pour les préserver.
Quels risques cours les producteurs qui ne font pas recours à cette pratique ?
Ne pas faire recours à cette pratique expose nos producteurs à plusieurs inconvénients dont principalement l’appauvrissement du sol dû à une mauvaise gestion. Le sol aura tendance à se dégrader au fil du temps et aura des cultures de faible qualité sur le long terme. Pour combler le déficit, les producteurs auront ainsi tendance à dépenser assez de ressources pour la production sans nécessairement obtenir des cultures de meilleure qualité
Parlez-nous du processus de l’analyse du sol.
Le processus pour effectuer une analyse du sol peut être décomposé en trois étapes. La première, est la collecte des échantillons du sol. Il faut se rendre sur le terrain afin de prélever les échantillons nécessaires pour les analyses au laboratoire qui constitue la deuxième étape. Ces analyses consistent à effectuer une série de tests et de traitements en vue d’obtenir des mesures de différents paramètres qu’on veut évaluer. Autrement dit, il sera question de déterminer la texture du sol (la proportion de sable, de limon et d’argile), son alcalinité, sa teneur en matière organique, et en éléments nutritifs (l’azote, le phosphore et le potassium).
Enfin la troisième étape est l’analyse, qui consiste en l’interprétation des caractéristiques qui ont été déterminées sur les échantillons du sol prélevés. Il faut noter que l’analyse du sol peut nécessiter l’intervention de plusieurs spécialistes tels que: l’agronome, le microbiologiste, le géologue et le chimiste.
Existe-t-il une organisation autour de cette pratique dans l’agriculture béninoise ?
L’organisation de référence dans la pratique de l’analyse du sol est directement l’Institut National de Recherche Agricole du Bénin. On peut donc faire généralement recours à l’INRAB qui est un centre de recherche spécialisé dans plusieurs domaines, dont l’analyse du sol. En dehors de l’INRAB, nous avons également les laboratoires pédagogiques tels que celui de la Faculté des Sciences Agronomiques et de plusieurs autres écoles. En dehors de ceux-ci, on peut énumérer les laboratoires des institutions privées. En ce qui concerne l’État, la question est relative. Dans le but de l’élaboration de plusieurs projets, il y a certains cas où l’État assure ce rôle-là. Cependant, il n’y a pas une organisation spécialisée dans l’analyse du sol gouvernée par l’État.
Avez-vous un mot à l’endroit des producteurs agricoles, pour finir ?
Bon, à nos producteurs agricoles, je recommande vivement de faire recours à l’analyse du sol, puisqu’aujourd’hui, on est sujet à plusieurs enjeux, notamment liés à la forte croissance démographique, aux changements climatiques, à l’altération de l’environnement…C’est donc une pratique précieuse qu’il faut adopter, pour penser long terme et obtenir des résultats durables.
Propos recueillis par Madeleine ATODJINOU