CAJOU : Le revers d’un succès

L'équation est connue : pour nourrir les populations, il faut produire davantage. Et pour produire davantage, les pouvoirs publics subventionnent massivement les engrais chimiques.

Par Jean-Baptiste HONTONNOU

Au Bénin, la filière anacarde connaît un essor remarquable. C'est un fait indéniable. Grâce à un soutien institutionnel substantiel et à une demande croissante, tant locale qu'internationale, la production nationale pourrait dépasser les 225 000 tonnes cette année, ce qui représenterait une augmentation de 12%

Au Bénin, la filière anacarde connaît un essor remarquable. C’est un fait indéniable. Grâce à un soutien institutionnel substantiel et à une demande croissante, tant locale qu’internationale, la production nationale pourrait dépasser les 225 000 tonnes cette année, ce qui représenterait une augmentation de 12%.

Le pays aspire même à devenir un acteur prépondérant dans la transformation locale de la noix, générant ainsi de la valeur ajoutée et des emplois. C’est notamment le cas de la Zone Industrielle de Glo-Djigbé et de son infrastructure robuste. Une dynamique prometteuse, porteuse d’espoir pour de nombreuses familles rurales.

Cependant, derrière ce succès se dessine une préoccupation que plusieurs voix commencent à exprimer. Il s’agit des conséquences de l’expansion rapide des plantations, qui pourrait compromettre les écosystèmes forestiers. Dans certaines régions du nord et du centre du pays, des forêts galeries, des savanes boisées ou des terres autrefois consacrées à l’agriculture vivrière sont réorientées vers des monocultures de cajou. Ce phénomène engendre manifestement une pression foncière et une érosion progressive de la biodiversité.

Il ne s’agit nullement de contester les efforts de structuration de la filière anacarde, ni les avantages que les producteurs en retirent. Il s’agit plutôt d’appeler à la prudence. Un développement agricole durable repose sur un équilibre délicat entre production, préservation de l’environnement et gestion responsable des terres.

Face à cette réalité, il devient impératif d’encadrer l’expansion de la filière anacarde. Il est essentiel d’identifier les zones propices, de sensibiliser les producteurs à l’agroforesterie et de renforcer les initiatives de reboisement autour des plantations. Car, la réussite économique ne doit pas se réaliser au détriment du patrimoine naturel.

Alors, comment ériger une économie du cajou qui respecte les forêts et les équilibres locaux ? Voilà un défi collectif à relever, afin que la croissance d’aujourd’hui ne compromette pas les ressources de demain.

Lire aussi : Nourrir la plante ou sauver la terre ?

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