« Un tueur silencieux qui ne se manifeste pas », Dr David Loko, Chirurgien Urologue – Andrologue
Le cancer de la prostate évolue souvent sans symptômes, ce qui rend le dépistage précoce indispensable pour protéger la santé des hommes. Dans un entretien accordé à notre rédaction, Dr David Loko, Chirurgien Urologue – Andrologue est revenu sur les symptômes, les facteurs de risque et l’importance de se faire dépister à temps.
Qu’est-ce que la prostate ?
Le cancer, ce sont les cellules d’un organe qui commencent à se modifier et à se multiplier de façon anarchique. Cette multiplication produit des cellules que l’organisme ne reconnaît pas, et elles commencent à attaquer les autres systèmes du corps. C’est donc une prolifération anarchique des cellules de la prostate qui agressent d’autres systèmes : c’est ce qu’on appelle le cancer de la prostate.
La prostate, il faut garder à l’esprit que c’est un organe qui existe uniquement chez les hommes. Elle fait partie du système sexuel et, comme tout autre organe, elle peut être sujette à des maladies. Parmi ces maladies, on retrouve notamment les infections urinaires, l’adénome de la prostate appelé dans notre jargon hypertrophie bénigne de la prostate, ou encore le cancer. Le cancer de la prostate, dans 90 % des cas, évolue sans symptômes. C’est ce qu’on appelle un tueur silencieux : il ne se manifeste pas.
Lorsque les symptômes apparaissent, cela signifie généralement que la maladie est déjà à un stade avancé. Il faut garder à l’esprit que la prostate est située sur deux voies : les voies urinaires et les voies sexuelles. Donc, si des symptômes apparaissent, ils peuvent être urinaires, sexuels, ou les deux.
Le cancer de la prostate présente-t-il toujours des symptômes et quels sont les symptômes urinaires possibles ?
Pour les symptômes urinaires, on peut retrouver quelqu’un qui se réveille plusieurs fois la nuit pour uriner (plus de deux ou trois fois), une sensation de rétention d’urine, une difficulté à participer à une réunion sans devoir sortir pour uriner sous peine de fuite, une impossibilité totale d’uriner, des urines sanglantes ou encore des brûlures urinaires.
Sur le plan sexuel, le patient peut perdre son appétit sexuel, ressentir une fatigue sexuelle ou présenter une dysfonction érectile. Ce sont quelques-uns des symptômes du cancer de la prostate. Ils ne sont pas spécifiques : on peut aussi les retrouver dans les infections de la prostate ou dans l’adénome de la prostate.
Le cancer de la prostate peut-il être guéri ?
Ce ne sont donc pas des signes exclusifs du cancer. Le dépistage est très important ; c’est même la phase la plus essentielle. Lorsque le dépistage est fait tôt, on détecte la maladie à un stade précoce et les chances de guérison sont plus élevées. Le dépistage peut commencer à 45 ans chez les personnes dont les parents de premier degré (père, oncle) sont décédés du cancer de la prostate, ou dont la mère ou la tante est décédée d’un cancer des ovaires ou d’un cancer du sein. Pour ceux qui n’ont pas ces antécédents, il peut débuter à partir de 50 ans.
Ce dépistage se fait par un examen clinique, un toucher rectal et un dosage du PSA, l’antigène spécifique de la prostate. Ces examens peuvent être réalisés chaque année où tous les deux ans selon les cas. Le dépistage permet un diagnostic précoce et donne toutes les chances de guérison au patient. Il faut garder à l’esprit que le cancer de la prostate peut être guéri. C’est d’ailleurs l’un des rares cancers dont la guérison est possible, du Bénin à la Chine ou aux États-Unis, si le dépistage est fait tôt.
Quels sont les facteurs de risque du cancer de la prostate ?
Les causes de risque du cancer de la prostate sont de deux types : modifiables et non modifiables. Les facteurs non modifiables sont l’âge, plus on avance en âge, plus le risque augmente, les antécédents familiaux, et l’ethnie puisque certaines ethnies sont plus exposées que d’autres. Les facteurs modifiables sont le tabac, l’alcool, la sédentarité, l’obésité et l’exposition à certains produits chimiques comme le chlordécone. Agir sur ces facteurs permet de réduire le risque de développer un cancer plus tard.
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Quels traitements sont disponibles au Bénin ?
Concernant le traitement, il faut savoir que le cancer de la prostate est classé par stades et selon la phase d’évolution. Lorsqu’il est à un stade débutant, les chances de guérison sont très élevées. Ce traitement est disponible au Bénin : soit par la chirurgie consistant à enlever complètement la prostate, soit par la radiothérapie, qui devrait bientôt être disponible à l’Hôpital International de Calavi (CHIC).
Pour les cancers localement avancés ou métastatiques, les chances de guérison sont plus faibles. Mais au Bénin, la chimiothérapie est disponible ainsi que les différentes chirurgies nécessaires pour désobstruer les voies urinaires. Tous les soins essentiels au traitement du cancer de la prostate sont donc disponibles dans le pays.
Un mot pour finir
Il faut garder à l’esprit que le mois de novembre n’est pas uniquement consacré au cancer de la prostate, mais à la santé masculine en général. Les hommes doivent prendre soin de leur santé, car sans des hommes en bonne santé, il ne peut y avoir de société développée.
Vignon Justin ADANDE


