CERTIFICATION BIO SPG AU BENIN

Au cœur de la promotion de l’agriculture biologique au Bénin, le label Bio SPG (Système Participatif de Garantie) s’impose comme une alternative locale, solidaire et accessible aux certifications des produits

Au cœur de la promotion de l’agriculture biologique au Bénin, le label Bio SPG (Système Participatif de Garantie) s’impose comme une alternative locale, solidaire et accessible aux certifications des produits. Dans cet entretien accordé à votre journal, Edgar Maxime DEGUENON, Consultant et Président du Conseil d’Administration du Réseau National des Initiatives Agro Écologiques, Biologiques, Participatives et Équitables du Bénin (RENABIO BÉNIN), revient sur les spécificités de ce label, les avantages pour les producteurs et consommateurs, les défis à relever, ainsi que les ambitions portées par le réseau pour un avenir plus vert et durable.

Au cœur de la promotion de l’agriculture biologique au Bénin, le label Bio SPG (Système Participatif de Garantie) s’impose comme une alternative locale, solidaire et accessible aux certifications des produits

Qu’est-ce que le label Bio SPG et en quoi se distingue-t-il des certifications classiques ?

Le label Bio SPG (Système Participatif de Garantie) est une marque collective de certification des produits cultivés ou transformés selon les normes de production biologique. C’est un système de certification participatif qui implique tous les acteurs d’un terroir ou d’un pays, à commencer par les producteurs eux-mêmes, mais aussi les consommateurs et les autres acteurs engagés dans le développement de l’agriculture biologique et écologique. Le système de certification BioSPG repose sur une approche participative. Les autres formes de certification biologique existantes sont des certifications dites « tierce partie ».

Quels sont les principaux avantages du SPG pour les producteurs et les consommateurs ?

Comme avantage, Le label Bio SPG se distingue de la certification tierce partie par le fait que tout le dispositif est conçu localement. Le cahier des charges, le guide de certification, le règlement intérieur et les outils de traçabilité sont élaborés au niveau régional ou national par des experts et des acteurs du terroir ou du pays.

De plus, concernant le champ d’application, la certification Bio SPG s’applique à l’échelle de l’exploitation entière, tandis que la certification tierce partie s’applique généralement à un seul produit. Autrement dit, si votre exploitation mérite la certification, ce n’est pas seulement le soja par exemple qui est certifié, mais aussi les autres cultures associées ou en rotation, comme le palmier à huile, l’oranger ou d’autres plantes, à condition qu’il n’y ait pas usage d’intrants de synthèse. Tous ces produits peuvent alors être valorisés comme issus de l’agriculture biologique SPG. Cela constitue un premier avantage. Un deuxième avantage, c’est que la certification Bio SPG est moins coûteuse que la certification tierce partie.

Comment le SPG a-t-il été introduit et développé au Bénin ?

Le système participatif de garantie (SPG) a été introduit au Bénin à l’initiative de la société coopérative AMAP Bénin (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne du Bénin), avec l’appui de HELVETAS Swiss Intercooperation, une ONG suisse. L’initiative remonte aux années 2010. Suite à la demandede AMAP Bénin, des dispositions ont été prises pour mettre en place progressivement tous les outils nécessaires, avec l’apport des partenaires et acteurs mobilisés autour.

Les premiers pas ont été faits en 2010. Les cahiers des charges, les guides, les fiches de traçabilité ont été élaborés graduellement, et le processus a été expérimenté une première fois. Cela a abouti à la remise des premiers certificats et mentions SPG aux maraîchers biologiques membres d’AMAP Bénin, en décembre 2014.

En effet, cette initiative a d’abord concerné quatre communes du sud du Bénin : Sèmè-Podji, Ouidah, Kpomassè et Tori. D’autres acteurs se sont ensuite intéressés au processus, le soja dans les communes d’Abomey, Agbangnizoun, Savalou, N’dali et Dassa. Récemment, le maïs violet, le manioc et ses produits dérivés sont également en cours de certification.

Quels obstacles freinent encore la généralisation de l’agriculture biologique au Bénin ?

Parmi les difficultés rencontrées, on peut citer l’accès limité aux intrants organiques : leur diversité et leur coût posent un problème. Les intrants organiques ne sont pas encore suffisamment disponibles pour toutes les spéculations. Il existe aussi un faible niveau de prise de conscience chez les consommateurs béninois. Certains souhaitent consommer sainement, mais ne sont pas encore prêts à payer la plus-value liée aux efforts faits par les producteurs pour respecter l’environnement.

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Quelles sont les ambitions du réseau RENABIO et les perspectives d’appui de l’État ?

Au niveau du réseau constitué, notamment la faîtière RENABIO, un cahier des charges est déjà disponible pour accompagner les acteurs dans les domaines de la production végétale, la transformation agroalimentaire, le miel et les champignons. Toutefois, nous recevons de nombreuses sollicitations pour étendre la certification à d’autres spéculations : escargots, lapins, poulets bicyclettes, etc. À ce jour, il n’existe pas encore de cahier des charges pour les productions animales et aquacoles, ce qui constitue une difficulté.

Sur le plan des ressources humaines, nous manquons de personnel technique. RENABIO regroupe des producteurs et des transformateurs, mais la gestion quotidienne nécessite du personnel qualifié et disponible, ce que nous n’avons pas encore.

Aviez-vous le soutien du gouvernement ?

En réalité, il est important de reconnaître que le gouvernement béninois, sous la présidence de Patrice Talon, manifeste de plus en plus de volonté politique pour soutenir l’agriculture biologique et l’agroécologie. Depuis quelques années, une semaine de l’agroécologie est organisée chaque année, avec des colloques, des foires de produits bio, etc.

De plus, dans la Loi d’Orientation Agricole de 2022, l’État a clairement inscrit la nécessité d’appuyer la labellisation des produits et la valorisation des signes distinctifs.Toujours sous l’impulsion du chef de l’État, un document stratégique national de développement de l’agriculture biologique et écologique a été élaboré et validé en 2022. Ce document est actuellement en cours de mise en œuvre.

Est-ce que le label SPG est reconnue à l’internationale ?

Le label SPG est reconnu à l’échelle internationale, bien qu’il ne permette pas encore d’exporter d’un continent à un autre. Toutefois, des initiatives similaires se développent progressivement, notamment en Asie. Il existe aujourd’hui plus de 150 initiatives SPG à travers le monde, en Afrique, en Asie, en Europe, en Océanie, et même au Brésil, où le SPG est officiellement reconnu comme un outil de certification des produits biologiques.

Quelles sont vos prochaines ambitions ?

Nos ambitions, en tant que réseau RENABIO Bénin, sont de renforcer notre présence dans toutes les communes du Bénin et de diversifier les produits biologiques disponibles pour les consommateurs. Nous voulons que chaque citoyen puisse trouver dans les boutiques spécialisées une large gamme de produits locaux, conformes aux normes biologiques.

Nous souhaitons aussi accroître la part de marché des produits bio béninois aux niveaux national, régional et international. Enfin, nous aspirons à accompagner l’État béninois dans la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement de l’agriculture biologique et écologique.

Après 15 ans de mise en œuvre, il est désormais temps de mettre à jour nos outils : cahiers des charges, guides, règlements et autres dispositifs doivent être actualisés pour répondre aux réalités actuelles. Une feuille de route est en cours d’élaboration pour planifier les actions à venir avec des responsabilités précises.

Mot de fin 

Nous remercions les consommateurs béninois qui font déjà confiance à nos producteurs et transformateurs. Nous remercions aussi l’État béninois pour les efforts déjà consentis, tout en espérant que l’accompagnement s’intensifie, notamment pour faciliter l’approvisionnement en intrants organiques et encourager les achats institutionnels.

Réalisé par Vignon Justin ADANDE

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